« Sans Jésus, je ne pourrais pas faire ma mission »

Heidi Baker, missionnaire et visionnaire engagée, s’appuie sur l’amour de Jésus pour transformer des vies brisées depuis cinquante ans. Cette Américaine née en 1959 et immigrée au Mozambique revient sur sa conversion, son appel à la charité et ses défis avec son association Iris Global.

Heidi Baker © Droits réservés
Comment Jésus est-il entré dans votre vie ?

Heidi Baker : Tout a commencé lorsque j’étais étudiante dans le cadre du programme American Field Service. À 16 ans, je travaillais dans une réserve amérindienne des Choctaws au Mississippi. Un jour, on m’a invitée à une réunion de réveil. J’étais curieuse de voir de quoi il s’agissait, alors j’y suis allée. Pour la première fois de ma vie, j’ai entendu l’Évangile. Je me suis agenouillée devant l’autel, j’ai levé les mains et j’ai commencé à prier. Je savais que j’avais besoin d’être sauvée. Le lendemain soir, je suis allée dans une autre église où l’on parlait de l’Esprit Saint. De nouveau, la puissance de Dieu m’a frappée. Tout est devenu noir comme jamais, puis une lumière a explosé. Je me rappelle être tombée au sol et avoir commencé à parler dans d’autres langues que je ne connaissais pas. Maintenant, je sais que ce sont des langues célestes. J’étais remplie de l’Esprit Saint. J’ai été baptisée cette nuit-là et j’ai vécu une deuxième naissance. Cinquante ans plus tard, je suis toujours follement amoureuse de Jésus. Il a gagné mon coeur et je suis tellement reconnaissante de le connaître comme mon Seigneur et mon Sauveur…

 

Un jour, il vous a adressé un message...

Oui ! J’étais à l’église quand le Seigneur s’est adressé à moi directement : « Tu es appelée à être missionnaire en Afrique, en Asie et en Angleterre. » Ce jour-là, j’ai dit oui au Seigneur et tout a changé pour moi. J’ai fini l’université, puis j’ai rencontré mon époux, Rolland, en 1979. J’avais vingt ans. Rolland est un missionnaire de la troisième génération qui est né et a grandi en Chine.

 

C’est avec lui que votre aventure missionnaire a débuté.

Exactement. L’année suivante, mon mari et moi fondions notre association missionnaire : Iris Global. En 1985, nous avons été tous les deux ordonnés après avoir terminé une licence et une maîtrise à l’université des études bibliques. Puis, avec nos deux jeunes enfants, nous avons quitté les États-Unis pour nous installer en Asie, conformément au message du Christ. À Hong Kong, nous avons choisi l’un des quartiers les plus défavorisés pour nous installer dans un immeuble sombre, au neuvième étage. Nous sommes restés douze ans en Asie, et je peux vous dire qu’en tant que missionnaire j’ai vu Dieu faire des miracles.

 

Que s’est-il passé ensuite ?

Notre organisation a évolué. Aujourd’hui, elle regroupe plus de 2 000 missionnaires et bénévoles au service de 73 centres ministériels dans 37 pays. En 2023, Iris Global a nourri plus d’un million de personnes dans le monde avec notamment du riz, des haricots, de l’huile, et nous fournissons aussi des produits de base comme du savon et des vêtements.

 

Quel parcours ! Rappelons aussi que, depuis 1995, vous êtes installés au Mozambique.

À l’époque, c’était le pays le plus pauvre du monde, et Dieu nous y a appelés. Je me rappelle que, deux jours après notre arrivée, on a pris en charge un orphelinat délabré avec 80 enfants. La nourriture était rare, les quartiers d’habitation étaient austères et les soins médicaux quasi absents. Les abus physiques et sexuels étaient fréquents. La situation semblait désespérée sans une intervention divine… Ma vocation était mise à l’épreuve. J’étais prête à abandonner lorsque j’ai vu le visage de Jésus dans une vision : cela m’a donné une force surnaturelle. Aujourd’hui, l’orphelinat est responsable des soins quotidiens de plus de 600 enfants.

 

Quels ont été vos autres succès sur place depuis trente ans ?

Grâce à notre ministère, nous avons amélioré les conditions de vie avec l’installation de forages de puits, des cliniques de santé gratuites, des programmes alimentaires et des industries artisanales. Nous avons construit cinq écoles bibliques, trois écoles primaires et secondaires (avec plus de 3 500 enfants) et une université. Nous avons maintenant plus de 5 000 églises au Mozambique, dont 700 dans la province du Cabo Delgado, dans le nord-est du pays. J’ai vu des transformations extraordinaires, de nombreux miracles, comme des sourds et des aveugles qui recouvrent l’ouïe et la vue après de longues prières. Ces dernières années, environ 99 % des sourds des tribus Makua et Makonde ont été guéris. Le gouvernement a même déclaré que cette partie du Mozambique, autrefois musulmane, est désormais chrétienne.

 

Votre mission est-elle accomplie ?

Il y a toujours plus de gens affamés, plus de malades, plus de prisonniers, de personnes qui ont besoin de vêtements ou d’abri. On ne peut pas répondre à tous les besoins ; mais on peut se connecter au coeur de Jésus, afin d’être ses mains et ses pieds quand il souhaite que nous apportions une parole d’espoir à quelqu’un, quelle qu’en soit la forme.

 

Le danger règne encore au Mozambique… Cela vous fait-il peur ?

Depuis les agressions qui se sont intensifiées en octobre 2017, plus de 700 000 personnes ont fui la province du Cabo Delgado. Des terroristes ont établi la charia, les insurgés ont commis des atrocités comme brûler des maisons, des cliniques, des églises et une base de notre association Iris. Pire encore, ils tuent des chrétiens. Je ne veux pas mettre nos cliniques et nos écoles en danger, mais je ne veux pas m’arrêter. Nous aimons ces gens. Nous sommes dans une zone de guerre, mais Dieu est là, que nous vivions ou que nous mourions.

 

Comment gardez-vous espoir ?

Grâce à la foi ! Mon coeur a été conquis par le Seigneur. Sans Jésus, je ne pourrais pas faire ma mission humanitaire avec mes seules forces. Il est notre source et notre vie. C’est lui qui met l’amour et la compassion dans nos coeurs. Le désir de donner sa vie pour les autres vient de Dieu. Ma foi est au centre de tout ce que je fais et de tout ce que nous faisons en tant qu’association humanitaire. Sans elle, il est impossible de plaire à Dieu.

 

Dans votre travail, y a-t-il une rencontre particulière qui vous a marquée ?

Le Seigneur a dit que tous les êtres humains sont créés à son image. Aussi, quand on voit quelqu’un, on peut littéralement voir le Seigneur en lui. Cela change tout. Je me souviens de cette petite fille, Béatrice. Ses yeux étaient rouge sang, des mouches s’y collaient, son ventre était gonflé par la malnutrition, elle portait des vêtements déchirés. Quand je l’ai vue, j’ai senti que le Seigneur me regardait à travers elle et me disait : « Tout ce que tu fais au plus petit d’entre les miens, c’est à moi que tu le fais » (Mt 25,40). Cette rencontre a changé ma vie. Je l’ai prise dans mes bras, je l’ai aimée et, aujourd’hui, elle a terminé ses études et est devenue enseignante. Les médecins disaient qu’elle ne survivrait pas, mais elle est en vie : l’amour a triomphé.

 

La charité a-t-elle un avenir selon vous ?

Si chaque croyant s’arrêtait pour quelqu’un dans le besoin, alors il n’y aurait plus d’orphelins sur la planète. Tous les enfants trouveraient un foyer aimant. Il n’y aurait plus de famine… Oui, j’ai foi en cela, je crois que les yeux et les oreilles s’ouvriront et que nous serons les mains de Dieu sur cette terre. J’ai le désir de voir les enfants de Dieu s’entendre les uns avec les autres, faire tomber les barrières et abandonner toute forme d’hostilité pour enfin se respecter, se valoriser et collaborer.

 

Quelle sera la place d’Iris Global ?

Pour notre association, je ressens un appel fort à oeuvrer dans des zones sinistrées (par des tremblements de terre, des incendies, des inondations, des cyclones) et des zones de guerre, comme au Moyen-Orient. Personnellement, je suis convaincue d’être appelée à passer davantage de temps en solitude. Cela peut sembler à l’opposé de ce que je dis depuis le début, mais c’est dans cette solitude, en étant face au Seigneur, que je peux aller vers les autres.

 

Plus d’informations sur l’association : www.irisglobal.org/.

Propos recueillis par Octavie Pareeag

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