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Prière et santé : les liaisons vertueuses

L’oeuvre tout entière d’Hildegarde est une illustration de la nécessité et de l’efficacité de la prière pour garder

une bonne santé. Une thèse confortée récemment par… la science !

VISION DE L’HOMME SELON HILDEGARDE

D’après cette sainte docteur de l’Église, l’homme a été créé au centre du monde, connecté à tous les éléments au milieu desquels le Créateur l’a placé. Mais, chassé du jardin d’Éden, il ne sait plus vivre en harmonie avec la création.

Par ailleurs, l’homme est composé de trois parties indissociables :

  • le corps, lié au cosmos ;
  • l’esprit, lié aux pensées et aux émotions ;
  • l’âme, liée au divin, à la prière et à la contemplation.

La sainte nous explique dans ses écrits que l’âme est si profonde qu’elle « prend possession de tout le corps dans lequel elle existe, pour accomplir son oeuvre » (Scivias). Ainsi, l’homme, « clôture des merveilles de Dieu », est un tout.

 

LA SANTÉ SELON HILDEGARDE

La santé est le fruit de l’harmonie entre le corps, l’esprit et l’âme. Il est donc essentiel de garder en bonne santé ces trois dimensions qui constituent notre être, c’est-à-dire de veiller à ce qu’elles restent conformes à leur fonction initiale. L’interdépendance entre l’âme, le corps et l’esprit est connue aujourd’hui. Si le corps souffre, il perturbe l’âme et l’esprit, et si l’esprit est malade, le corps et l’âme en ressentent les effets. « Chaque fois que le corps de l’homme agit sans discernement en mangeant ou en buvant, les énergies de l’âme s’en trouvent brisées » (Livre des oeuvres divines). Ainsi, qui est capable de bien prier, encombré par un repas trop riche ou trop alcoolisé ? La sobriété des régimes dans les monastères a sans doute à voir avec cela : « Lorsque l’âme et le corps fonctionnent en excellente harmonie, ils reçoivent en suprême récompense la santé et la joie », nous avertit l’abbesse.

 

SOIGNER SELON HILDEGARDE

En lien avec sa vision de l’homme, du monde et sa définition de la santé, les remèdes et les conseils qu’elle dispense constituent donc des remèdes à la fois pour le corps, l’âme et l’esprit : des règles de vie et de conduite qu’elle recommande d’observer pour ne pas tomber ou retomber dans la maladie. Bénédictine, Hildegarde, avec ses soeurs religieuses, vivait chaque jour les prières de l’office divin selon saint Benoît. Elle ajoutait à cela la rédaction de poèmes et de prières.

Lisons ce que Pierre Monat, traducteur de la Physica (1988), nous dit dans son introduction : « Hildegarde applique, aux éléments comme à l’homme, les notions préhippocratiques de froid et de chaleur, le premier représentant pour elle les forces matérielles et leur pesanteur, la seconde les forces spirituelles de l’âme et leur élan sublime. Elle établit dès lors de subtiles correspondances entre la nature des divers éléments (chauds ou froids) et leurs vertus, de multiples dosages entre leurs vertus et le "terrain" humain sur lequel on en fera usage. Dans cette harmonie, l’abbesse voit l’oeuvre de Dieu et elle rappelle en de multiples occasions que toute intervention dans cette partition ne peut se faire qu’avec l’aide, ou du moins la permission divine. L’équilibre des humeurs ne peut se rétablir que si Dieu le veut ainsi. C’est pourquoi un certain nombre de cures doivent être complétées par la prière. Hildegarde en propose des modèles : il ne s’agit pas de for-mules magiques, mais de véritables oraisons de structure tradi-tionnelle dans la liturgie chrétienne : c’est dans une authentique prière chrétienne que l’homme trouvera l’appui indispensable pour que son action dans le monde rejoigne la volonté divine. »

 

RÉCUPÉRATION NUISIBLE

Depuis quelques décennies, les écrits médicinaux d’Hildegarde sont l’objet de récupérations par des courants du « bien-être » ou de l’ésotérisme qui laissent soigneusement de côté le fond spirituel et catholique de l’oeuvre de la sainte, afin de considérer ses remèdes comme relevant de la magie.

 

SEULE LA VOLONTÉ DE DIEU COMPTE

Au chapitre sur la goutte (nous dirions aujourd’hui « rhumatisme »), dans son Causae curae, Hildegarde exprime clairement la soumission de toutes choses à la volonté de Dieu : « Les hommes qui ont des chairs molles et percées de trous [...] sont souvent frappés de la maladie appelée goutte. Car, chez ceux qui ont des chairs molles, les humeurs mauvaises, sous l’effet des libations excessives, frappent brusquement un des membres et le déchirent... Et ces humeurs mettent en pièces les membres sur lesquels elles s’abattent, si elles n’en sont pas empêchées par la grâce de Dieu et l’esprit de vie qui se trouvent en l’homme. » Notons que les remèdes et les prières ne seront efficaces que si telle est la volonté de Dieu qui agit toujours en vue d’un plus grand bien ; et la maladie peut être en vue d’un plus grand bien.

 

QUE NOUS DIT LA SCIENCE ?

Les progrès dans la connaissance du cerveau nous ont aussi appris qu’il fonctionne, entre autres, via des neurotransmetteurs qui as-surent la communication entre les neurones et envoient des messages dans tout le corps. L’un d’eux, la sérotonine, est reconnu comme le neurotransmetteur du bien-être. Le taux de sérotonine est en grande partie lié à notre alimentation, à l’exposition à la lumière, à l’activité physique, au rire et… à la prière et à la méditation ! Un taux suffisant de sérotonine rend l’homme joyeux et en équilibre.

Selon des études scientifiques, la méditation et la prière induisent des changements psychologiques et biologiques orientés vers une meilleure santé : baisse de la pression artérielle et de la fréquence cardiaque, ainsi qu’une meilleure synchronisation cardiorespiratoire. Elles peuvent améliorer l’estime de soi, favoriser les états de bonne humeur, réduire la douleur et le stress. Les expérimentateurs ayant mené ces études ont noté que la méditation spirituelle s’est avérée supérieure à la méditation laïque (sic). Certaines études ont observé que des pratiques spirituelles régulières, comme la prière, augmentent les niveaux d’anticorps et permettent de prévenir certaines maladies. « Tout ce que vous demanderez dans votre prière avec foi, vous l’obtiendrez » (Mt 21,22).

Évelyne Duplessix

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