Un témoignage venu des catacombes chinoises

La lettre d’un prêtre de « l’Église clandestine » chinoise donne un aperçu glaçant de la situation du clergé local. Il s’agit de l’un de ceux qui appartiennent à ce que l’on appelle communément « l’Église clandestine », qui se maintient autant que possible à l’écart du gouvernement communiste chinois. Or, ce prêtre voit les pressions grandir pour qu’il s’enregistre, devenant par le fait même membre de l’Église reconnue officiellement par l’administration chinoise.
Cet enregistrement, qui devrait en principe se réaliser en respectant la « liberté de conscience » et la « loyauté dans la foi » - selon les accords signés entre le Vatican et le gouvernement chinois en 2018 - s’accompagne, dans les faits, d’une longue série de contraintes. Ceux qui se soumettent à cet exercice constatent que leur activité de pasteur est entravée. Les sermons doivent éviter les sujets sensibles comme la question de l’autorité du Pape ou l’Universalité de l’Église, les persécutions contre l’Église ou encore l’existence de l’Église souterraine de Chine. Les églises sont équipées de caméras, des agents de l’administration assistent aux offices, et il leur arrive même d’intervenir lors des sermons.
Ces prêtres doivent en particulier se montrer prudent lorsqu’ils abordent la pastorale des jeunes. Depuis quelques années, le Parti a réactivé une loi de 2013 qui interdit la participation de la messe aux mineurs et l’interdiction du catéchisme. Et dans la même logique, il entrave tout ce qui peut contribuer à la transmission de la foi. Les prêtres enregistrés doivent obtenir l’approbation des autorités pour toute activité, tout enseignement à l’attention des jeunes. Enfin, les prêtres savent que la question des vocations sacerdotales des adolescents demeure un tabou absolu.
Le prêtre qui témoigne anonymement ajoute que l’enregistrement lui-même n’est pas acquis une fois pour toutes auprès de l’administration. Il faut le renouveler régulièrement et il s’accompagne de démarches impératives épuisantes. Les prêtres enregistrés doivent assister à des réunions d’étude politiques, posséder des livres de « vertus socialistes », accepter la logique de la sinisation de la religion, coopérer au démantèlement des croix visibles depuis l’espace public, afficher le drapeau du pays dans les lieux de culte etc.
Enfin, les prêtres qui acceptent de s’enregistrer - c’est une démarche théoriquement libre - se retrouvent dans une situation ambiguë. Beaucoup de catholiques les considèrent comme des traitres en puissance et se détournent d’eux, alors qu’ils ont agi par esprit d’obéissance, sans toujours mesurer l’emprise du Parti « Ils se retrouvent comme seuls sur une île déserte », regrette l’auteur de la lettre. « Leur identité religieuse cesse d’être claire et ils peuvent ressentir une perte de sens, du doute et une stagnation dans leur croissance spirituelle. Ils risquent de devenir à terme des prêtres formalisés et institutionnalisés, dépourvus de leur rôle prophétique », redoute-t-il.
À l’origine, les accords signés en 2018 entre la Chine et le Vatican n’intégraient pas l’enregistrement des prêtres mais seulement celui des évêques. L’enregistrement des prêtres était laissé à leur libre arbitre. Mais les pressions qu’ils subissent les confrontent à un choix difficile. La logique de ces accords, du point de vue de la diplomatie du Vatican, était d’empêcher un schisme au sein de l’Église de Chine. En effet, elle se divisait en une Église « blanche » dite officielle ou « patriotique » et une autre « noire » dite « clandestine ». L’idée était de normaliser les relations avec le Parti communiste chinois pour retrouver une Église unifiée, mais cet objectif n’est toujours pas réalisé. Le Parti communiste se montre invasif, manifestement réfractaire à la liberté de conscience qu’il est supposé garantir aux prêtres enregistrés.
(Sources : Asianews 24/5/2025 ; Catholic News Agency 28/6/2019)
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