Les responsables des cultes en France rejettent « l’aide à mourir »

L'Assemblée nationale a voté le 27 mai en faveur des deux propositions de loi concernant la « fin de vie », l’une sur les soins palliatifs, l’autre sur « l’aide à mourir ». Si le premier texte a fait l’unanimité, le second divise profondément les députés (305 voix contre 199), les Français, et rencontre une forte opposition dans le personnel médical et chez les responsables religieux. La Conférence des responsables des cultes en France (CRCF) qui regroupe les hiérarchies des Églises chrétiennes (catholique, orthodoxe et protestante), et des responsables de l'islam, du judaïsme et du bouddhisme, a exprimé son refus de la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Dans une tribune publiée le 15 mai, la CRCF dénonce une « rupture anthropologique », une « régression éthique, sociale et médicale », et un « dévoiement de la médecine » que représenterait l’instauration de la mort comme solution médicale, alors que l’essence même du soin « vise à soulager, sans jamais tuer ».
Mgr Éric de Moulins-Beaufort président de la Conférence des évêques de France (CEF) – dont le site a publié la tribune de la CRCF – a commenté cette opposition le 16 mai au micro de Radio Chrétienne Francophone (RCF). La légalisation de l’acte de donner la mort constituerait une « transgression très grave », a-t-il alerté. Comme la CRCF, qui avait dénoncé le vocabulaire « euphémisant » de la proposition de loi, le président de la CEF a appelé à nommer l’euthanasie et le suicide assisté par leurs noms, et s’est indigné qu’on puisse envisager de nommer « mort naturelle » un décès provoqué (l’alinéa contentant ce subterfuge a heureusement été rejeté le 24 mai). L’archevêque de Reims a souligné à plusieurs reprises que le « prétendu droit à mourir » risque de devenir une pression sur les personnes les plus fragiles. « La société peut et doit dire “tu comptes”, “tu as du prix à nos yeux, et nous sommes prêts à t'accompagner.” » Il a plaidé pour un renforcement des soins palliatifs que réclame une large majorité de soignants, en rappelant qu’un département français sur cinq est dépourvu d’unité de soins palliatifs. Interviewé par La Croix, le 19 mai, Mgr Vincent Jordy, le vice-président de la CEF, a réitéré la conviction de l’Église catholique que « l’aide à mourir est un dévoiement de la fraternité ».
« DISONS NON à la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. » Sous ce titre, la CEF a invité le 19 mai tout catholique et toute personne opposée au projet de loi à écrire au député de sa circonscription (invitation assortie d’indications utiles : adresses postales, mails et sites web du parlementaire) et d’un modèle de lettre. Il s’agit d’exprimer « sa profonde inquiétude concernant la proposition de loi sur l’aide à mourir » et de sensibiliser l’élu à l’enjeu de son vote. « Ce texte, lit-on dans la lettre-type proposée par les évêques, soulève des questions éthiques majeures et fait peser un risque réel sur nos concitoyens les plus vulnérables. Il engage un basculement profond de notre modèle de solidarité et interroge le rôle des soignants, auxquels le serment d’Hippocrate impose de ne jamais provoquer délibérément la mort. » A ce sujet, le vote le 24 mai d’un « délit d’entrave » au suicide assisté, sanctionné par deux ans de prison et 30 000 euros d'amende, fait peser une menace redoutable sur tous les soignants et d’ailleurs sur toute personne qui serait accusée d’avoir tenté de dissuader un malade de mettre fin à ses jours. « S’il était adopté le 27 mai, ce texte, parmi les plus permissifs au monde, menacerait les plus fragiles et remettrait en cause le respect dû à toute vie humaine », indique le document. On pourrait ajouter que cette proposition de loi, en effet des plus permissives, devient aussi liberticide par ses outrances « Ne restons pas silencieux. Ensemble, affirmons notre attachement à la dignité de chacun. Les soins palliatifs, capables de soulager les douleurs aiguës, et soucieux d’un accompagnement, sont la véritable aide jusqu’au bout », exhortent les évêques de France.
On pourrait objecter que cette initiative de la CEF est devenue inutile depuis le vote général à l’Assemblée nationale de la proposition de loi légalisant l’euthanasie et le suicide assisté qui a eu lieu le mardi 27 mai Mais pour importante qu’elle soit, cette séance n’est qu’une première étape dans un parcours législatif qui va se poursuivre pendant de longs mois : le Sénat doit encore s’emparer du texte en première lecture (en commission comme en séance), examen annoncé pour l’automne prochain, après quoi commencera une deuxième navette parlementaire (2ème lecture à l'Assemblée nationale, puis 2ème lecture au Sénat). Sans compter qu’en cas de nouvelle dissolution, tout le parcours législatif serait à reprendre du début… Il est donc encore temps d’intervenir auprès des parlementaires en argumentant pour éclairer les enjeux, éveiller leurs consciences, et les convaincre de ne pas acter une rupture majeure de civilisation.
(Sources : Église Catholique en France, 15/05/2025 ; Vatican News, 16/05/2025 ; Le Figaro, 19/05/2025 ; La Croix, 20/05/2025)
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