Les 5 raisons de croire de Natasha St-Pier

Couverture de l'album consacré à Jeanne d'Arc / © Natasha St-Pier

1. MA CARRIÈRE MUSICALE A NOURRI MA FOI

On pourrait avoir l’impression que ma foi a influencé grandement ma carrière musicale, mais j’ai plutôt l’impression que c’est le contraire, car c’est à travers un projet musical autour de Thérèse de Lisieux que je me suis reconnectée à ma spiritualité. J’ai toujours eu la foi, mais je l’exprimais moins qu’aujourd’hui. Je pense que, comme beaucoup d’adolescents, on croit parce qu’on a reçu des enseignements à l’école ou à la maison puis, finalement, on se préoccupe de notre quotidien de jeunes adultes et on délaisse notre foi. Aujourd’hui, ma foi est plus aboutie, parce qu’avec le temps, on arrive à donner du sens à tout cela. On grandit spirituellement comme on s’élève en maturité à travers les épreuves, les succès, les rencontres. C’est un chemin de vie.

2. DONNER AU PUBLIC PLUS QUE DU DIVERTISSEMENT

Mon métier, c’est d’apporter du bonheur, du plaisir aux gens, de les divertir ; et je l’ai toujours fait avec des chansons qui me plaisent. Mais aujourd’hui, je m’aperçois qu’avec des textes inspirés, je peux donner plus aux gens que simplement du divertissement. Il y a une espèce de valeur ajoutée à laquelle je tiens. Évidemment, je pourrais revenir à de la musique pop sans avoir des textes d’inspiration chrétienne, mais je vais quand même avoir besoin d’avoir des textes qui inspirent, qui soient profonds, qui parlent de choses plus grandes que notre petite société de consommation comme j’ai pu le faire avant : j’ai chanté beaucoup d’histoires d’amour, mais c’était peut-être plus futile.

Aujourd’hui, j’ai envie d’avoir dans mes textes une certaine profondeur. Quand on vient voir un spectacle, quand on écoute une chanson, on perçoit ce dont on a besoin : on regarde souvent la vie à travers un prisme qui est le prisme de notre propre réalité. On va comprendre ce qu’on est prêt à comprendre et on va voir ce qu’on a besoin de voir. C’est vraiment très particulier la façon que les gens ont de s’approprier les textes, c’est magique et beau aussi. C’est pourquoi j’ai envie que, dans mes textes, il y ait suffisamment de matière pour que les gens puissent se nourrir un peu. On est un peu des médecins de l’âme, finalement, sans être psychologues, parce que je ne vous écoute pas, c’est vous qui m’écoutez. Vous faites le travail vous-même et des chansons seront par moments des déclencheurs d’épanchement, la voix d’un ami ou encore un morceau de réconfort qui vous accompagne… À travers tout cela, finalement, on apporte quelque chose aux gens, on les aide à affronter le quotidien.

3. RECONNAÎTRE LES SIGNES DE DIEU CHAQUE JOUR

J’aime les petits signes de la vie quotidienne, j’aime les remarquer. Je pense que nous en recevons tous. Par exemple, quand j’ai fait le premier album avec les textes de Thérèse de Lisieux, j’avais très peur de l’accueil des médias, de l’impact possible sur ma carrière : serait-ce la fin ? Finalement, je me suis aperçue que l’accueil était très bon : l’album a connu un énorme succès, disque de platine. Peut-être était-ce là le signe que je faisais ce que je devais faire et que j’étais à ma place.

J’ai reçu beaucoup de témoignages de gens qui me parlent de ce que les chansons leur ont apporté et notamment de moments compliqués qu’ils ont réussi à traverser. Des gens m’ont dit : « Je ne suis pas très croyant, mais bon là, la chanson me touche. » La foi, c’est très particulier. On peut croire en Dieu, sans trop savoir comment. Et à travers les textes de Thérèse, beaucoup de personnes qui ne se sentent pas proches de l’Église au départ vont retrouver une connexion avec leur spiritualité.

4. ÊTRE UN PONT POUR SE RECONNECTER À DIEU

Réussir à verbaliser le mot « Dieu » est parfois complexe, mais il est important de permettre un retour vers la spiritualité, d’aider à faire reconnaître que nous ne sommes pas que des êtres de chair et d’os, mais que nous avons besoin de nourrir d’autres pans de notre personne. Je n’arriverai pas à me dire messagère de Dieu, je pense que c’est une trop grande mission pour moi, je n’ai pas les épaules, mais j’ai l’impression de faire un pont. En portant les textes de Thérèse qui, elle, est plus connectée que moi, j’arrive à permettre aux gens un retour vers la spiritualité, que j’aime bien loger dans le coeur. Peut-être que c’est Thérèse qui a beaucoup d’influence sur moi, mais je pense en effet que la spiritualité passe par la voix du coeur. Ce que j’aime chez elle, c’est ce choix de la « petite voie ». Souvent, on a l’impression que la mission est trop difficile pour nous, qu’on ne va pas y arriver ; mais Thérèse nous ramène aux actes du quotidien : faire un petit pas à la fois, être ancré dans le moment présent et faire les choses avec le coeur, avec amour, pour être connecté à Dieu. Et ça, finalement, c’est accessible à tous.

5. NE PAS DÉPENDRE UNIQUEMENT DE L’ÊTRE HUMAIN

J’ai un fils qui est né avec une tétralogie de Fallot et, pendant son opération à coeur ouvert alors qu’il n’avait que quatre mois, j’avais besoin de croire. Je ne concevais pas de m’en remettre aux seules mains d’un chirurgien qui n’est qu’humain et qui, donc, peut faire autant d’erreurs que vous et moi. J’avais besoin de croire en quelque chose de plus grand. Aujourd’hui, mon fils a sept ans et demi et il va très bien. Mais dans des moments comme celui-là, on n’a pas envie d’être seul, de dépendre uniquement des autres, on a besoin d’une connexion de plus. Et la beauté du mystère, c’est de réussir à croire en quelque chose sans en avoir la preuve absolue. J’ai toujours cru que la foi était une petite cousine du courage, parce que le courage nous permet aussi de croire en quelque chose sans en avoir la preuve. Quand on se lance dans un marathon pour la première fois, on croit qu’on peut le terminer, mais on n’en est pas sûr... De même, quand on croit en l’existence de Dieu et en la vie éternelle, cela dépasse les preuves, et c’est ça la beauté de la foi.

QUELLE EST VOTRE PROCHAINE ACTUALITÉ ?

Mon prochain album, qui sortira en novembre, sera un album de Noël avec beaucoup de classiques et de chansons traditionnelles, et donc forcément, cela parlera de la foi, de cette naissance. Chaque Noël est pour moi une renaissance qui nous donne une nouvelle chance d’avancer vers la personne qu’on a envie d’être.