Pier Giorgio Frassati et Carlo Acutis, deux jeunes canonisés ensemble

Détail d'une fresque de la cathédrale de Santa Maria Assunta (Torcello, Italie), Giusto de Menabuoi (1375-1376) / © Wieslaw Jarek, Alamy.

Pier Giorgio Frassati (6 avril 1901 - 4 juillet 1925) et Carlo Acutis (3 mai 1991 - 12 octobre 2006) ne pouvaient pas se rencontrer dans ce monde. Mais ils seront bientôt à jamais réunis sur la Terre comme au Ciel. Déjà « bienheureux » après la reconnaissance d’un miracle attribué à leur intercession, ces deux jeunes italiens seront canonisés ensemble (c’est-à-dire proclamés saints après la reconnaissance d’un deuxième miracle, et donnés en exemples à l’Église universelle) le 7 septembre, a annoncé le Saint-Siège, à l’issue du consistoire tenu par le pape Léon XIV le 13 juin.

Leur canonisation avait été annoncée par le pape François lors de l'audience générale du 20 novembre dernier. Pour Carlo Acutis, béatifié à Assise le 10 octobre 2020 par le cardinal Agostino Vallini, la date fixée primitivement était le 27 avril, dans le cadre du Jubilé des adolescents. Quant à Pier Giorgio Frassati, béatifié le 20 mai 1990 par le pape Jean-Paul II, il devait être proclamé saint lors du Jubilé des jeunes, du 28 juillet au 3 août. Les processus ayant été interrompus par le décès du pape François, les deux bienheureux seront finalement canonisés ensemble au cours de la messe du dimanche 7 septembre prochain, par décision de Léon XIV après consultation des cardinaux qu’il avait convoqués en consistoire.

Mort à quinze ans d’une leucémie foudroyante, Carlos Acutis fut un témoin lumineux de l’Évangile. Surnommé le « geek de Jésus », il est considéré comme un des premiers évangélisateurs sur internet.  Il y avait mis sa créativité à l’œuvre, notamment dans une exposition sur les miracles eucharistiques à travers les siècles. Depuis sa béatification à Assise où repose son corps selon sa volonté, des dizaines de milliers de jeunes viennent chaque année dans la ville de saint François pour se recueillir auprès de son tombeau. Les deux miracles ayant permis sa canonisation sont la guérison, humainement inexplicable, de Mattheus Vianna, un enfant brésilien qui présentait une malformation grave du pancréas qui l’empêchait de se nourrir correctement. Il fut guéri lors de la fête de Notre-Dame d'Aparecida le 12 octobre 2013, exactement sept ans après la mort d’Acutis. Le second miracle attribué à son intercession a eu lieu le 8 juillet 2022. Ce jour-là, la mère de Valeria, une jeune costaricaine, priait devant le tombeau du bienheureux Acutis à Assise pour la guérison de sa fille, victime d’une hémorragie cérébrale après une chute de vélo à Florence où elle faisait des études. Celle-ci fut guérie le jour-même, une guérison fulgurante jugée très improbable par les médecins.

Pier Giorgio Frassati continue lui aussi d'inspirer des milliers de jeunes chrétiens. Déclaré patron des JMJ de Lisbonne (2023), il va donc être canonisé un siècle après sa mort. Cet étudiant turinois, membre du Tiers ordre dominicain, des Vincentiens et de l'Action catholique, est devenu l'un des bienheureux les plus connus des nouvelles générations de catholiques en Italie où il est considéré comme l'un des saints « sociaux » du pays. « Sa vocation de laïc chrétien se réalisait à travers ses multiples engagements associatifs et politiques, dans une société en pleine fermentation, indifférente, voire hostile à l’Église », déclara saint Jean-Paul II lors de la béatification en mai 1990. Son apostolat ardent, plus particulièrement envers les personnes pauvres et nécessiteuses que ce fils de famille aisée visitait fréquemment à Turin, alla jusqu’au don suprême puisqu’il mourut à 24 ans d’une poliomyélite vraisemblablement contractée à leur contact. Les deux miracles ayant permis sa canonisation s’ajoutent à la guérison totale et médicalement inexplicable, en 1933, de Domenico Sellan, victime du mal de Pott, une tuberculose osseuse (Domenico vécut 35 ans après le miracle.) Les deux miracles « modernes » (la médecine ayant beaucoup progressé en près d’un siècle) cités pour cette canonisation sont la guérison, en 2011, de Kevin Becker, un étudiant américain de 21 ans plongé dans le coma après une chute du deuxième étage d'une maison qui lui causa de multiples fractures au crâne et des lésions au cerveau ; et, en 2017, celle du père Juan Gutierrez, mexicain, alors séminariste à Los Angeles, inexplicablement guéri d'une déchirure du tendon d’Achille alors qu’il faisait du sport.

(Sources : Vatican News 13/06/2025 et 20/11/2024 ; Zenit 20/12/2024 ; Aleteia 23/05/2024 et 29/12/24)