Padre Giacomo, le confesseur silencieux

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Beniamino (Benjamin) Filon est né le 2 août 1900 à Balduina (près de Padoue, en Italie) dans une famille d’agriculteurs très catholiques. À dix-sept ans, il est admis au petit séminaire des capucins de Rovigo, mais sa formation s’interrompt trois ans pour le service militaire. Une fois celui-ci terminé, il intègre le petit séminaire de Vérone, puis le noviciat des frères capucins à Bassano del Grappa, où il prend le nom de frère Giacomo de Balduina.

Jeune, Beniamino jouissait d’une constitution physique saine et robuste. Mais vers vingt-sept ans, des symptômes inquiétants apparaissent : des difficultés à se mouvoir, des raideurs soudaines et totales, une faiblesse intense des membres, des migraines violentes, de la fièvre, des troubles de la vision, etc. Il s’agit d’une encéphalite léthargique qui, comme pour Marthe Robin, évoluera en maladie de Parkinson. Les études et la vie deviennent pour lui un véritable calvaire. Un jour, le maître des novices, perplexe face à sa candidature au sacerdoce, lui dit qu'il ne sait rien faire d’autre que prier. Giacomo se jette alors à ses pieds, il le supplie de ne pas le renvoyer, d’être patient avec lui, de le garder ne serait-ce que pour laver la vaisselle. Et il ajoute : « Et si on ne veut pas me donner de cellule, je dormirai à l’écurie. » Les voies et les jugements de Dieu sont bien différents de ceux des hommes… La fécondité de Padre Giacomo auprès des fidèles d’aujourd’hui le montre bien. Finalement, le 21 juillet 1929, Giacomo est ordonné prêtre à Venise et, en 1931, il est affecté au couvent des capucins d’Udine, dans le nord-est de l’Italie.

POUR LA SANCTIFICATION DES PRÊTRES

Pendant dix-sept ans, Padre Giacomo y exerce le ministère de la confession et de la direction spirituelle. Les pénitents affluent. Certains jours, une cinquantaine de prêtres, en plus des laïcs, viennent le rencontrer. Nombreux sont ceux qui témoignent avoir vu en lui une âme supérieure d’une extrême humilité, un exemple à aimer et à imiter, un homme de Dieu qui menait une vie surnaturelle, à l’écoute attentive de la misère des hommes. Les rares mots qu’il prononce suffisent à inspirer une telle confiance que le pénitent se sent comme invité à exprimer spontanément ses angoisses les plus secrètes. Beaucoup sortent du confessionnal avec le coeur consolé comme jamais auparavant : celui que l’on appelle désormais le saint confesseur d’Udine aurait reçu le même don que Padre Pio (1887-1968), celui de lire dans les coeurs.

Malgré sa souffrance physique, Padre Giacomo reste joyeux et souriant. « Dans la douleur, il ne faut pas se laisser abattre et se décourager, mais être tranquille et remercier Dieu de ce grand don », écrirat- il. Même au plus fort de la maladie, il ne refuse jamais d’accomplir son ministère, alors que les longues heures passées au confessionnal le fatiguent atrocement. Sa maladie, extrêmement douloureuse, lui demande de grands efforts pour se déplacer et accomplir les tâches les plus élémentaires de la vie domestique. Malgré cela, Padre Giacomo reste toujours disponible pour tous, cachant au maximum ses souffrances et ses difficultés. Il s’offre en victime pour la sanctification des prêtres. Son offrande peut aider à mieux comprendre les paroles du Christ : « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13). Plus que ses paroles, son attitude empreinte d’une grande bonté transforme les coeurs de ceux qui ont recours à lui. Par son saint ministère, beaucoup d’âmes reviennent à Dieu, et de nombreuses familles retrouvent la paix.

SON AMOUR POUR LA VIERGE IMMACULÉE

Marie fut le grand amour de Padre Giacomo. À Udine, il célèbre chaque jour la messe à l’autel de la chapelle Notre-Dame-de-Lourdes située dans l’église du couvent. Comme sa maladie lui cause des problèmes pour lire, il reçoit l’autorisation de toujours célébrer la messe votive de la Madone, qu’il connaît par coeur. Il parle souvent de la proximité de sa mort et confesse à des confrères qu’il mourra près de sa mère, la Sainte Vierge.

En 1948, on lui permet de venir en pèlerinage à Lourdes, en tant que malade, avec l’Unitalsi (l’Union nationale italienne de transport de malades à Lourdes et dans des sanctuaires internationaux). À un confrère, il confie : « Je ne vais pas à Lourdes pour demander la guérison, mais pour demander la grâce d’y mourir et d’y rester. » Après un voyage de trentecinq heures en train, il arrive le 21 juillet 1948 vers seize heures, fiévreux et épuisé. Transporté sur un brancard à l’asile Notre-Dame des Douleurs, il demande à se rendre à la grotte, mais son état ne le permet pas. Il récite alors un chapelet, puis s’endort. Quand il se réveille, il chante doucement le Magnificat, reçoit l’extrême onction, recommande son âme à Dieu et rend son dernier souffle vers vingt-trois heures. Il est enterré sur place, au cimetière de Langelle.

LE MIRACLE DE LA TOMBE

Quelques semaines plus tard, en se rendant sur la tombe de proches, une Lourdaise, Louise Beaunier, est attirée par cette sépulture surmontée d’une simple croix en bois marquée d’un numéro. Apprenant que c’est celle d’un prêtre italien, elle commence à le prier. Par la suite, elle partage cette information à son entourage, notamment à Emanuele Brunatto, l’un des plus proches fils spirituels de Padre Pio. Les semaines passent, drainant de plus en plus de pèlerins sur la tombe de Padre Giacomo et la transformant de manière inexplicable en tombe vivante. Depuis, des fleurs et des ex-voto couvrent en effet sa sépulture toute l’année ; de nombreux fidèles viennent le prier ou le remercier pour des grâces reçues. Certains font ce pèlerinage depuis plus de vingt ans ! Une petite communauté de fidèles du monde entier s’est ainsi créée uniquement par le bouche-àoreille. Comment, pourquoi ? Peut-être tout simplement parce que Padre Giacomo était « doux et humble de coeur » (Mt 11,29), comme « le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10,11). En 1984 s’est ouvert son procès en béatification. Quand vous irez à Lourdes, n’hésitez pas à faire une petite halte devant sa tombe, au cimetière de Langelle, situé non loin de l’église paroissiale du Sacré-Coeur, une grâce pourrait bien vous y attendre !

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