Actualité en bref 

Nigeria : 300 écoliers chrétiens raflés

©AFP - Bulus Dauwa Yohanna / Association chrétienne du Nigeria (CAN) / AFP

Vendredi 21 novembre, plus de 300 enfants et 12 enseignants ont été saisis par des hommes armés, dans l’école catholique St Mary à Papiri, non loin de la frontière avec le Bénin. Ils ont ensuite dévasté les lieux, en détruisant en particulier une statue de la Vierge Marie. Quelques jours auparavant, des hommes armés avaient assailli le Government Girls’ Comprehensive Secondary School, un collège situé à Maga dans l’État Kebbi, au nord-ouest du Nigeria. Ils s’étaient emparés de 25 écolières. Ces rafles ont eu lieu dans le cadre d’une des plus vastes opérations de kidnapping que le pays ait connues. Cependant, dimanche 23, cinquante parmi ces captifs sont parvenus à s’échapper.

Une source locale décrit à l’Aide à l’Église en Détresse (AED) l’attaque qui a frappé le collège de Maga. « La communauté se trouve dans une zone reculée, entre le diocèse de Sokoto et celui de Kontagora », précise-t-elle. Il s’agit d’une région mal couverte par les forces de sécurité locales et qui est l’une des plus diversifiées sur le plan religieux dans l’État de Kebbi. Plusieurs villages y sont chrétiens alors que l’État de Kebbi est majoritairement musulman. C’est pourquoi la plupart des 25 élèves étaient chrétiennes, tout comme le directeur adjoint qui a été assassiné alors qu’il tentait, sans arme, de défendre les jeunes filles dont il avait la garde.

La source citée par l’AED déplore « un coup dur pour l’éducation des jeunes filles », qui manque déjà tragiquement de structure dans cette région du pays. Les groupes djihadistes qui ravagent la région refusent le principe de l’éducation des jeunes filles et considèrent celles qui ne sont pas musulmanes comme un butin à prendre. Aucun de ces groupes n’a pour le moment revendiqué l’attaque, mais elle porte incontestablement leur marque.

« Quand cela cessera donc ? » interroge le père Isa Emmanuel Saliu. Prêtre nigérian, il est natif d’un village tout proche de l’un des lieux d’enlèvement. Issu d’une famille musulmane, il travaille inlassablement à l’entente entre les religions dans son pays natal. Formateur et conférencier, il constate que lorsqu’il annonce qu’il va donner des cours pour le dialogue interreligieux, il rencontre l’incrédulité de ses étudiants. « Les séminaristes paraissent convaincus qu’il s’agit d’un effort futile », déplore-t-il. Selon ce prêtre, ce dialogue a eu des vertus de compréhension réciproque, mais elles sont occultées par la multiplication des conflits d’inspiration religieuse… Et par l’hypocrisie d’un gouvernement nigérian qui fait la sourde oreille lorsqu’on le met devant la réalité du nettoyage ethnique en cours dans le pays.

« Depuis le début de cette année, il ne se passe pas un jour sans qu'une communauté chrétienne du nord du Nigeria n'enterre ses proches. Il ne se passe pas un jour sans que les chrétiens ne fuient leurs terres ancestrales en raison des attaques des terroristes islamiques », décrit le prêtre.

Il dénonce l’aveuglement volontaire de ceux qui refusent de voir le facteur religieux de ces attaques. Il y a trop de vidéos de djihadistes massacrant et jubilant aux cris de Allahu akbar, trop d’attaques perpétrées pendant les fêtes chrétiennes de Noël et Pâques pour nier la responsabilité des islamistes. « C'est un djihad ; une guerre sainte au nom d'Allah pour l'avancement de l'islam. Tous ces faits sont indéniables, sauf pour ceux qui choisissent de vivre dans le mensonge », conclut-il. Pourtant, il assure que l’Église de son pays ne sera pas abattue par ce déferlement de violence : « Nous témoignons de la vérité que le sang des martyrs est la semence de l'Église et c'est pourquoi notre foi en Dieu continuera à se renforcer. »

(Source : Aide à l’Église en Détresse 19/11/2025)

Retour à l'accueil