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Louis et Zélie, un couple ordinaire pour une sainteté extraordinaire

Unis par le sacrement du mariage, Louis et Zélie Martin ont traversé les épreuves de la vie avec une foi inébranlable. Leur canonisation commune il y a tout juste dix ans affirme l’importance de la sainteté conjugale et familiale dans l’Église contemporaine.

© DR 1000 raisons de croire

Louis (1823-1894) et Azélie-Marie Guérin (1831-1877), les parents de sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, ont été élevés ensemble sur les autels le 18 octobre 2015 par le pape François. Après leur béatification le 19 octobre 2008 à Lisieux pour leur vie commune exemplaire, ils ont été le premier couple de l’histoire à être canonisé. Au-delà de leurs personnes, l’Église propose à cette occasion des modèles de sainteté remarquablement contemporains, non pas ceux de religieux cloîtrés ou d’ecclésiastiques, mais ceux de père et de mère de famille, deux laïcs unis par le sacrement du mariage. Ce chemin de sainteté fait écho à l’enseignement du concile Vatican II. Dès leur plus jeune âge, Louis et Zélie étaient chacun de leur côté de fervents chrétiens. L’un comme l’autre ont d’abord songé à devenir religieux : Louis comme chanoine du Grand-Saint-Bernard (il dut y renoncer du fait de ses carences en latin) et Zélie comme soeur chez les Filles de la Charité. Mais Dieu avait un tout autre plan pour le futur couple saint.

DES RACINES FAMILIALES ANCRÉES DANS LA FOI ET LE DEVOIR

Le père de Zélie, qui a épousé le métier des armes et a servi dans la Grande Armée, devient ensuite gendarme. Élevée au pensionnat des religieuses des Sacrés Coeurs de Jésus et de Marie à Alençon, sa fille devient dentellière, spécialiste du fameux « point d’Alençon », et se lance dans le commerce de détail à partir de 1853. Chef d’entreprise, elle procure du travail à dix-huit ouvrières à domicile, qu’elle « aime comme sa propre famille ». Louis Martin est également le fils d’un militaire de carrière. Il a appris l’horlogerie à Alençon où ses parents possèdent un magasin. C’est là qu’il perfectionna son apprentissage. Les familles Guérin et Martin sont toutes deux profondément croyantes. Les deux futurs saints se rencontrent pour la première fois en 1858. Il a alors trente-cinq ans, et elle vingtsept. Vite, ils tombent amoureux et décident de se marier. Ils scellent leur union à l’église Notre-Dame le 12 juillet 1858 à minuit, juste après leur mariage civil. Le couple donne naissance à sept filles et deux garçons entre 1859 et 1873. Sur les neuf enfants, quatre meurent en bas âge. Sainte Thérèse de Lisieux est la petite dernière.

La foi de la famille est très profonde. La pratique religieuse des époux est exemplaire. Ils observent le jeûne et chaque matin, à 5 h 30, assistent à la messe. Leur charité n’est jamais démentie, bien au contraire. Les pauvres savent qu’ils peuvent frapper à la porte du foyer en toute occasion.

Le 28 août 1877, après de terribles souffrances qu’elle offre à Dieu pour la conversion des pécheurs et la paix des familles, Zélie rejoint ses quatre petits au Ciel. La mort des enfants et celle de Zélie à quarante-cinq ans sont vécues de façon absolument édifiante par Louis qui continue chaque jour de prier le chapelet. Devenu veuf à cinquante-quatre ans, Louis Martin déménage avec ses enfants à Lisieux en novembre 1877.

Il s’installe dans la maison des Buissonnets où se déroule l’enfance de Thérèse. Les cinq filles du couple deviennent toutes religieuses : Thérèse, Pauline, Céline et Marie entrent au Carmel ; Léonie est admise chez les Visitandines.

Quand Louis devient à son tour très malade et paralysé, il garde une espérance intacte en la Providence divine jusqu’à son dernier souffle le 29 juillet 1894. Lorsqu’il voit pour la dernière fois Thérèse au parloir du carmel, il est si souffrant qu’il lui est impossible de tenir une conversation. Il se contente alors de lever les yeux vers le haut et de pointer le doigt en l’air en articulant d’une voix faible : « Au Ciel ! » La petite Thérèse a elle-même mesuré la sainteté de ses parents : « Le Seigneur m’a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre. »

Patrick Sbalchiero

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