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Venezuela. Le cardinal Porras privé de passeport

© Maria Alejandra Guillermo

Le 10 décembre dernier, le cardinal Baltazar Porras, 81 ans, archevêque émérite de Caracas, a vu son passeport confisqué, alors qu’il s’apprêtait à monter à bord d’un avion pour l’Espagne. Le personnel de l’immigration a informé le cardinal qu’il était déclaré mort dans le système d’identification... Mgr. Porras a pourtant un passeport diplomatique « de l’État de la Cité du Vatican, délivré en vertu de sa dignité de cardinal ». Sa confiscation constitue une violation flagrante du droit international, notamment de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques.

Mgr. Porras partait pour Tolède afin de participer à la cérémonie solennelle de son investiture comme Protecteur spirituel de l'Ordre de Saint-Lazare au Venezuela. L’Ordre a déposé une plainte demandant au Vatican de transmettre une « protestation formelle aux autorités vénézuéliennes pour violation des prérogatives diplomatiques de Son Éminence le Cardinal Baltazar Porras ». Il exige également « la restitution immédiate des documents confisqués et une garantie de libre circulation internationale pour Son Éminence, conformément aux normes internationales en vigueur ».

« Le cardinal a subi un traitement humiliant, notamment la fouille de ses effets personnels et de ses vêtements, effectuée par des chiens renifleurs de drogue, tandis que ses bagages étaient retirés de l’avion », précise un communiqué. Le cardinal ajoute qu’il a été suivi jusque dans les toilettes par le personnel militaire chargé de régler son cas.

 Le ton continue de monter entre l’Église catholique et le gouvernement chaviste de Nicolas Maduro, dans un contexte de politique internationale de plus en plus houleux. Donald Trump  accentue la pression sur le Venezuela, accusant Maduro de fraude électorale, de trafic de drogue et de terrorisme. Mais après la saisie d’un pétrolier au large du Venezuela par les Américains, Vladimir Poutine s’en est mêlé et a affirmé son soutien à Maduro.

Avec le traitement infligé au cardinal Porras, on peut craindre un glissement du Venezuela vers une position semblable à celle du Nicaragua. Car les événements du 10 décembre ne sont pas isolés. Le 23 octobre, le père Juan Manuel León, curé de la paroisse Saint-Jean-Paul II, située près de San Juan de los Morros, dans l'archidiocèse de Calabozo, à environ deux heures de la capitale, a reçu des menaces de mort en raison de ses positions politiques hostiles au communisme. Le 17 octobre, à Rome, le journaliste vénézuélien Edgar Beltrán, travaillant pour The Pillar, un media catholique américain, avait été agressé à l'Université pontificale du Latran, pendant une cérémonie précédant la canonisation des deux premiers saints vénézuéliens.

Si cette canonisation de saint José Gregorio Hernández et de sainte Carmen Rendiles par le pape Léon XIV, le 19 octobre dernier, a suscité un élan d’enthousiasme et d’espérance à travers le pays, elle ne fut pas du goût du gouvernement chaviste. Celui-ci envisageait d’occuper une grande partie du stade Simón Bolívar de Caracas où était prévue une grande messe d’action de grâce. Face à la menace de récupération politique de l’événement, l’Église catholique annula la cérémonie, préférant faire célébrer de nombreuses messes dans tout le pays. Le 26 octobre, le cardinal Porras devait se rendre à Isnotú, ville natale de saint José Gregorio Hernández, pour célébrer l’une de ces messes. Mais il y fut empêché par d’étranges consignes : émeutes inventées et vents violents imaginés pour empêcher son avion de décoller.

« Nous sommes dans le temps de Noël. La force réside dans la faiblesse de la crèche, dans la fragilité de la vérité qui se construit dans la paix, sans violences ni abus. L’espérance passe par le travail ensemble pour le bien de tous, principalement pour les exclus », a déclaré Mgr. Porras.

(Source : catholicnewsagency.com) 

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