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Mexique « La prière nous donne le courage d’entrer dans la mêlée »

Drapeau du Mexique / © CC0 pxhere

Mgr José de Jesús González Hernández a été nommé en février 2022 évêque du diocèse de Chilpancingo-Chilapa dans le Guerrero, au sud du Mexique. Cet État dispute avec plusieurs autres - Guanajuato, Colima, Jalisco…- le triste privilège d’être réputé le « plus violent du Mexique ». Onze mois après son ordination épiscopale, Mgr González a manqué de tomber sous les balles des narcos. Un groupe d’hommes armés a attaqué le véhicule dans lequel il se trouvait.

« Nous étions trois dans une camionnette et ils nous ont tiré dessus. Ils visaient la tête, pas les pneus », témoigne-t-il. La fusillade s’est arrêtée subitement, quand les assaillants ont réalisé qu’ils étaient en train de tirer sur des prêtres. Contrits, ils ont présenté leurs excuses à leurs victimes et ont proposé de payer pour les vitres qu’ils avaient brisées avec leurs balles, heureusement sans faire de blessé. « L’essentiel, c’est qu’ils ne nous aient pas envoyés de l’autre côté, chez Saint Pierre », assure avec un peu d’humour le prélat. Les criminels ont ensuite découvert que non seulement le véhicule qu’ils attaquaient était occupé par des prêtres, mais que l’un d’entre eux était l’évêque du lieu. Ils lui ont demandé sa bénédiction, ce que celui-ci leur a accordé.

Le prélat, encore sous le choc de l’attaque qui aurait pu lui coûter la vie, a alors réalisé que cet épisode marquerait son ministère. Il a compris qu’il n’était pas envoyé uniquement auprès des fidèles, mais aussi auprès de ceux qui vivent de la violence : « Ceux-là aussi sont mes enfants, bien qu’ils soient égarés », affirme-t-il. Il est convaincu que Jésus attend de lui qu’il donne sa vie, dans ce pays qui est parmi les plus dangereux du monde, pour l’exercice de son sacerdoce : « Si Lui-même est mort par amour pour moi, moi aussi je dois mourir par amour pour les autres. Et ces mots “les autres” incluent tout le monde, y compris les assassins. »

Il ne cesse pas pour autant de dénoncer le crime organisé, qui pèse sur tout l’État. Les narcos s’y taillent des fiefs, avec leur propre justice et leurs « impôts ». Plusieurs groupes rivaux se disputent les lieux, si bien qu’assassinats et disparitions font partie de la vie quotidienne. Devant l’impuissance de l’administration légitime, le prélat constate que l’Église demeure « l’unique voix qui peut parler au nom du peuple ». Mais cette liberté de parole a un prix. Des responsables de communauté et des clercs ont été assassinés pour avoir défendu la justice et la dignité humaine. Ce fut le cas du père Macelo Pérez, assassiné l’an dernier dans l’État du Chiapas pour sa défense des populations indigènes.

Le travail de ceux qui défendent la vérité est très risqué, mais il est indissociable de la mission de pasteur assure Mgr González : « Si nous ne sommes pas courageux, le peuple pleure… et Dieu pleure. » Il trouve la force dans sa prière personnelle et dans celle de ceux qui soutienne la mission de l’Église au Mexique : « La prière nous donne le courage d’entrer dans la mêlée » confie-t-il.

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