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L’État de Washington s’engage à respecter le sceau de la confession

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Volte-face à Washington : le 3 mai dernier, la loi SB 5375, imposant aux prêtres de signaler tous les cas de maltraitances d’enfants dont ils auraient connaissance dans le cadre de la confession, sous peine de 364 jours de prison et 5 000 dollars d’amende, avait été signée par Bob Ferguson, gouverneur de l’État de Washington. Cette loi aurait dû entrer en vigueur le 27 juillet dernier. Mais, après un combat juridique mené par plusieurs évêques catholiques, par le ministère de la justice américain et par le Centre d'éthique et de politique publique (EPPC) qui défendait plusieurs églises orthodoxes, l’État de Washington a renoncé à cette loi le 10 octobre.

Un communiqué de l’EPPC annonce : « Dans une victoire massive pour la liberté religieuse, l'État de Washington a accepté [ce 10 octobre] un jugement du tribunal et un règlement qui empêche définitivement l'État d'envahir le sacrement de la confession et de discriminer les membres du clergé. » Mark Rienzi, président-directeur général de Becket (l'un des groupes juridiques qui ont représenté les évêques catholiques), se réjouit de cette « victoire pour la liberté religieuse et le bon sens. Les prêtres ne devraient jamais être contraints de faire le choix impossible entre trahir leurs vœux sacrés ou aller en prison. » Selon le communiqué de l'EPPC, « l'État est [désormais] empêché de discriminer sur la base de la religion en refusant au clergé des privilèges dont bénéficient les autres déclarants obligatoires. »

Car le scandale en cache un autre, celui de la discrimination : pourquoi les prêtres devraient dénoncer leurs pénitents et non les avocats leurs clients ? Le combat pour préserver les enfants de la pédophilie ne saurait faire table rase de la nécessité de préserver des espaces de secret. Une société traquant le secret devient vite invivable si l’avocat dénonce son client, le médecin son patient, le prêtre son pénitent et l’agent-secret son propre État.

Jean Hill, directrice exécutive de la Conférence catholique de l'État de Washington, qui représente les évêques de l'État en matière de politique publique, affirme : « Prévenir les abus et préserver le secret de la confession ne sont pas incompatibles ; nous pouvons et devons faire les deux. »

De toute façon, la dénonciation zélée n’aurait probablement pas vidé les confessionnaux des pédophiles. Car une question se pose : les prédateurs sexuels se confessent-ils ? Les trouve-t-on si massivement et si fréquemment dans les confessionnaux au point de penser que violer le secret de leur confession constitueraient une solution au problème ? Certains prêtres affirment n’avoir jamais confessé de telles personnes.

Défendre le secret de la confession relève davantage de la défense de la liberté religieuse, très débattue Outre-Atlantique, que de la lutte contre les abus sur les mineurs. Mais l’Église mène le double combat. La plainte déposée le 29 mai dernier par plusieurs évêques stipule : « L’archidiocèse de Seattle et les diocèses de Yakima et de Spokane ont adopté […] des politiques qui vont au-delà des exigences actuelles de la loi de l’État de Washington concernant le signalement des cas de maltraitance et de négligence envers les enfants. » Et l’évêque de Spokane ajoute : « Je tiens à vous assurer que vos pasteurs, évêques et prêtres s'engagent à préserver le secret de la confession, même au prix d'une peine de prison. Le sacrement de pénitence est sacré et le restera dans le diocèse de Spokane. » À Seattle, l’archevêque, Mgr. Etienne cite saint Pierre dans Ac 5, 29 : « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. »

Eric Kniffin, membre de l'EPPC, précise : « L'expérience orthodoxe pendant l'ère soviétique nous aide tous à comprendre pourquoi les protections constitutionnelles de la liberté religieuse sont si précieuses et pourquoi elles doivent être défendues avec zèle. »

(Source : eppc.org, catholicvote.org)

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