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Entre feu et glace, la foi d’un missionnaire en Islande

© CC0 pxhere

L’Islande, avec son climat polaire et sa géologie volcanique, est un lieu de mission aussi exigeant qu’attachant, témoigne Mgr David Tencer. Depuis 2015, ce capucin slovaque au large sourire est l’évêque du diocèse le plus septentrional d’Europe.

C’est une terre protestante depuis des siècles. Le diocèse de Reykjavik n’a été fondé qu’en 1968. À l’époque, moins d’un millier de catholiques résidaient sur un territoire de 100 000 km², soit un cinquième de la superficie de la France métropolitaine. Ce nombre a été multiplié par l’arrivé de migrants venus essentiellement de Pologne, de Lituanie et même des Philippines. Officiellement, l’archipel islandais contiendrait à présent 15 500 fidèles, mais selon l’évêque, la communauté réelle serait plus proche des 50 000 âmes. Mgr Tencer est confronté au défi de maintenir vivante la foi de ces personnes qui sont souvent coupées de leurs liens familiaux : « Beaucoup viennent ici pour travailler parce qu’on peut gagner beaucoup d’argent. Mais que devient leur foi ? C’est là que nous devons être attentifs. La liturgie varie considérablement d'un pays à l'autre, mais la foi est la même. C’est ce qui nous unit. »

Il rencontre bien des défis dans cette mission, à commencer par celui de la langue. Bien peu dans cette communauté maitrisent le complexe langage islandais, aux racines millénaires. En outre, l’évêque ne dispose que de 18 prêtres et de quelques religieuses pour desservir un grand pays, dont les routes deviennent presque impraticables pendant les longs mois d’hiver. Comme l’explique le prélat estonien, en Islande, il ne suffit pas de connaître la théologie. Il faut savoir conduire au milieu des tempêtes, planifier des voyages vers des villages distants de plusieurs centaines de kilomètres, et même savoir quand rester à l'intérieur en raison des vents violents de l’Arctique, de la neige et de la pluie battante qui mettent à rude épreuve le zèle apostolique. « Si tu n’as pas survécu deux ou trois hivers ici, tu ne sais pas si tu peux y être missionnaire », raconte-t-il.

Il  a aussi découvert que la lumière – ou son absence – a une grande influence sur l’humeur des Islandais. En été, le soleil est le plus souvent discret ; en hiver il disparaît presque complètement. Les gens d’ici restent souvent sur la réserve : « Les Siciliens t’embrassent dans la rue à la seule vue de l’habit capucin alors qu’ici, quand ils me voient, ils me demandent si je suis un moine bouddhiste ou un musulman. Autre exemple : en Albanie, en trois heures, j’avais déjà appris trois chansons. Ici, en trois années, je n’en ai appris aucune. » Pourtant, l’évêque a appris à apprécier cette mission extrême et la culture locale : « Ce n’est ni mieux, ni pire, c’est simplement différent », affirme-t-il.

Tout compte fait, conclut-il,  la communauté catholique locale n’a rien d’un petit groupe frigorifié : « En 2023, nous avons célébré 150 baptêmes, 200 confirmations et seulement 14 funérailles. Cela ne montre-t-il pas que notre Église est la plus dynamique d’Europe ?! »

(Source : Aide à l’Église en Détresse 03/09/2025)

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