Pakistan : 13 ans de prison et deux jours de liberté

Drapeau du Pakistan / © CC0 Pexels

Un pasteur qui avait passé treize ans en prison pour blasphème a été acquitté, avant de décéder des suites d’un crise cardiaque, dimanche 5 octobre, deux jours seulement après sa libération. Zafar Bhatti, 62 ans, a fondé une communauté protestante ce qui a attiré défavorablement sur lui l’attention de religieux extrémistes musulmans. L’un d’entre eux l’a dénoncé aux autorités pour avoir envoyé des messages irrespectueux envers l’islam et Mohammed. Emprisonné en 2012, il a connu le chemin de croix de nombre d’accusés en raison de la section 295C de loi sur le blasphème pakistanaise : « Toute remarque dérogatoire, etc., vis-à-vis du Prophète sacré [Mahomet] [...] à l'écrit ou à l'oral, ou par représentation visible, ou toute imputation ou insinuation, directe ou indirecte [...] sera punie de la mort, ou de l'emprisonnement à vie, et aussi passible d'une amende. »

Emprisonné, il a dû attendre 2017 pour que son cas soit entendu par une Cour. Elle l’a reconnu coupable et l’a condamné à la prison à perpétuité. En 2022, cette condamnation a été commuée en peine de mort.

L’homme est resté ferme dans sa foi, demeurant inébranlable, mais son corps déjà fragile déclinait d’année en année. Il a connu deux attaques cardiaques en 2019 et 2020 et souffrait de tension artérielle et d’un diabète sévère. Il ne recevait pas les traitements appropriés à son état dans les prisons pakistanaise. Son diabète l’a donc conduit à souffrir d’une sévère gangrène, qui l’a rendu incapable de marcher dans les deniers mois de sa vie.

L'association britannique des chrétiens d’Asie (BACA), qui suivait son cas a émis un communiqué dans lequel elle assure : « Bien que son voyage terrestre se soit achevé, la foi de Zafar, son endurance et sa réhabilitation tardive demeureront un puissant message d’espoir dans le Christ au milieu des persécutions. »

Son histoire illustre malheureusement celle de nombre d’autres chrétiens pakistanais qui vivent dans la crainte d’être accusés de blasphème, sont attaqué sous ce prétexte ou qui, accusés, croupissent dans les geôles.

En 2024, dans l’État du Penjab, 17 chrétiens dont 6 femmes ont été accusés de « blasphème » devant la justice pakistanaise, rapporte la commission Justice et Paix. 23 musulmans ont été condamnés dans le même laps de temps et sur le même territoire. Considérant que les chrétiens sont ultra minoritaires – 1 à 2 % de la population – cela indique qu’ils sont surreprésentés parmi les accusés de blasphème.

(Source : Morning Star News 8/10/2025)