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La Vierge Marie dans le métro de Téhéran !

Plan du métro de Téhéran / © شرکت بهره برداری راه آهن تهران و حومه, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

Le matin du 13 octobre, la capitale iranienne inaugurait la vingt-cinquième station de la ligne 6 du métro de Téhéran. Elle est baptisée Hazrat Maryam Moqaddas, c’est-à-dire « Marie mère de Jésus ». « C’est l'une des plus belles et des plus singulières du métro de Téhéran par sa forme et son design », se réjouit le site d’information locale Asriran.com. Effectivement, la station, propre et lumineuse, est réhaussée de fresques admirables, représentant un foisonnement de symboles spirituels associés à la Vierge Marie.

L’islam chiite iranien ne condamne pas les représentations d’êtres vivants et la mère de Jésus y est célébrée comme un personnage central du Coran. Il n’est donc pas surprenant qu’elle soit représentée, en majesté, dans la nouvelle station de métro, construite sous l’autorité du régime rigoriste des Ayatollahs. En revanche, les détails des fresques sont indiscutablement d’inspiration chrétienne, ce qui peut étonner, dans un pays qui n’est pas réputé pour sa tolérance religieuse. Sur les fresques, on peut distinguer que la Vierge porte une auréole et qu’aucun des symboles qui y sont associés – comme l’Esprit saint sous la forme d’une colombe – ne détonnerait dans une église chrétienne.

Et voilà d’ailleurs un autre symbole que l’on peut admirer sur l’un des murs de cette étonnante station de métro : une église, surmontée d’une croix. La croix est pourtant un symbole que les musulmans refusent absolument, puisqu’ils considèrent que Jésus n’est pas mort sur cet instrument de torture. Autrement dit, c’est bien une église chrétienne qui est représentée sur les murs d’une station de métro financée par le régime des Mollahs, plus précisément une église arménienne, comme le montre son architecture typique.

En fait, toute la décoration fait référence à la communauté chrétienne d’Iran. La station débouche à proximité de la cathédrale arménienne Saint-Sarkis. Cette cathédrale, construite entre 1964 et 1970, rénovée en 2006, témoigne de la vitalité de l’Église apostolique arménienne. Elle compte plus de 200 000 fidèles en Iran, descendants d’une population aux racines immémoriales, qui ont survécu à la Révolution islamique de 1979.

Les chrétiens arméniens et assyro-chaldéens, de même que la petite communauté juive locale, bénéficie d’une réelle protection du régime iranien. Pour autant, il ne faudrait pas confondre cette mansuétude avec une ouverture à toutes les religions. Au moment même ou cette station est inaugurée, des chrétiens croupissent dans les geôles iraniennes au seul motif de leur foi. Il s’agit le plus souvent de convertis de l’islam, qui choisissent de se faire chrétiens, ce que le régime et une grande partie de la société civile refuse catégoriquement. Si le régime admet l’existence de minorités religieuses, il n’accepte pas pour autant que des citoyens musulmans quittent l’islam.

Des témoignages effroyables de l’histoire de ces chrétiens cachés sont régulièrement publiés par des associations comme Portes Ouvertes ou Aide à l’Église en Détresse. La présence de cette station de métro doit donc être remise dans son contexte. Mais pour autant, elle reste une bonne nouvelle, car elle rappelle la foi de ces chrétiens qui ne peuvent l’exprimer publiquement. Imagine-t-on la création d’une telle station dans le métro d’une ville de France ?

(Sources personnelles et Asriran.com 13/10/2025)

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