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Les séminaires américains sont en « bonne santé »

Les États-Unis ont ordonné plus de 400 prêtres cette année, ce qui les place largement en tête des pays occidentaux en matière de vocations sacerdotales (moins d’une centaine en France). Bien que le pays soit confronté à une sévère pénurie de prêtres, la plupart des séminaires américains « sont dans leur meilleure forme depuis des décennies », d’après George Weigel, membre du Centre d'éthique et de politique publique et intervenant régulier dans les séminaires.

Certes, les États-Unis pansent encore les plaies de l’effondrement des vocations religieuses de l’après-concile, plaies aggravées par les scandales des abus dans le clergé. Et en bien des endroits, le troupeau manque de berger, comme dans le diocèse de Grand Rapids (Michigan) : aucune ordination en 2025 et sept départs en retraite ou réaffectation hors du diocèse.

Mais malgré cette réalité inquiétante, on assiste à une véritable réforme en profondeur des séminaires eux-mêmes qui tirent les leçons de la crise, au point que certains parlent d’un « âge d’or de la formation au séminaire », notamment le père Carter Griffin, recteur du séminaire Saint-Jean-Paul II de Washington, D.C. Certains diocèses relativement petits et ruraux vivent une belle floraison d’ordinations, comme Bismarck (Dakota du Nord), Wichita (Kansas) ou encore Lincoln (Nebraska). Wichita et Lincoln sont dans le top 3 des 175 diocèses américains à avoir le meilleur ratio séminariste / population catholique : Wichita a 44 séminaristes, soit 1 pour 2 466 catholiques, Lincoln a 30 séminaristes, soit 1 pour 2 481 catholiques.

Cet âge d’or serait le fruit d’un travail initié par Jean-Paul II avec Pastores Dabo Vobis de 1992 qui insistait déjà sur la formation humaine des candidats, et poursuivi par Benoît XVI qui avait fait de la formation des séminaristes une des grandes priorités de son pontificat. Dans sa lettre aux séminaristes du 18 octobre 2010, Benoît XVI écrivait : « Je ne peux que vous prier avec insistance : Étudiez avec sérieux ! Mettez à profit les années d’étude ! Vous ne vous en repentirez pas. » Il insistait beaucoup sur la rigueur doctrinale de l’apprentissage (Écriture Sainte, dogmatique, théologie morale, doctrine sociale, les Pères de l’Église et les grands conciles), de façon à offrir aux futurs prêtres des bases solides, indépendamment des « questions changeantes du moment. »

Mais Benoît XVI ajoutait : « Les années de séminaire doivent être aussi un temps de maturation humaine, [pour que le séminariste atteigne un] juste équilibre [entre] le cœur et l’intelligence, la raison et le sentiment, le corps et l’âme, et qu’il soit humainement "intègre". » Et désormais, George Weigel remarque « un niveau de maturité des séminaristes […] qui aurait été surprenant il y a 40 ans ». On a perdu en nombre (plus de 6 400 séminaristes, il y a 40 ans, contre moins de 3 000 actuellement, selon le Centre de recherche appliquée sur l’apostolat de l’Université de Georgetown), mais la qualité de la formation rassure les experts.

Les formateurs avisés et expérimentés discernent la vocation de chacun. Des tests psychologiques sont pratiqués. On ose désormais éliminer les candidats qui n’ont pas les qualités requises pour l’exercice du ministère ordonné. « L'époque où l'admission au séminaire garantissait quasiment l'ordination est presque révolue », a déclaré Weigel. Le Programme de formation sacerdotale met de plus en plus l’accent sur le célibat et son importance, alors que la question était quasiment éludée dans les années 70. L’exigence morale des candidats s’accroît. On insiste sur le combat spirituel, l’enracinement dans les vertus, l’adoration eucharistique et le chapelet. La « bonne santé » des séminaristes passe aussi par des applications pratiques aussi diverses que connaître les bonnes manières à table, les techniques de survie dans la nature ou encore le jeûne des écrans.

(Sources : ewtn, vatican.va, catholicworldreport.com)