En Indonésie, une classe de catéchisme attaquée

Dimanche 27 juillet, à Koto Tangah, dans la banlieue de Padang, à l’ouest de Sumatra, un groupe d’extrémistes musulmans a fait irruption dans un lieu privé transformé en lieu de culte par la communauté protestante locale. Quand les assaillants, armés de bâtons, de pierres et de couteaux, ont investi la maison, des dizaines d’enfants assistaient à un cours de catéchèse. Ils ont molesté les assistants, blessé deux enfants, et détruit les objets à caractère religieux, le mobilier et les fenêtres.
Le maire de Fadly Amran, à l’Ouest de Padang, a déploré les faits, mais en les relativisant, parlant d’une simple « incompréhension » entre voisins. Il ajoutait que le bâtiment attaqué n’était pas formellement une église, mais une maison privée utilisée par les chrétiens pour leur éducation religieuse.
Mais le responsable de la communauté, le pasteur Fu Kwet Khiong, a exprimé son inquiétude devant cet évènement, qui s’inscrit selon lui dans un contexte croissant d’intolérance religieuse. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République Prabowo Subianto, il a écrit : « Quand des enfants sont blessés durant un temps de prière, ce n’est pas juste une maison qui est attaquée, c’est la conscience de la nation. » Dans la même missive, il demande que les responsables de l’attaque de dimanche soient arrêtés. Il s’inquiète également de voir que la « tolérance religieuse » affichée par l’administration indonésienne s’apparente plus à de la rhétorique qu’à une réelle volonté politique.
Dipa Arif, collaborateur de la commission Justice et Paix, s’inquiète d’une dérive qu’il qualifie de « pakistanaise » de son pays natal. Il rappelle que la Constitution indonésienne repose sur le Pancasila, une doctrine qui reconnaît et protège six grandes religions, dont le christianisme. Or, la multiplication des incidents antichrétiens remet en cause ce pluralisme affiché. Ainsi, l’Institut Setara a recensé plus de 3 000 violations à la liberté de religion et de croyance entre 2014 et 2024. « Derrière ces chiffres, ce sont des églises fermées, des fidèles intimidés, des fêtes religieuses perturbées, des groupes minoritaires interdits d’enregistrement ou de culte », rappelle Dipa Arif.
Il a vu durant ces deux dernières décennies la société indonésienne se transformer, le conformisme religieux se généraliser. « L’idée même qu’un chrétien puisse ouvrir un lieu de culte dans une banlieue majoritairement musulmane est devenue problématique, non pas tant en raison de la loi, mais parce que le "bon voisinage" exige désormais l’homogénéité », dénonce-t-il.
Or, les gouvernements successifs, ambigus et passifs, ne se montrent pas à la hauteur de cette menace. Dans le cas de l’attaque de Padang, l’administration n’a pas condamné clairement les violences. « Le silence de l’État, en matière de protection des minorités religieuses, est devenu une forme de complicité tacite », s’alarme-t-il. Il craint que l’archipel ne finisse par connaître le destin du Pakistan. La Constitution, démocratique et ouverte, est perpétuellement contournée ou instrumentalisée par les groupes religieux les plus revendicatifs et les plus susceptibles de faire usage de la violence.
(Sources : Asianews 29/7/2025 et blog Mediapart 29/7/2025)
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