Le Nouveau Testament a changé sa vie et il le fait savoir
Tyson Gossart, alias ChrétienEnBaw sur TikTok, utilise les nouvelles technologies pour faire connaître le christianisme bimillénaire. Grâce à ses vidéos publiées sur le réseau social et aimées près de quatre millions de fois, ce Lommois partage sa foi, ses enseignements et démystifie les outrages faits à la communauté chrétienne.
Un visage juvénile face caméra, des yeux bleu clair derrière une paire de lunettes fines et une croix autour du cou. Ainsi se présente Tyson Gossart, connu sur le réseau social TikTok sous le pseudonyme ChrétienEnBaw, à ses 140 000 abonnés. Tous les jours, le jeune homme de 18 ans publie au moins une vidéo afin de prodiguer ses conseils à la communauté chrétienne, de partager sa foi ou de lutter contre les fausses allégations. Par exemple, ChrétienEnBaw recommande « à tous ses frères et ses soeurs en Christ » de lire les psaumes « pour avoir des idées de choses à dire durant les prières ». S’ensuit la lecture, d’une voix calme et posée, du psaume 139, verset 1. Dans une autre vidéo, il réfute un « musulman qui a calomnié la religion chrétienne » et invite à bien l’écouter pour « ne pas tomber dans le piège du Malin ». Il revient aux textes originels pour affirmer son propos avant de conclure : « Ne vous laissez pas berner par les hypocrites et soyez vigilants, que la grâce et que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ vous accompagnement tous, tout au long de votre vie. » Autre exemple de contenu avec une vidéo dans laquelle Tyson présente et décrit sa nouvelle icône de saint Paul et saint Pierre – « deux apôtres très, très importants » – directement importée de Thessalonique, « une petite ville en Grèce où une épître a été attribuée à saint Paul ». Dans la description de cette séquence, il met en garde ceux qui lui intenteraient un procès pour idolâtrie, car les représentations seraient interdites : « Si vous pensez que nous n’avons pas le droit, c’est que vous ne voulez pas le comprendre, gloire à Jésus. »
UN BAPTÊME PAR TRADITION
Si Tyson Gossart proclame et assume publiquement sa foi orthodoxe aujourd’hui, il n’a pourtant jamais été sensibilisé au christianisme. « Après un baptême par tradition, j’ai passé la plus grande partie de mon enfance sans entendre parler de Jésus ou de Dieu », retrace-t-il. Et puis, un événement se produit. Un jour – au cours de l’année 2021 –, son frère rentre avec un Nouveau Testament trouvé au hasard dans la rue. Il partage la même chambre que son aîné, dans la maison familiale située à Lomme, juste à côté de Lille. Tyson, par l’intermédiaire de son grand frère, vient de rencontrer Dieu pour la première fois en découvrant les écrits relatifs à la vie de Jésus. Quelques mois plus tard, adolescent précoce et mature, le futur chrétien traverse une période de remise en question alors qu’il n’a que 16 ans : a-t-on un but dans la vie, une destinée ? Ce qui arrive doit-il arriver, ou est-ce le fruit du hasard ? Comment se positionner face à la création du monde ? De l’Univers ? Existe-t-il une entité supérieure ? « Mes questionnements sont arrivés à une période pendant laquelle je ressentais de la solitude… C’est le moment idéal pour faire le point avec soi-même et se poser des questions qu’on ne se poserait pas autrement », explique Tyson.
Commence alors une véritable étude théologique : « Je m’intéresse aux trois religions monothéistes principales, j’ai un Coran, une Bible et la Torah est dans la Bible. » Ses premières conclusions sont sans appel : « Le judaïsme ne reconnaît pas Jésus comme Messie contrairement à l’islam, et la Bible m’a plus convaincu que le Coran. » Le jeune homme poursuit ses lectures, « frappé par la vie de Jésus et l’envie d’en découvrir plus ». Il franchit finalement les portes de l’église catholique du Sacré-Coeur-de-Jésus à Lomme, l’une des deux églises de sa paroisse.
L’accueil que Tyson Gossart reçoit à l’église le conforte dans sa spiritualité. Il entame le cheminement de la première communion, qu’il fait au début de l’année 2023. Quelques mois plus tard, il en retient que « la vie à l’église et la vie liturgique en général sont nécessaires dans la foi chrétienne, car les événements chrétiens nous rapprochent de Dieu, en plus d’être enrichissants sur le plan social ». Tout au long de son parcours, Tyson partage sa croyance avec ses parents, de la même manière qu’il les informe de son activité sur TikTok. Il évoque aussi le réseau social auprès de sa paroisse. Dans les deux cas, les retours protecteurs sont les mêmes : attention à ne pas trop s’exposer, certaines personnes sont malveillantes, particulièrement sur Internet. Quant à sa foi, ses parents, non chrétiens, regardent d’abord son éveil spirituel avec circonspection, comme l’explique Tyson : « Ils se questionnaient car ils ne connaissaient pas et ils ne voulaient pas que je me rapproche de choses bizarres comme des sectes, mais j’allais juste à l’église, je pratiquais ma foi et je priais. » Rassurée, sa mère lui offre sa première Bible. Au lycée, période à laquelle il commence à « avoir une foi sincère », le nouveau chrétien ne se cache pas non plus. Il se souvient que, dans sa classe, il comparait sa religion avec des camarades d’autres confessions, « toujours dans la bienveillance ». Parmi ses amis de première et de terminale, l’un ne partage pas sa foi mais la respecte, l’autre la partage mais ne la pratique pas.
« J’AI DÉJÀ PENSÉ À ÊTRE MOINE »
Son baccalauréat STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) en poche depuis 2022, Tyson Gossart pense désormais à la suite. Et même s’il admet volontiers que TikTok a changé sa vie, il ne compte pas en faire son métier. Non, le réseau social lui permet simplement d’entrer plus facilement en contact avec la communauté chrétienne. Sa chaîne, ChrétienEnBaw, nommée ainsi en référence à une chanson du rappeur Gazo, lui rapporte en moyenne « entre 180 et 220 euros par mois ». Le futur ne s’inscrit donc pas sur Internet, mais bien dans la vie réelle. Quelles options considère-t-il ? La première : reprendre les études. « J’aimerais beaucoup être psychologue pour aider, c’est une grâce d’aider les gens. » La deuxième option consiste à postuler pour un travail d’employé polyvalent dans un magasin, toujours dans l’optique « d’être en contact avec les autres ». La troisième possibilité n’est plus vraiment d’actualité : « J’ai déjà pensé à être moine mais j’ai pris du recul et je ne crois pas être prêt pour avoir un rôle important dans l’Église et avoir de grandes responsabilités… C’est une idée que je ne rejette pas en tous les cas. » Quel que soit son choix, Tyson Gossart ne négligera pas sa foi devenue orthodoxe suite à des rencontres personnelles et pour l’aspect traditionnel qu’il apprécie tout particulièrement. « Tout ce qui est positif et réparateur dans ma vie m’a été apporté par Dieu », reconnaît-il, affirmant dans le même souffle que Jésus occupe une place centrale dans sa vie.
Maxime Dewilder
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