Actualité en bref 

Regain de tensions entre l’Église catholique et le gouvernement au Venezuela

Various, see File history below for details., Public domain, via Wikimedia Commons.

La canonisation de saint José Gregorio Hernández et de sainte Carmen Rendiles, les deux premiers saints du Venezuela, par le pape Léon XIV, le 19 octobre dernier, a suscité un élan d’enthousiasme et d’espérance à travers le pays. Une messe d’action de grâce avait été prévue pour le samedi 25 octobre, à Caracas. Mais divers obstacles se dressèrent, et cette messe fut finalement annulée.

Cet événement devait être l’occasion d’une grande « Fête de la Sainteté ». Environ 80 000 fidèles de tout le pays s’étaient inscrits pour participer à cette cérémonie organisée dans le stade Simón Bolívar de Caracas. Or, le stade a une capacité de 48 000 places. C’est en invoquant officiellement le manque de places que l’archidiocèse a annoncé l’annulation de ce rassemblement dans un communiqué publié le 22 octobre : « Après une analyse technique et pastorale rigoureuse des lieux possibles, nous avons conclu qu’il n’est pas possible d’organiser la célébration au Stade [Simón Bolívar] dans les conditions de sécurité et de capacité nécessaires. » En réalité, à côté de « l’analyse technique », « l’analyse pastorale » sous-entend que l’Église catholique du Venezuela ne souhaitait pas laisser le gouvernement Maduro récupérer cet événement à des fins politiques. En effet, selon le journal El Estimulo, « le gouvernement avait demandé environ 12 000 places, notamment dans la zone centrale où les organisateurs de l'événement prévoyaient d'installer leurs invités de marque, tels que des prêtres, des religieuses, des personnalités influentes et des journalistes. » Ayant annulé ce grand rassemblement, l’épiscopat vénézuélien a fait célébrer des messes dans toutes les paroisses, le 25 octobre, à 10h00.

Les relations entre l’Église catholique et le gouvernement du président Nicolas Maduro sont tendues. Le cardinal émérite Baltazar Porras a appelé récemment à la libération des 800 prisonniers politiques au Venezuela. Ce qui ne fut pas du goût du dictateur chaviste Maduro, accusé par les États-Unis de fraude électorale, trafic de drogue et terrorisme. De son côté, Maduro a accusé le cardinal Porras de « conspirer » contre la canonisation de José Hernández !

En réalité, le cardinal devait se rendre le dimanche 26 octobre à Isnotú, ville natale de saint José Gregorio Hernández, pour célébrer une messe d'action de grâce à l’occasion de sa canonisation. Il raconte sur son compte Instagram que d’étranges consignes ont été données pour empêcher sa venue. D’abord « un appel du vice-ministre des Affaires religieuses […] informant qu’il était inopportun pour [lui] d’être présent à Isnotú, car ils avaient des nouvelles de troubles ou d’événements qui allaient s’y produire. » Voulant s’y rendre malgré tout, il apprend que son vol a été annulé. Or, l’avion a bien effectué le trajet, mais sans lui. Le cardinal prend alors un vol privé, mais un ordre est donné aux pilotes de « faire escale à Barquisimeto, car des vents très violents soufflent sur l’aéroport de Valera. » Pendant que le cardinal apprend qu’en réalité aucun vent ne souffle à Valera et que le trafic y est normal, il se trouve encerclé par de nombreux militaires à Barquisimeto. Il cherche à terminer son voyage par la route, mais, « pratiquement confiné », il finit par être contraint de rentrer à Caracas.

Le gouvernement cherche à contrôler l’Église, tout en tirant profit de la canonisation, et ne tolère aucune critique venant des catholiques. Le 23 octobre, le père Juan Manuel León, curé de la paroisse Saint-Jean-Paul II, située à la périphérie de la ville de San Juan de los Morros, dans l'archidiocèse de Calabozo, à environ deux heures de la capitale, a reçu des menaces de mort en raison de ses positions politiques hostiles au communisme. Quelques jours plus tôt, le 17 octobre, à Rome, le journaliste vénézuélien Edgar Beltrán, travaillant pour The Pillar, un media catholique américain, avait été agressé à l'Université pontificale du Latran, pendant une cérémonie précédant la canonisation des deux saints vénézuéliens. 

(Sources : elestimulo.com, catholicvote.org, aciprensa.com)

Retour à l'accueil