Nouvel assassinat d’un « serviteur de l’Évangile et du peuple de Dieu » au Mexique
Le Chiapas est en deuil. Le père Marcelo Pérez est tombé sous les balles de tueurs, le 20 octobre à San Cristóbal de las Casas. La longue litanie des prêtres assassinés se poursuit, laissant au Mexique le triste palmarès du pays le plus dangereux d’Amérique latine pour les prêtres, alors que 80 % de la population se dit catholique.
À l’occasion de l’angelus du 27 octobre dernier, le Saint-Père s’est déclaré « proche de la chère église de San Cristóbal de las Casas ». Il a qualifié le père Marcelo Pérez de « serviteur zélé de l’Évangile et du fidèle peuple de Dieu ». D’après le journaliste Diego López Colín pour ACI Prensa, « Le Bureau du Procureur général de l'État du Chiapas [affirme que] "deux personnes à bord d'une moto ont tiré sur le véhicule" du père Pérez, qui avait célébré la messe dans le quartier Cuxtitali de San Cristóbal de las Casas, et se dirigeait vers la Paroisse Notre-Dame de Guadalupe, où il était curé. Le père Pérez est décédé sur le coup. » Le Pape François a ajouté : « Que son sacrifice […] soit un germe de paix et de vie chrétienne. »
La Conférence des évêques du Mexique a déclaré que ce nouvel assassinat « prive non seulement la communauté d'un pasteur dévoué, mais fait également taire une voix prophétique qui a lutté sans relâche pour la paix, la vérité et la justice dans la région de Chiapas. »
Or, la paix, la vérité et la justice sont insupportables pour les groupes criminels qui asphyxient le pays. D’après le journaliste Isaín Mandujano, vivant au Chiapas, et spécialiste des questions de violence dans l'État, les propos du père Pérez « l'ont placé dans la ligne de mire des petits chefs locaux et des groupes criminels qui contrôlent des entreprises illégales et des activités qui perturbent l’harmonie dans les communautés indigènes du Chiapas. » Les meurtriers ne supportaient plus le père Marcelo parce qu’il était « la voix des villages et des communautés qui protestaient contre l'augmentation de la consommation de drogue. » L’impunité prévalant dans la plupart des cas, de nouveaux drames seront hélas probablement à déplorer.
Le père Omar Sotelo dirige le Centre multimédia catholique, organisme qui garde les archives concernant les assassinats de prêtres au Mexique ces dernières décennies. Selon lui, les prêtres subissent un véritable « harcèlement atroce et féroce », les empêchant de développer « une action réelle, concrète et libre dans leur travail pastoral ». L’Église construit, les groupes criminels détruisent. Les cartels organisent le démantèlement social et enracinent « les germes de la corruption, la culture de mort, du silence ». Ainsi, « la narco-violence, la narco-culture, la narco-économie » gagnent du terrain.
La puissance des narco-trafiquants est telle qu’ils s’en prennent même aux évêques. Le père Sotelo cite les cas du cardinal Francisco Robles, archevêque de Guadalajara, ou l'archevêque de Durango, Mgr José Faustino Almendariz, tous deux arrêtés par les narcos. Sans oublier le cardinal Juan Jesús Posadas Ocampo, archevêque de Guadalajara, exécuté le 24 mai 1993, laissant « une blessure ouverte dans nos cœurs et dans l'histoire de notre pays ». Plus récemment, le père José Filiberto Velázquez Florencio, prêtre du diocèse de Chilpancingo-Chilapa (État de Guerrero) a confié à l’AED être régulièrement agressé et se considère comme un « aumônier de guerre ».
Pourtant, malgré la peur et à travers elle, l’église du Mexique rayonne par sa force et sa fidélité. « Aujourd'hui plus que jamais, l'Évangile est plus vivant et présent, car il a des apôtres et des prêtres dédiés à cette mission évangélisatrice », affirme le père Sotelo. Le sang des martyrs étant semence de chrétiens, le père Marcelo Pérez « apôtre infatigable de la paix » aura avec ses innombrables confrères persécutés une grande fécondité quand l’heure de Dieu sonnera.
(Sources : aciprensa.com 10/2024)
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