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Mexique : le père Moisés, nouveau bienheureux pour un pays meurtri

Le bienheureux Moises Lira Serafin / © Vatican News

Le 14 septembre 2024 fut béatifié en la basilique Notre-Dame-de-Guadalupe de Mexico le père Moisés Lira Serafín (1893-1950) par le cardinal Marcello Semeraro, préfet du Dicastère des causes des saints. Le pape a salué cette béatification lors de l’angelus du 15 septembre. Il a rappelé que le père Moisés, Missionnaire de l’Esprit Saint et fondateur des Sœurs missionnaires de la Charité de Marie Immaculée, a passé sa vie « à aider les gens à progresser dans la foi et l'amour du Seigneur. »

La vie du nouveau bienheureux fut marquée par la souffrance : il a perdu sa mère à cinq ans, il a connu la pauvreté et la persécution, notamment celle du régime du président Calles pendant la guerre contre les Cristeros (1926-1929), mais il a su garder une profonde humilité et une joie contagieuse. « Que son zèle apostolique stimule les prêtres à se donner sans réserve pour le bien spirituel du Peuple saint de Dieu », a ajouté le pape.

Le miracle reconnu pour sa béatification concerne un bébé encore dans le ventre de sa mère. Au milieu des années 2000, la famille Sarahi attend la naissance de leur bébé. À 22 semaines de grossesse, l’échographie révèle une anasarque fœto-placentaire, œdème grave du fœtus entraînant généralement sa mort avant la naissance ou rapidement après. La mère demande alors l’intercession du père Moisés. Puis, à l’occasion d’un contrôle dans le 6ème mois, le médecin constate le parfait état de santé du bébé. Lissette Sarahi est née le 6 septembre 2004. Elle a aujourd’hui 19 ans et étudie le design numérique.

Cette béatification donne un intercesseur supplémentaire pour les femmes enceintes, pour leurs bébés, particulièrement ceux qui sont diagnostiqués malades et pour tous les priants pour la cause de la vie à naître. Mais elle sonne aussi comme un répit et un encouragement dans un Mexique où règne une violence inouïe.

En mai 2024, la journaliste Maria Lozano de l’Aide à l’Église en Détresse décrit la situation du Père José Filiberto Velázquez Florencio, prêtre du diocèse de Chilpancingo-Chilapa (État de Guerrero). Régulièrement menacé de mort, le père Fili a échappé à deux attaques armées. « En 2021, il a été enlevé par 50 hommes armés […] et il a failli être exécuté. » Le père Fili se décrit comme « aumônier de guerre ». Le Mexique est en proie à d’incessants conflits armés opposants divers cartels qui cherchent le « contrôle des routes de la drogue, de la traite des êtres humains, de l’exploitation minière illégale ou des produits agricoles. Au moins 16 groupes criminels différents […] se battent pour le pouvoir. » Lors de la campagne électorale du printemps dernier, trente candidats furent assassinés. En novembre 2022, des drones chargés d’explosifs ont été largués, endommageant églises et écoles des montagnes de Guerrero. Les prêtres réconfortent les victimes, prêchent la paix et dénoncent la violence. En conséquence, ils subissent « chantages par téléphone, menaces, fraudes, imposition d’un "droit d’accès" pour l’ouverture d’une église ». Ils négocient avec les groupes criminels pour leur faire poser les armes. Mais le gouvernement les accuse alors de complicité. Et l’étau se resserre, faisant du Mexique le pays d’Amérique latine le plus dangereux pour les prêtres dont quarante ont été tués en 18 ans.

Le bienheureux père Moisés n’a pas été épargné par la guerre que le Mexique livre à l’Église. En 1914, il fut arrêté à Veracruz, humilié et emprisonné, puis libéré. Mais malgré les hostilités politiques et les épreuves de sa vie personnelle, le père Moisés rayonna profondément de simplicité, d’abandon confiant en Dieu, d’obéissance. Les ordres religieux qu’il a fondés, les heures passées au confessionnal, témoignent de son amour inconditionnel pour les âmes et pour l’Eucharistie. Un saint prêtre dont le Mexique ensanglanté a tant besoin.

(Sources : ncregister.com 12/2023, vaticannews.va 09/2024, causesanti.va, acninternational.org 05/2024)

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