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Victimes du fléau des « crimes d’honneur » au Pakistan

© CC0, kai Stachowiak, www.publicdomainpictures.net

Deux nouveaux époux, Sajid Masih, 28 ans, et Sana Asif, 25 ans, ont été torturés et assassinés. Leurs corps ont été retrouvés le 28 juillet au fond d’un fossé à proximité de la mer, à Karachi.  Tous deux portaient des impacts de balles à l’arrière de la tête. Ils s’étaient mariés le 20 juillet dans cette ville, bien qu’ils fussent originaires de Gujranwala, dans le Punjab, probablement par peur des représailles.

Le mari Sajid Masih, chrétien, venait de se convertir officiellement à l’islam quelques jours plus tôt, afin de pouvoir épouser Sana Asif qui était musulmane. Bien que les responsables du crime n’aient pas été appréhendés, il paraît évident que la famille de Sana Asif n’a pas supporté de la voir rejoindre un « chrétien », même si celui-ci avait choisi de rejoindre l’islam. Pour le malheur de ce couple, il est admis qu’un musulman épouse une chrétienne, mais l’inverse paraît insupportable aux yeux d’une grande partie de la société pakistanaise.

Le père de Sajid Masih raconte : « Mon cœur a éclaté (…) mon fils et Sana ont été torturés, leurs jambes brisées, ils ont été battus sur tout le corps avant d’être exécutés. Après ce double meurtre, leur famille s’en est prise à nous. Ils ont brûlé notre maison. Nous nous cachons, sans domicile et terrifiés. L’amour ne devraient pas être une condamnation à mort. Nous demandons la justice et la protection. »

De tels crimes sont courants au Pakistan, si l’on en croit le militant défenseur des droits de l’homme Joseph Jansen. Les cas avérés de « crimes d’honneur » contre des musulmanes épousant des chrétiens ont bondi de 226 en 2023 à 405 en 2024. « Les crimes d’honneur sont souvent ignorés ou traités légèrement, bien qu’ils soient condamnés par nos lois. Ce qui est advenu de Sajid et Sana n’a rien d’un incident isolé, cela reflète un système qui ne parvient pas à protéger ses citoyens les plus vulnérables. »

La justice pakistanaise s’est montrée incapable de combler les failles de son système judiciaire, qui permet aux familles victimes de « pardonner » aux coupables de crimes d’honneur. De tels « pardons », sont en fait la source des pressions exercées pour empêcher d’obtenir justice. « Les crimes d’honneur ne sont pas des affaires privées mais des crimes de haine. Les Nations Unies ont enjoint le Pakistan à agir sans succès », rappelle Joseph Jansen. « Le fait que Sana ait été tuée juste après son mariage démontre une sérieuse faille de l’État pour protéger des femmes qui sont clairement à risque. Le gouvernement doit faire plus pour protéger des femmes comme elle », conclut-il.

(Source : Asianews 02/08/2025)

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