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À Montréal, une oasis de prière

Dans le centre-ville de Montréal au Québec, la basilique-cathédrale Marie-Reine-du-Monde trône parmi les gratteciel, offrant à la population un havre de paix au milieu de l’agitation quotidienne.

© Shutterstock

L’endroit est ouvert 365 jours par an, de 7 heures à 19 heures. « Seule la pandémie a réussi à nous faire fermer quelques jours », se souvient dans un demi-sourire Alain Vaillancourt, curé de la cathédrale depuis douze ans. En plein coeur de la ville, entourée de nombreux immeubles aux dizaines d’étages, la cathédrale n’impressionne pas de prime abord. Et pourtant… Après avoir gravi les quelques marches qui séparent la rue des portes de l’église, difficile de rester de marbre devant la nef dont les larges dimensions apparaissent alors clairement. La basilique mesure 105 mètres de long sur 45 mètres de large et la coupole, haute de 76 mètres, s’étend sur près de 23 mètres de diamètre. L’édifice est en réalité une réplique à l’échelle réduite de la basilique Saint-Pierre de Rome. Aussi, plus on avance dans son antre, plus notre dimension de grain de poussière dans l’Univers se fait jour. Sous la coupole, le visiteur pourra admirer un superbe baldaquin orné de feuilles d’or, une reproduction de l’oeuvre de Gian Lorenzo Bernini, dit Le Bernin, dans la basilique Saint-Pierre de Rome.

L’histoire du lieu commence avec le deuxième évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget (1840- 1876), qui, le 28 août 1870, posa la première pierre de cette cathédrale qu’il avait imaginée. L’idée d’en faire une réplique de Saint-Pierre de Rome marquerait l’attachement et la vénération que l’évêque de la ville portait au pape saint Pie IX. Vingt-quatre ans plus tard, l’édifice ouvrait ses portes pour la première fois au public avant de devenir, en 1919, une basilique-cathédrale. Le 1er janvier 1955, alors qu’une première phase de restauration débute, ce lieu désormais incontournable de la métropole québécoise prend le nom de Marie-Reine-du- Monde-et-Saint-Jacques-le-Majeur. Le 9 janvier 1937 s’y déroulent les obsèques du Frère André, premier saint né au Canada, mondialement connu pour avoir construit le plus grand sanctuaire au monde dédié à saint Joseph et être l’intercesseur de multiples guérisons miraculeuses. Autres dates marquantes : le 20 août 1951, Mgr Giovanni Battista Montini, futur pape Paul VI, visite la cathédrale, dix-huit ans avant le cardinal Karol Wojtyla. Et le 10 septembre 1984, celui que l’on appelle désormais Jean-Paul II revient et devient ainsi le premier pape à visiter le Canada.

Aujourd’hui, la basilique-cathédrale est notamment composée de la chapelle mortuaire des évêques qui reçoit la dépouille des évêques et archevêques de Montréal, de la chapelle de l’Assomption et d’un grand orgue de la maison Casavant qui compte 93 jeux répartis sur quatre claviers et un pédalier. Au fond de l’abside se trouve une statue de Marie Reine du Monde, patronne de l’édifice, sculptée par la canadienne Sylvia Daoust. Sainte Marguerite Bourgeoys et sainte Marguerite d’Youville sont également honorées. À l’extérieur, treize statues sculptées à la fin du XIXe siècle par Olindo Gratton représentent saint Antoine de Padoue, saint Vincent de Paul, saint Hyacinthe, saint Thomas d’Aquin, saint Paul, saint Jean, saint Jacques, saint Joseph, saint Jean-Baptiste, saint Patrick, saint Ignace, saint Charles de Borromée et saint François d’Assise. On peut également admirer devant la cathédrale une statue en bronze de Mgr Ignace Bourget réalisée par Louis-Philippe Hébert et inaugurée le 24 juin 1903. Au bas de cette statue se trouvent deux figures allégoriques représentant les vertus de la charité et de la religion. Le monument est gravé de ces mots prononcés par le deuxième évêque de Montréal : « Mes enfants, gardez le dépôt sacré des traditions. Souvenez-vous de mes labeurs. »

En l’an 2000, la basilique-cathédrale reçoit le titre de « lieu historique national », et la ville de Montréal la reconnaît comme « site patrimonial » le 23 janvier 2012. Alain Vaillancourt refuse pour autant de voir son église devenir un musée ou un lieu de spectacle, comme la basilique Notre-Dame située deux kilomètres plus loin. « Je ne veux pas qu’ici des touristes débarquent dans de grands autobus. Je ne veux pas que cette église se transforme en musée. Je veux vraiment qu’elle reste un lieu de foi, une oasis pour les personnes qui veulent se recueillir, car c’est un lieu très propice pour la prière. »

Trois messes parfois animées par des chorales rythment en effet chaque jour de la semaine. Par ailleurs, on insiste ici sur l’importance des sacrements, comme l’explique le curé : « Durant l’année de la Miséricorde [2016, ndlr], on a mis en place un endroit beaucoup plus propice, afin que les visiteurs nous voient quand on confesse. Les personnes qui n’ont pas l’habitude de se confesser viennent à nous désormais. Ils sont comme attirés. »

À Montréal, plus grande ville francophone d’Amérique et deuxième ville la plus peuplée du Canada avec 1,76 million d’habitants, on trouve des centaines de lieux de culte chrétiens, dont le très célèbre Oratoire Saint-Joseph du Mont-Royal (voir le numéro précédent). Mais ici aussi, comme dans de nombreux pays occidentaux, la foi décline largement. En 2000, un groupe du collectif autonome féministe brûla des croix devant la basilique-cathédrale, lança des objets et placarda des affiches à l’intérieur de l’édifice. « Comment redonner le goût de la foi ? C’est toute la question de l’évangélisation, analyse Alain Vaillancourt. Il faut aller vers les personnes qui sont abordables, avec qui on peut avoir un dialogue. L’avantage ici, c’est que l’église est toujours ouverte et que ceux qui cherchent Dieu peuvent venir nous parler. Il faut des lieux comme cela, accessibles à tous, parce qu’on ne peut pas vivre sans l’amour de Dieu. »

 

QUELQUES FAITS MARQUANTS SUR LA BASILIQUE MARIE-REINE-DU-MONDE :
  • Sa construction : elle s’est déroulée en deux phases, de 1870 à 1878 (la première pierre fut posée le 28 août 1870), puis de 1885 à 1894.
  • Son inauguration : elle a eu lieu le 25 mars 1894, le jour de Pâques, soit 42 ans après l’incendie de l’ancienne cathédrale Saint-Jacques.
  • Son coût : à l’époque de son inauguration, la cathédrale était le premier édifice montréalais à avoir coûté plus d’un million de dollars.
  • Ses dimensions : la basilique est la quatrième plus grande église du Québec mesurant 105 mètres de long sur 45 mètres de large.
  • Sa singularité : la cathédrale est la seule réplique (à échelle réduite) en Amérique de la basilique Saint-Pierre de Rome.

Sources : mariereinedumonde.org/fr/ et Wikipédia.

Marie-Ève Bourgois

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