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Manille : deux millions de pèlerins ont suivi le « Nazaréen noir »

La statue du Nazaréen noir, Quiapo (Manille, Philippines) / © Constantine Agustin, CC BY-SA 2.0, via Wikimedia Commons

En cette année du Jubilé de l’Espérance, la procession traditionnelle du « Nazaréen noir » a entraîné une foule immense de croyants à la suite de la célèbre statue philippine, le 9 janvier. Plusieurs éléments ont contribué à multiplier le nombre des pèlerins, estimé à deux millions. Outre le Jubilé, c’était la première fois que la fête avait lieu durant les vacances scolaires. Le cardinal de Manille, Jose Advincula, s’est réjoui de voir dans cet évènement l’illustration de la « sagesse de la foi ». Dans son sermon, il a rappelé que la perspective traditionnelle selon laquelle « tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir », a été dépassée par le Christ. La mort n’est pas la fin pour le chrétien, car en se livrant à la mort, par obéissance et par amour, puis en ressuscitant, le Christ a vaincu la mort. Il est toujours avec nous, jusqu’à la fin des temps et par conséquent, rien ne peut entamer l’Espérance des chrétiens. Environ 230 000 fidèles assistaient à la messe, avant de participer au pèlerinage.

Comme chaque année, la sculpture de taille humaine du « Nazaréen noir » est transférée de l’église Saint-Nicolas de Tolentino jusqu’à la paroisse de Quiapo, à Manille, soit une distance de 6 km. Sur le passage de la statue, une foule vient prier, demander une grâce personnelle ou un miracle, dans une ambiance de liesse populaire. Les fidèles les plus dévots sont vêtus de couleurs rouge et or – les mêmes que le costume porté par la statue – et effectuent le trajet pieds nus, tel le Christ sur son chemin de Croix. Certains jouent des coudes pour tenter d’embrasser le char où se dresse la statue. D’autres essaient de le toucher avec une serviette qu’ils garderont ensuite comme une relique. Ceux qui sont trop loin jettent parfois une serviette à ceux qui sont contre le char pour qu’ils accomplissent ce geste à leur place. Il en est même qui tentent de l’escalader ! La statue a d’ailleurs été protégée par un coffrage en verre afin de prévenir tout dommage lors de ces manifestations de piété exubérantes.

L’un des participants, Jenesis Robredo, témoigne : « C’est la source de bien des bénédictions pour ma vie et pour celle de ma famille, dans les joies et les peines de la vie quotidienne. » De son côté, un observateur anglo-saxon qui se définit comme athée s’étonne : « Je n’avais jamais rien vu de semblable... La dévotion dont ils font preuve pour attendre autant de temps pour embrasser la statue est proprement phénoménale […] Je n’ai jamais ressenti une passion comparable à celle que ces gens manifestent à l’égard de la religion. Cela ouvre les yeux d’assister à une telle scène. »

La tradition du Christ noir a grandi autour de cette statue, importée depuis le Mexique en 1606. La teinte brune que le bois de la statue à pris avec le temps – ou lors d’un incendie sur le bateau qui le transportait si l’on en croit une tradition – a contribué à sa popularité. Pour les Philippins, qui vivaient sous la colonisation espagnole, ce Christ à la peau mate paraissait plus proche d’eux que leurs maîtres ibériques. Depuis, elle a survécu aux incendies qui ont ravagé son église à deux reprises, à deux tremblements de terre, à des inondations, à plusieurs typhons, et même à des bombardements durant la Seconde Guerre mondiale.

(Sources : Asianews 9/1/2025 et OSV News 9/1/2025)

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