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La boussole œcuménique de Nicée

Le pape François souhaitait se rendre en Turquie. C’est son successeur Léon XIV qui accomplira le voyage, du 27 au 30 novembre, à l’occasion des 1700 ans du Concile de Nicée. Le Souverain pontife assure que cet épisode antique n’est pas un pas « un événement du passé », mais « une boussole » qui doit continuer « à guider vers la pleine unité visible des chrétiens ». Léon XIV et le patriarche de Constantinople Bartholomée célébreront ensemble cet anniversaire dans la ville même qui accueillit le premier concile œcuménique de l’histoire chrétienne. Léon XIV et Bartholomée signeront une déclaration conjointe, prieront et déjeuneront ensemble, le dimanche 30 novembre.

Léon XIV est attendu avec beaucoup d’intérêt et d’impatience par la communauté chrétienne locale, très minoritaire puisqu’elle ne compose plus que 0,2 % de la population (soit 169 000, d’après l’étude World Christian Database de mars 2023. 44 % d’entre eux sont orthodoxes, 27 %, catholiques et 15 %, protestants – le reste n’est affilié à aucune Église). Les chrétiens de Turquie ont massivement été massacrés ou chassés du pays, au point qu’ils ont pratiquement disparu de la société au cours du XXe siècle. Vestiges vivants d’une histoire souvent douloureuse, ils se retrouvent essentiellement dans l’ancienne capitale de l’Empire byzantin, Constantinople devenue Istanbul après la conquête de la ville par les Ottomans, le 29 mai 1453. Siège de la puissance impériale, puis lieu de division des chrétiens, qui culmina en 1204 lors du sac de Constantinople par les croisés latin (manipulés par leurs armateurs vénitiens), Istanbul est le théâtre de relations œcuméniques apaisées de nos jours, selon Mgr Massimiliano Palinuro, vicaire apostolique. Il voit comme un signe de la Providence que ce dialogue entre l’Orient orthodoxe et l’Occident catholique, entrepris au milieu du siècle dernier, se poursuive sur les lieux même où le schisme entre orthodoxes et catholiques avait été consommé.

Ce rapprochement entre l’Église de Rome et de l’Église de Constantinople fut historiquement consacré, le 5 janvier 1964, par la rencontre à Jérusalem du pape Paul VI et du patriarche Athénagoras. Il avait été préparé notamment, du côté catholique, par Angelo Giuseppe Roncalli - le futur pape Jean XXIII, délégué apostolique en Turquie et en Grèce entre 1935 et 1944 ; et du côté orthodoxe, par les patriarches Athénagoras, Démétrios et Barthélemy : « Ils ont courageusement ouvert ici, à Istanbul la voie de la fraternité et de la réconciliation » relève Mgr Palinuro. Cette démarche se poursuit en cette même ville, ajoute le vicaire apostolique, en citant une récente conférence organisée à Istanbul par la Société biblique de Turquie. Catholiques, orthodoxes et protestants de diverses confessions se sont retrouvés à décrire la même foi avec les mêmes termes : « Nous avons découvert que nous nous sentions tous héritiers de la même Traditio fidei (Tradition de la foi) », se réjouit-il.

(Sources : Vatican News 27/ 10/2025 et Aide à l’Église en Détresse 10/11/2025)

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