Actualité en bref 

Guerre et paix en Ukraine : la prudence du Saint-Siège

© Nadim Fevrier, L'insoumission.

La suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine et le dialogue musclé entre les présidents Trump et Zelensky à Washington, le 28 février, ont contraint les alliés européens de Kiev à se remettre en question. Officiellement, ils se mobilisent pour construire une défense européenne crédible sans les États-Unis et pour garantir le retour de la paix en Ukraine. Un sommet spécial de l'Union européenne sur la défense pour discuter des « garanties de sécurité » en faveur de l'Ukraine s’est tenu à Bruxelles le 6 mars. La Commission des épiscopats de l'Union européenne (COMECE) avait appuyé cette initiative dans un communiqué du 4 mars : les évêques appellent l’Union et les États membres à poursuivre leur aide à l’Ukraine, face à « l'invasion massive et injustifiable de la Russie », tout en souhaitant un accord de paix respectant le droit international, appuyé sur des garanties de sécurité, et impliquant « la victime de l’agression : l’Ukraine ». En outre, la COMECE  appelle à l’intégration de l’Ukraine au sein de l’Union européenne, épousant en cela les vœux de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Les évêques estiment que cet élargissement de l’UE lui permettrait de « rester fidèle à sa vocation de promesse de paix et d'ancrage de la stabilité dans son voisinage et dans le monde ».

Du côté du Saint-Siège, la prudence est de mise. L’hospitalisation du Pape explique pour une part la mise en sourdine de la diplomatie vaticane. Bien sûr, l’objectif reste inchangé : le retour de la paix.  « Depuis ici [la clinique Gemelli], la guerre me paraît encore plus absurde » a confié le pape François dans son message pour l’Angélus du dimanche 2 mars. Mais le Saint-Siège, c’est-à-dire, s’agissant des affaires étrangères, la Secrétairerie d’État, met en garde contre une solution qui écarterait le pays agressé de la table des négociations et imposerait une paix instable. Interrogé le 22 février par le quotidien italien Corriere della Sera, le cardinal Parolin, secrétaire d'État du Saint-Siège, a déploré qu’« on préfère s’inspirer de la loi du plus fort », en soulignant qu’une « paix véritable et juste naît de l’implication de toutes les parties ». Son second à la Secrétairerie d’État, Mgr Paul Richard Gallagher, avait lui aussi plaidé, dans un entretien à la revue jésuite America, pour l’inclusion des autorités ukrainiennes dans les négociations de paix.

Kiev s’était irritée de l’attitude jugée trop réservée du Saint-Siège à propos du conflit russo-ukrainien, au point de refuser la médiation que proposait le Vatican. A ceux qui s’étonnent aujourd’hui d’un certain attentisme romain face à la situation nouvelle créée par l’initiative sans précédent de Donald Trump, il faut sans doute rappeler que la prudence constante de la diplomatie vaticane est inscrite constitutionnellement, depuis 1929, dans les accords du Latran. Ceux-ci, en créant l’État de la Cité du Vatican, lui ont interdit de « faire valoir sa puissance morale et spirituelle » en faveur d’un camp engagé dans un conflit.

(Sources: Vatican News 04/03/2025 ; La Croix 05/03/2025)

Retour à l'accueil