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Nouvelles attaques meurtrières de deux villages chrétiens en RDC

Données cartographiques © 2025 Google

« Le décompte reste incertain, il y a encore des disparus, mais en tout, il doit y avoir eu plus de 150 morts »,  déplore l’abbé Aurélien Rukwata, depuis Goma, au Nord-Kivu. Dans cette région ravagée par la guerre civile, les deux attaques de la nuit du 8 au 9 septembre ont frappé une population déjà accablée et épuisée par les conflits.

Le père Rukwata, directeur de la Commission diocésaine justice et paix, dénonce une « habitude » qui s’installe dans les médias, malgré l’horreur des faits. Dans l’une des deux attaques, à Ntoyo, les assaillants s’en sont pris à une procession qui accompagnait un défunt. « Lors de tels évènements, chez nous, tous les voisins sont conviés et participent aux funérailles », raconte le père Rukwata. Des hommes et des adolescents en tenues militaires ont surgit de la forêt et se sont mis à tirer dans le groupe ou à frapper à l’arme blanche. Ils ont aussi incendié une partie des maisons du village avant de disparaître dans la forêt.

Ces attaques particulièrement meurtrières sont attribuées au Allied Democratic Forces, un groupe armé initialement ougandais, qui sévit en République démocratique du Congo depuis 30 ans. Combattues par les forces armées congolaises et ougandaises, les ADF seraient en difficulté. Ces actions terroristes seraient, selon notre interlocuteur, une façon de rappeler qu’elles conservent un grand potentiel de nuisance. Ce groupe, qui portait à l’origine des revendications politiques, a fait allégeance à l’État islamique et a opéré plusieurs massacres ciblant des églises ou, comme dans le cas de l’attaque de Ntoyo, des rassemblements de population à majorité chrétienne.

« Les autorités avaient été prévenues qu’il y avait des groupes armés tout proche. Nous sommes dans une zone très rouge, de priorité absolue… Et malgré cela, notre peuple n’a pas été protégé », s’emporte un prêtre de Butembo, proche du lieu de la tuerie, sous le sceau de l’anonymat. Il partage le ressentiment de ses paroissiens : « Nous avons l’impression d’être pris entre le marteau des AFD et l’enclume du M23. » Le M23, mouvement armé soutenu par le Rwanda, impose effectivement son autorité par les armes dans une grande partie du Nord et du Sud Kivu.

Monseigneur Donatien N'Shole, secrétaire général et porte-parole de la conférence épiscopale nationale du Congo, a réclamé, au micro de RFI que les parties en présence écoutent les propositions mises en place par les chefs religieux. Elles passent par la dénonciation claire de l’irresponsabilité de l’État et des conflits en son sein, qui permettent le pillage des ressources naturelles par les pays frontaliers. Le chômage, le manque d’eau courante, d’électricité, et l’état des routes sont autant de facteurs qui favorisent le recrutement de jeunes gens désespérés par la pauvreté et le chômage. La Conférence des évêques incite aussi les parents à envoyer tous les enfants à l’école, sans discrimination de sexe, convaincue que l’éducation fait partie des solutions pour relever le pays.

(Sources : Sahel Intelligence 11/09/2025 ; RFI 14/09/2025 et contacts personnels)

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