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Missionnaires du XXIe siècle en Éthiopie

Village de Doose, vallée de l'Omo / © Bernard Gagnon, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Bien que l’Éthiopie soit une vieille nation chrétienne, certaines de ces populations n’ont jamais été évangélisées. En particulier dans la vallée de l’Omo, au sud-ouest du pays, où vivent des ethnies qui conservent leur mode de vie ancestral. C’est auprès d’elles que sont envoyés les Spiritains, appelés également missionnaires du Saint-Esprit. « Le charisme de l’ordre veut que nous allions là où l’Église manque de personnel ou là où personne d'autre ne va », explique le Père Kilimpe. Il a été nommé en 2022 supérieur des Spiritains dans son Éthiopie natale.

Le missionnaire voit dans l’évangélisation de ces populations une tâche exigeante et passionnante, qui demande un profond respect. « Toute communauté a sa propre culture, et naturellement, sa culture est très belle », assure le prêtre. Pourtant, certaines habitudes de ses hôtes peuvent sembler étranges voire troublantes. Ainsi, dans l’ethnie Hamar auprès de laquelle il a été envoyé, il existe un rituel initiatique effrayant pour que les garçons deviennent des hommes. Quatre ou cinq taureaux sont placés flanc contre flanc, le garçon grimpe sur leur dos et saute d’une bête à l’autre, à plusieurs reprises, en fonction de sa force.

La suite du rituel trouble encore plus le père Kilimpe. Quand le jeune homme a accompli son épreuve, les femmes et les filles de sa famille célèbrent l’évènement avec lui en se faisant fouetter par le jeune homme : « Pour elles, c’est une façon d’exprimer leur joie, mais la flagellation est extrêmement cruelle et blesse le corps des femmes et des filles. On voit les femmes saigner et elles en gardent de grandes cicatrices », décrit le prêtre.

Il témoigne avoir vu une fillette de neuf ou dix ans qui réclamait cette flagellation. Sa mère a refusé, mais le reste de la famille l’a permis. Elle a été flagellée et elle souriait : « Pour moi, c’était inacceptable. J’ai vu les cicatrices sur son corps, cela m’a bouleversé. Presque comme si c’était à moi qu’on avait infligé cette blessure. » Le Spiritain souhaite que ce peuple conserve ses traditions, mais aimerait qu’il trouve une alternative douce au rituel des taureaux... : « C’est un processus qui demande du temps et qui exige beaucoup de dialogue », assure-t-il.

Il ne veut surtout pas que ce peuple Hamar considère qu’il a une mauvaise culture, mais qu’il accepte qu’elle soit évangélisée. Pour entrer en dialogue avec leur culture, le prêtre a appris la langue des Hamar et partage leur vie quotidienne. Il trouve au sein de leurs traditions des éléments sur lesquels appuyer son annonce de l’Évangile. Il invite notamment le peuple Hamar à une approche holistique : « Il faut nourrir le cœur, l’esprit et le corps », explique-t-il. En tant que missionnaire, il porte la Parole de Dieu, sans oublier de se soucier aussi de l’approvisionnement en eau potable de ses paroissiens et de l’éducation des filles.

(Source : Aide à l’Église en Détresse 01/09/2025)

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