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L’Église catholique et le Labor Day

© CC0 Andrea Piacquadio, pexels

Tous les premiers lundis de septembre, le Labor Day, fête du travail, est férié aux États-Unis. Proche de la rentrée, il marque la fin officieuse de l’été et offre un long week-end pour prendre du souffle. L’origine de ces fêtes du travail, aux États-Unis et au Canada, comme en France et ailleurs le 1er mai, n’est pas religieuse. Elle vient de mouvements sociaux populaires réagissant aux conditions de travail du monde ouvrier.

Cependant, l’Église, toujours soucieuse d’inculturation, propose à l’occasion de ces fêtes profanes une réflexion sur la valeur du travail. L’Église universelle qui fête saint Joseph le 19 mars en tant qu’époux de la Vierge Marie et patron de l’Église universelle, le fête à nouveau le 1er mai en tant que patron des travailleurs. Mais le 1er mai n’est pas férié aux États-Unis.

L’Église catholique américaine ne célèbre pas particulièrement saint Joseph lors du Labor Day, mais elle rappelle l’enseignement sur la valeur du travail : la « signification profonde [du Labor Day] réside dans la célébration de la dignité du travail et de la contribution des travailleurs à la société. Pour les catholiques, cette journée offre une occasion unique de réfléchir aux enseignements de l'Église sur le caractère sacré du travail, la dignité humaine et notre rôle dans la construction d'une société juste », écrit le père Joe Connelly, prêtre de la paroisse des Anges Gardiens à Oakdale, près de Minneapolis, dans le Minnesota. Pour illustrer le paradoxe qui consiste à chômer le jour de la fête du travail, il convient de rappeler le caractère indispensable du repos : le Labor Day « est aussi l'occasion de reconnaître l'importance du repos, que l'Église enseigne comme essentiel à notre bien-être. Le rythme du travail et du repos, tel qu'il est prescrit par Dieu, est un modèle de vie humaine », écrit le père Joe.

Citant abondamment Rerum Novarum et Quadragesimo Anno, le prêtre rappelle que le travail est un « élément essentiel à notre vocation d’enfants de Dieu » et non pas seulement un « fardeau ». Par le travail, nous coopérons à l’œuvre créatrice de Dieu et nous servons le bien commun et nos frères. « Le Christ, lui-même, a travaillé comme charpentier », insiste-t-il.

Le travail doit être cadré par le droit : « Un salaire équitable, des conditions de travail sûres, des horaires raisonnables et le repos ne sont pas de simples privilèges, mais sont essentiels au respect de la dignité de la personne humaine. » Affirmant que l’enseignement de l’Église catholique est « aussi pertinent aujourd'hui qu'à sa première proclamation », le père Joe Connelly rappelle la véritable hiérarchie : « les systèmes économiques doivent servir la personne humaine, et non l'inverse. »

C’est justement une lutte pour des « horaires raisonnables » à Chicago, en 1886, dans les usines McCormick, qui marque l’origine des fêtes du travail en Europe et Outre- Atlantique. On réclama la journée de travail limitée à 8 heures. Le 1ermai 1886, une grève est déclenchée dans plusieurs villes américaines. Les affrontements sont violents, et à Haymarket Square à Chicago, la lutte dégénère avec l’explosion d’une bombe faisant plusieurs morts. Les milieux politiques de gauche vont reprendre ainsi ce 1er mai comme symbole de la lutte du monde ouvrier. La fête du Travail est ainsi fixée en Europe. Mais les autorités américaines, voulant se démarquer de l’idéologie socialiste et anarchiste, refuseront d’autoriser le 1er mai comme jour férié et fête du Travail. Cependant, quelques années plus tard, en 1894, pour apaiser les tensions sociales persistantes, le président Grover Cleveland instaurera le Labor Day, fixé au premier lundi de septembre.

(Sources : catholicvote.org, guardian-angels.org)

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