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Les évêques mexicains pressent les autorités de s’attaquer aux causes de la violence

© CC0 pxhere

La liste s’allonge des maires assassinés au Mexique depuis un an. Carlos Manzo, maire d'Uruapan (dans l’État du Michoacán, à l’ouest du pays), a été tué par balle à bout portant, le 1er novembre dernier. Comme les nombreux prêtres menacés et tués dans ce pays pourtant catholique, les maires sont des cibles du crime organisé : avant Carlos Manzo, une dizaine avaient été assassinés depuis un an ; trois dans le Michoacán, autant dans le Guerrero, deux dans l’Oaxaca, un dans le San Luis Potosí, et un dans l’Hidalgo.

L’assassin de Carlos Manzo, le jour de la Toussaint, a été tué immédiatement. Mais la Conférence des Évêques du Mexique (CEM), qui intervient régulièrement au sujet de l’extrême violence qui gangrène le pays, affirme : « Aujourd’hui, il ne suffit plus d’appréhender le meurtrier : nous devons combattre avec détermination les causes de tous ces meurtres. »

Le communiqué de la CEM du 2 novembre rappelle ce verset de la Genèse (Gn 4, 9) : « Caïn, qu’as-tu fait de ton frère ? » Or les Caïn prospèrent : en plus de la délinquance galopante, la population fait face à des groupes criminels et des cartels particulièrement puissants, qui contrôlent une grande partie du territoire. Carlos Manzo faisait partie des voix qui s’élèvent pour dénoncer ce fléau. Il savait la menace qui pesait sur lui : « Je ne veux pas devenir un maire de plus sur la liste des personnes exécutées, de celles dont la vie a été fauchée. Je ne veux pas que les policiers municipaux continuent de devenir des statistiques, ni les citoyens honnêtes et honorables qui travaillent et qui sont victimes de ce fléau social », avait-il courageusement affirmé.

Les groupes armés contrôlent la vie publique, les routes et beaucoup de terres : quelques jours avant l’assassinat de Carlos Manzo, c’est Bernardo Bravo Manríquez qui a été victime des cartels. Il était président de l'Association des producteurs d'agrumes de la vallée d'Apatzingán (Michoacán) et avait dénoncé les pressions exercées par le crime organisé sur les producteurs agricoles, selon Diego López Colín, journaliste au catholicnewsagency.

Les évêques mexicains dénoncent une nouvelle fois le « grave affaiblissement de l’ordre constitutionnel que les gouvernements aux niveaux municipal, étatique et fédéral sont tenus de garantir ». Et face à cette incapacité des autorités à assurer le premier des pouvoirs régaliens, à savoir la sécurité intérieure, la terreur gagne régulièrement du terrain : les gangs tiennent des barrages routiers, saisissent des terres, menacent constamment des producteurs, des commerçants, ainsi que des représentants du gouvernement.

Les évêques dénoncent non seulement les assassinats de fonctionnaires, mais aussi les lourdes menaces que subissent « des milliers de citoyens dont les libertés sont bafouées quotidiennement dans leurs déplacements et leurs activités commerciales et récréatives ».

Tout en témoignant leur reconnaissance et leur proximité avec ceux qui, « même dans des contextes marqués par la violence, restent fidèles à leur mission de proclamer l’Évangile », les évêques exigent des autorités politiques « détermination et perspicacité » et leur rappellent l’absence d’état de droit au Mexique.

Se tournant vers la Vierge de Guadalupe pour obtenir « la paix, la liberté et le développement que mérite le Mexique », les prélats rappellent à leurs fidèles que « la lumière ne s'éteint jamais face aux ténèbres ».

(Source : catholicnewsagency.com, notus.com.mx)

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