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Les carmélites de Compiègne canonisées 230 ans après leur martyre

Vitrail de l'église Saint-Honoré d’Eylau, Paris 16e. / © CC0 Wikimedia.

Le martyre des seize carmélites déchaussées de Compiègne, guillotinées à Paris le 17 juillet 1794, pendant la Terreur révolutionnaire, vient d’être reconnu par le pape François. Il a signé le 18 décembre le décret reconnaissant leur canonisation équipollente, c’est-à-dire sans qu’il soit nécessaire d’attendre de miracles obtenus par leur intercession pour qu’elles soient proclamées saintes, en raison du don total qu’elles ont fait de leur vie. Elles avaient déjà été béatifiées de la même façon (sans qu’un miracle soit nécessaire) en 1906 par le pape saint Pie X.

Cet épisode de la Terreur a été rendu célèbre par l’opéra de Francis Poulenc « Dialogues des carmélites » et par un film, d’après un scénario écrit peu de temps avant sa mort par Georges Bernanos (lui-même inspiré du roman historique La Dernière à l'échafaud de l’allemande Gertrud von Le Fort).

Plus de 230 ans après leur martyre, les seize carmélites de Compiègne victimes de la Révolution et tuées en haine de la foi sont donc inscrites au martyrologe romain, ce qui étend à l’Église universelle le culte de la bienheureuse Thérèse de Saint-Augustin et de ses quinze compagnes, dont l’exécution symbolise la haine antireligieuse qui s’est déchaînée pendant la Révolution française. Contraintes de quitter leur monastère en septembre 1792, elles furent arrêtées en juin 1794 dans les environs de Compiègne où elles s’étaient réfugiées, revêtues d’habits civils, tout signe religieux étant interdit par les autorités révolutionnaires. Accusées d’avoir poursuivi leur vie consacrée et de nourrir des sympathies pour la monarchie, les religieuses sont transférées le 12 juillet à Paris et internées à la prison de la Conciergerie. Le 16 juillet, elles y célèbrent la fête de Notre-Dame du Mont-Carmel, en entonnant des hymnes de joie. Elles sont jugées sommairement, condamnées à mort le 17 comme « ennemies du peuple », et exécutées le même jour sur le site de l’actuelle place de la Nation. Sur le trajet les menant à l’échafaud, puis en montant les unes après les autres vers la guillotine, elles chantent des psaumes et entonnent le « Veni Creator ». Leur dignité et leur ferveur imposa le silence à la foule. Leur supérieure, mère Thérèse de Saint-Augustin, avait proposé aux sœurs d’offrir leur vie pour le salut de la France. Dix jours plus tard, Robespierre fut arrêté et exécuté sans procès le jour suivant avec 21 de ses partisans, dont son frère et Saint-Just (28 juillet 1794).

Mgr Éric de Moulins Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, avait demandé au Pape, en 2021, la reprise du processus de cette canonisation. Il s’est réjoui de cet épilogue au micro de Radio Vatican le 18 décembre: « Les carmélites de Compiègne sont de belles figures de la liberté chrétienne à vivre jusqu'au bout dans différentes circonstances historiques. Pour ma part, j'espère que cette canonisation contribuera un peu à un apaisement de notre mémoire française qui doit assumer des violences qui ont été dans notre histoire et qui font parties de celle-ci, mais à travers lesquelles des témoignages de foi, d'espérance et de charité ont été données, qui font aussi parties de la beauté de l'histoire française. »

(Sources : Vatican News 16/12/2024 et 05/11/2022)

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