Le Sacré-Cœur de Jésus, sujet de la quatrième encyclique du pape François
Publiée le 24 octobre, l’encyclique « Dilexit nos » (« Il nous a aimés ») synthétise les textes magistériels sur la dévotion au Sacré-Cœur à l’occasion du 350e anniversaire de la première manifestation du Sacré-Cœur de Jésus à Paray-le-Monial en 1673 (ouvertes le 27 décembre 2023, les célébrations s’achèveront le 27 juin 2025). Cette quatrième encyclique du pontificat porte en sous-titre : « Lettre encyclique sur l'amour humain et divin du Cœur de Jésus-Christ ».
Le 5 juin dernier, au début de ce mois dédié au Sacré-Cœur de Jésus, sur la place Saint-Pierre, le Saint-Père avait annoncé lui-même la publication à l’automne de cette encyclique. Il en avait alors révélé l’intention principale en souhaitant que ce texte aide à méditer sur les aspects « de l'amour du Seigneur qui peuvent éclairer le chemin du renouveau ecclésial ; mais aussi qu'il dise quelque chose de significatif à un monde qui semble avoir perdu son cœur ». Il avait aussi indiqué que ce document rassemble « les précieuses réflexions des textes magistériels précédents et une longue histoire qui remonte aux Saintes Écritures, afin de reproposer aujourd'hui, à toute l'Église, ce culte chargé de beauté spirituelle ».
Si elle remonte au début du Moyen Âge, cette dévotion s’est développée au XVIIe siècle. En 1765, le pape Clément XIII institue la fête du Sacré-Cœur. Mais le véritable essor de cette piété est venu des visions de la religieuse visitandine Marguerite-Marie Alacoque le 27 décembre 1673 et en juin 1675 : Jésus lui montre son Cœur, entouré d’épines. La religieuse raconte que Jésus, lui ayant pris son cœur, le lui rend « enflammé ». Avec son accompagnateur, le jésuite Claude la Colombière, la religieuse dédie tous ses efforts à la promotion de cette dévotion.
Historiquement, la dévotion au Cœur du Christ a répondu au jansénisme et au rationalisme qui ont fait le lit de l’athéisme et de l’anticléricalisme. En France, le symbole du Sacré-Cœur a pris également une connotation politique après avoir servi d’emblème aux Vendéens insurgés contre le nouveau pouvoir révolutionnaire.
En 1856, le pape Pie IX décide d'étendre la fête du Sacré-Cœur de Jésus à l'ensemble de l'Église. En 1864, le même pape béatifie Marguerite-Marie Alacoque. En 1899, le pape Léon XIII publie Annum Sacrum, encyclique entièrement dédiée à la dévotion au Sacré-Cœur, consacrant chaque être humain à celui-ci. Il développe également des prières à réciter après chaque messe, surnommées « léonines », qui seront entérinées par son successeur Pie X. Parmi elles, on compte le Cor Jesus Sacratissimus, une prière au Sacré-Cœur.
Cette dévotion a toutefois subi une crise au XXème siècle qui l’a jugée sentimentale et désuète en s’arrêtant aux styles dans lesquelles elle avait souvent été présentée. C’est pour combattre ces jugements superficiels et relancer le culte du Sacré-Cœur que le pape Pie XI publie l’encyclique « Miserentissimus Redemptor » en 1928 et l’année suivante, élève la fête du Sacré-Cœur au rang de solennité. Son successeur, Pie XII, publie en 1956 l’encyclique « Haurietis aquas in gaudio » (« Vous puiserez des eaux avec joie » aux sources du Sauveur) pour que les catholiques du XXème siècle comprennent la « grande utilité » de cette dévotion et se saisissent de cet « étendard du salut » pour le monde moderne. Un demi-siècle plus tard, dans une lettre pour le 50e anniversaire d’« Haurietis acquas », le pape Benoît XVI soulignait que « Le fondement de cette dévotion est aussi ancien que le christianisme lui-même. »
A son tour, le pape François témoigne d’une grande dévotion pour le Sacré-Cœur. Il la recommande aux prêtres. Dans l’homélie de la messe de clôture du Jubilé des prêtres et des séminaristes, le 3 juin 2016, jour de la Solennité du Cœur de Jésus, il les a exhortés à imiter le Bon Pasteur en dirigeant leur cœur vers les brebis perdues. Toujours au cours de ce Jubilé, le Pape a recommandé aux évêques et aux prêtres de relire l’encyclique « Haurietis aquas », car « Le Cœur du Christ est le centre de la miséricorde. C'est le propre de la miséricorde, qui se salit les mains, touche, veut s'impliquer avec l'autre […] s'engage avec une personne, avec sa blessure. »
(Sources : Vatican News 21/10/2024 ; La Croix 21/10/2024 et 05/06/2024)
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