Camille Costa de Beauregard : le « père des orphelins » bientôt béatifié à Chambéry
Alors que Chambéry subit les ravages du choléra en 1867, le jeune prêtre Camille Costa de Beauregard s’illustre par son engagement héroïque auprès des orphelins.
Camille Costa de Beauregard naît le 17 février 1841 à Chambéry, alors capitale du Royaume de Sardaigne. Fils de Pantaléon Costa de Beauregard et de Marthe de Veyrac, il grandit dans une famille noble, profondément enracinée dans la foi chrétienne. Son frère aîné, Charles-Albert Costa de Beauregard, deviendra une figure littéraire reconnue.
Après des études au lycée Saint-François-Xavier, Camille intègre en 1863 le Séminaire français de Rome. Formé dans l’esprit de l’Église universelle, il approfondit sa spiritualité et se prépare à une vie de service. Ordonné prêtre le 26 mai 1866, il refuse des postes prestigieux pour se consacrer à une mission pastorale auprès des plus humbles, suivant l’exemple de son saint patron, François de Sales.
De retour à Chambéry en 1867, Camille se distingue rapidement par son souci des plus démunis. Il crée une caisse d’entraide pour les ouvriers, sous le patronage de Saint François de Sales, mais c’est l’épidémie de choléra qui transforme son ministère. En août 1867, alors que Chambéry est frappée de plein fouet par la maladie, des familles entières sont décimées, laissant des dizaines d’enfants orphelins. Camille ouvre les portes de sa maison pour les accueillir.
Grâce au soutien du comte Ernest de Boigne, qui met à sa disposition un bâtiment à Buisson-Rond, Camille fonde en 1868 l’Orphelinat du Bocage. Ce lieu devient rapidement un refuge pour les orphelins et un centre d’éducation intégrale. Dès le mois d’avril 1868, dix garçons âgés de 6 à 13 ans y sont hébergés. À la fin de l’année, ils sont 21, puis leur nombre ne cesse de croître, atteignant jusqu’à 125 pensionnaires.
Un modèle éducatif et spirituel inspiré
L’Orphelinat du Bocage ne se limite pas à offrir un toit aux enfants. Camille fait appel aux Frères des Écoles chrétiennes pour encadrer les pensionnaires et leur transmettre une formation professionnelle, notamment en horticulture. L’objectif est de former des hommes solides, enracinés dans la foi et capables de subvenir à leurs besoins.
Parmi les premiers orphelins accueillis figure Victor Berthollier, ancien élève de Don Bosco à Turin. Ce jeune garçon, recueilli en avril 1868, incarne l’esprit de l’œuvre. Formé à l’horticulture, il deviendra chef de culture, puis prendra part à l’expansion des initiatives éducatives de Camille.
En parallèle, des travaux importants sont réalisés : construction d’une chapelle, surélévation du bâtiment et aménagement des jardins. Ces projets, financés par sa famille et par les Chartreux, témoignent de la foi et de la persévérance de Camille.
En novembre 1868, Monseigneur Billiet, archevêque de Chambéry, reconnaît son mérite en le nommant chanoine de la cathédrale. Pourtant, Camille porte cette distinction avec une humilité exemplaire, concentrant tous ses efforts sur l’Orphelinat du Bocage.
Jusqu’à sa mort le 25 mars 1910, Camille consacre chaque instant à l’éducation des orphelins et à leur bien-être spirituel. Après son décès, son neveu Ernest reprend l’œuvre et la confie en 1954 aux Salésiens de Don Bosco, qui perpétuent cet héritage.
En 1954, l’œuvre est confiée aux Salésiens de Don Bosco, dont la vocation éducative correspond parfaitement à l’esprit voulu par son fondateur. Sous leur impulsion, l’orphelinat s’est transformé en une institution moderne, répondant aux défis de la société tout en préservant son identité chrétienne.
Aujourd’hui, la Fondation Camille Costa de Beauregard poursuit cette mission en s’adaptant aux besoins contemporains. Elle accueille près de 200 élèves au Lycée Costa de Beauregard, un établissement qui conjugue excellence éducative et accompagnement personnalisé. En parallèle, elle soutient 200 jeunes dans le cadre de la protection de l’enfance, leur offrant un cadre stable et des perspectives d’avenir.
Au-delà de l’éducation, la Fondation s’investit dans des initiatives sociales pour répondre aux besoins des familles les plus vulnérables. Elle s’appuie sur un réseau de partenaires locaux et nationaux pour promouvoir des projets novateurs dans les secteurs de la formation professionnelle, de l’insertion sociale et de l’accompagnement éducatif.
Une reconnaissance croissante de sa sainteté
Le procès en béatification de Camille Costa de Beauregard est ouvert en 1926, en raison de sa réputation de sainteté et des nombreuses grâces attribuées à son intercession. En 1991, le pape Jean-Paul II le proclame vénérable. Le 14 mars 2024, le pape François signe le décret reconnaissant un miracle, ouvrant la voie à sa béatification, prévue le 17 mai 2025 à Chambéry.
L’œuvre de Camille Costa de Beauregard reste une source d’inspiration pour l’Église et pour tous ceux qui se consacrent aux plus vulnérables. Par son engagement, il a montré que la foi et la charité peuvent transformer des vies et bâtir des institutions durables. Alors que sa béatification approche, l’Église et les fidèles sont invités à redécouvrir la vie et l’exemple de ce prêtre savoyard, qui incarne l’amour inconditionnel de Dieu pour les plus faibles et les oubliés.
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