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Attention à la crédulité !

Détail du Triomphe de saint Thomas d'Aquin, peint par Francisco de Zurbarán en 1631, conservé à Séville. / © Francisco de Zurbarán , Public domain, via Wikimedia Commons.

Les religions du passé font sourire : les Égyptiens croyaient à des dieux à tête de faucon, les Aztèques à un serpent à plumes et les Indiens à Shiva et ses 1000 bras… Mais notre époque est aussi remplie de croyances irrationnelles, d’horoscopes, d’astrologues et de gourous. Entre les hommes politiques qui consultent toutes sortes de voyants et les Youtubeurs autoproclamés qui nous expliquent le Ciel et la Terre, toutes les croyances semblent mises au même niveau, comme si elles se valaient toutes.

« Dieu n’a pas besoin de preuves », titrait un livre récemment publié, mais l’homme, lui, en a vraiment besoin ! Penser le contraire, c’est faire l’éloge de la crédulité. L’auteur, ancien dominicain, ne craint pas d’être en contradiction avec ce que son ancien ordre et l’Église ont toujours soutenu. Car saint Thomas d’Aquin enseignait, au chapitre 6 de la première partie de la Somme contre les Gentils, qu’en « accomplissant de manière très visible » des oeuvres « très au-dessus des possibilités de la nature », en inspirant les prédictions que les prophètes ont faites « longtemps à l’avance » et en permettant d’innombrables « signes, miracles et prodiges », Dieu a donné les « preuves qui conviennent » pour témoigner de la vérité de la foi chrétienne. À l’inverse, comme les « fondateurs de secte » n’ont jamais « apporté de preuves surnaturelles » qui sont « les seules à témoigner comme il convient de l’inspiration divine », ceux qui accordent foi à leurs paroles « croient à la légère ».

En réalité, les raisons de croire au Christ sont très nombreuses, extrêmement variées et de nature bien différente. Quand Jésus change l’eau en vin, multiplie les pains et les poissons, ressuscite les morts ou chasse les démons, il estime que ces miracles devraient conduire à des prises de conscience (cf. Mt 11,20-24). La sublimité de sa parole également, puisque « jamais homme n’a parlé comme cet homme » (Jn 7,46), de même que l’expansion miraculeuse du christianisme, la permanence et la fécondité de l’Église et les témoignages des apôtres, des martyrs et des saints comme tous ces « signes, miracles et prodiges » (Mc 16,20) qui les accompagnent effectivement à travers les siècles.

Mais « la plus grande des preuves de Jésus-Christ sont les prophéties », écrit Blaise Pascal (Pensées 332, éditions Lafuma). Jésus lui-même insiste sur l’importance des Saintes Écritures qui lui « rendent témoignage » (Jn 5,39) de bien des manières : « Il faut que s’accomplisse tout ce qui est écrit de moi dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes » (Lc 24,44).

L’Avent est l’occasion de se rappeler ce moment jamais vu et unique au monde où tout le peuple d’Israël était « dans l’attente » (Lc 3,15) du Messie et où l’on interrogeait Jean-Baptiste : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11,3). Avec Marie, souvenons-nous « de la promesse faite à nos pères en faveur d’Abraham et de sa descendance à jamais » (Lc 1,55) et réjouissons-nous que de plus en plus de personnes découvrent aujourd'hui le Christ, des juifs messianiques qui relisent les prophéties d’Israël jusqu’aux films à succès d’Hollywood !

Olivier Bonnassies

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