50 ans après les Khmers rouges, une cathédrale renaît à Phnom Penh

Ancienne cathédrale de Phnom Penh, inaugurée en 1954, détruite par les Khmers rouges en 1975. / © Valleguidonensis, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons.

L’édifice, jaune clair, mêlant l’inspiration khmère et la tradition architecturale catholique, est encore partiellement engoncé dans ses échafaudages. Mais il sera inauguré dès cette année, probablement au mois de novembre, assure le prêtre cambodgien Paul Chatsirey, directeur national des Œuvres pontificales missionnaires. Il prévoit que les travaux seront finis dès juillet. Il assure que tout est mis en œuvre pour que l’inauguration ne soit pas repoussée, afin de marquer le cinquantième anniversaire de la destruction de la cathédrale de Phnom Penh par les Khmers rouges, en 1975.

« Cette cathédrale était le plus beau bâtiment de Phnom Penh, et ils n’en ont pas laissé pierre sur pierre », décrit Thierry de Roland Peel, historien et auteur de Ashes From Annam: A Mother's Tale. Ce bâtiment dynamité lors de la prise de la ville pouvait être comparé par sa taille et son aspect à la cathédrale de l’Almudena, à Madrid, en Espagne.

Les Khmers rouges détruisirent d’autres bâtiments, comme celui de la banque nationale, mais ils mirent un soin particulier à anéantir toute trace de la vaste cathédrale. Thierry de Roland Peel explique leur acharnement par un « niveau de haine difficile à comprendre », tout particulièrement à l’encontre de l’Église catholique.

Sur les quelque 100 000 catholiques que comptait le pays avant 1975, environ 40 000 ont été assassinés par les Khmers rouges. 35 d’entre eux sont considérés comme des martyrs. Ils ont été particulièrement visés, au sein de la population cambodgienne, qui a pourtant subit un massacre épouvantable. Entre un quart et un tiers de ses membres ont péris entre 1975 et 1979. Les 73 églises catholiques du pays ont été laissées à l’abandon ou détruites et la plupart des fidèles rescapés avaient trouvé refuge à l’étranger. Lors du synode des communautés chrétiennes de 1991, le pays ne comptait pas plus de 3 000 baptisés catholiques. Les émigrés n’ont commencé à revenir qu’à partir de 1992, en même temps que les casques bleus envoyés par les Nations unies. De nos jours, l’Église catholique cambodgienne compte approximativement 25 000 membres.

(Source : Ucanews 17/3/2025)