L'impératrice Zita : chercher la volonté de Dieu dans la tempête
Cela aurait pu être un conte de fées : il était une fois une petite princesse qui rencontra le futur empereur d’Autriche, et de ce mariage d’amour naquirent huit enfants. Mais une tempête déferla sur leur vie ; le couple connut la guerre, la révolution et l’exil… sans jamais quitter du regard la volonté de Dieu, comme un phare dans la nuit.

POUR LE CIEL
Née le 9 mai 1892 dans un palais de Toscane, en Italie, dans la famille royale de Bourbon-Parme, Zita découvre la foi chrétienne en famille avec le souci des pauvres et des malheureux, puis au pensionnat où elle reçoit une solide éducation et une riche spiritualité. À seize ans, lors d’un séjour chez une cousine en Bohême (actuellement l’une des composantes de la Tchéquie), elle fait la connaissance de l’archiduc Charles de Habsbourg-Lorraine, officier dans l’armée d’Autriche-Hongrie et successeur potentiel de l’empereur François-Joseph. Ils font ensemble de longues promenades à cheval. Zita apprécie la foi profonde du jeune homme. Elle apprend qu’un jour, gravement blessé par l’imprudence d’un camarade jaloux, Charles ne l’a pas dénoncé.
Un an plus tard, Charles demande à Zita si elle veut devenir sa femme.
« En acceptant de m’épouser, lui dit-il, vous devez également être prête à devenir impératrice d’Autriche et reine de Hongrie.
— Je vous aime et la joie d’être votre femme me suffit, répond Zita. Mais si c’est la volonté de Dieu que je devienne un jour impératrice à vos côtés, Charles, je l’accepte. »
Charles et Zita se marient le 21 octobre 1911 et placent leur mariage sous le regard de Dieu. « Maintenant, affirme Charles à sa jeune épouse, nous devons nous entraider pour aller au Ciel. »
L’Eucharistie qu’ils reçoivent chaque jour est leur force et leur joie.
DANS LA TEMPÊTE
Trois ans plus tard, la Première Guerre mondiale éclate en Europe. Le 21 novembre 1916, François-Joseph meurt et Charles devient le souverain de cet immense Empire. Alors que la guerre fait rage, le couple ne reste pas à l’abri dans le palais : Charles est aux côtés de ses soldats et Zita vient au secours des pauvres, des orphelins et des blessés. Le couple impérial met en place un véritable programme social, l’un des premiers d’Europe : amélioration du système d’assurance-maladie, protection des locataires, création d’un ministère de la Santé et de l’Assistance sociale. Si Charles fait voter les lois, Zita est sur le terrain pour se rendre compte par elle-même des besoins de la population. Partout où elle entre, elle apporte avec elle la présence de Jésus.
Charles essaie d’obtenir la fin de la guerre, mais il échoue. En novembre 1918, c’est la défaite militaire et la révolution : Charles est chassé du trône. Pour éviter une guerre civile, il accepte de quitter le pays avec Zita et leurs sept enfants. À bord d’un navire anglais, ils passent de longues semaines en mer, car aucun pays ne peut les accueillir. Leur plus grande joie est de recevoir enfin un prêtre à bord et de recevoir l’Eucharistie.
DE LA SOUFFRANCE À LA RÉSURRECTION
La famille impériale est assignée à résidence sur l’île de Madère mais, sans revenus, ils souffrent de la faim et du froid. Charles tombe gravement malade et retarde la venue des médecins pour éviter une dépense qui priverait ses enfants de leurs maigres ressources. Quand les médecins se rendent à son chevet, il est trop tard. « Je pardonne à tous ceux qui oeuvrent contre moi, dit-il. Je continuerai à prier et à souffrir pour eux. »
Zita, enceinte de leur huitième enfant, ne quitte pas son mari, dormant à peine, priant sans cesse. « Nous traversons maintenant la souffrance, dit-elle, mais bientôt viendra la résurrection. »
Le 1er avril, très faible, Charles demande à Jésus de protéger ses sept enfants et le bébé qui va naître puis, en prononçant le nom de Jésus, il meurt dans les bras de son épouse bien-aimée. Zita ne peut retenir un cri : « Charles, que vais-je faire toute seule ?
Elle se reprend aussitôt :
— Seigneur, que votre volonté soit faite !
Elle écrira plus tard :
— L’Empereur est heureux au Ciel, auprès du Bon Dieu qu’il a tant aimé sur cette terre et de la main duquel il avait toujours accepté avec égale reconnaissance les joies et les douleurs. »
UNE NOUVELLE GUERRE
Charles est enterré à Madère où il repose aujourd’hui. Après sa mort, Zita et ses enfants s’installent en Espagne où elle donne naissance à une petite fille. Elle élève seule ses huit enfants : « Les enfants et moi avons supplié le Coeur sacré de Jésus d’être plus encore, si possible, le chef de la famille ! »
Zita s’est mariée à dix-neuf ans, elle a vécu dix ans avec Charles ; elle va désormais passer soixante-sept ans sans lui. Vêtue de noir, elle restera fidèle à son défunt mari qu’elle retrouve tous les jours dans la prière.
Lorsque ses enfants commencent à quitter la maison pour étudier et se marier, Zita s’installe à Bruxelles, en Belgique. Sa situation financière est meilleure, mais elle continue à vivre dans la simplicité. Un jour, un journaliste est invité pour un repas ; il avouera s’être étonné des pommes de terre, des sardines et du fromage qu’on lui sert.
En mars 1938, l’Allemagne de Hitler envahit l’Autriche ; bientôt, c’est le commencement de la Seconde Guerre mondiale. Zita se donne une nouvelle mission : récolter des dons pour secourir les populations d’Europe les plus touchées par la guerre. « Je crois à la victoire de la liberté et de la chrétienté sur le totalitarisme barbare », déclare-t-elle à des journalistes américains. Quand Hitler est vaincu, Zita parvient à sauver son pays : elle explique aux Alliés que l’Autriche, dans cette guerre, n’était pas une complice de l’Allemagne, mais une victime, comme la France et la Belgique.
UNE VIE TOUTE SIMPLE
En 1948, elle reçoit une lettre : un procès est ouvert en vue de la béatification de Charles. Zita est très émue à l’idée que son époux soit donné pour modèle par l’Église : « Des milliers de personnes, non seulement en Autriche, mais sur toute la terre, ne parlent pas autrement de lui que comme un saint du Ciel. » Zita accepte de répondre au questionnaire qui lui est envoyé : 160 questions sur sa vie avec Charles, son mariage, leur vie quotidienne, leur vie de prière.
Installée vers la fin de sa vie en Suisse, dans une maison de retraite tenue par des religieuses, Zita mène une vie simple qui commence par la messe et se termine par la récitation du chapelet. Cela ne l’empêche pas de voyager dans toute l’Europe pour rendre visite à ses enfants. Sa santé décline, mais elle ne craint pas la mort : « Si le Bon Dieu vient me chercher, je serai de nouveau avec Charles ! »
Le 9 mai 1982, elle fête ses 90 ans, entourée de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants. Le gouvernement autrichien lui offre alors un beau cadeau : le droit de revenir en Autriche, où elle est accueillie par le peuple avec autant de ferveur que d’affection. Quelle joie pleine d’émotion d’assister à la messe dans la cathédrale de Vienne où elle s’est mariée !
Le 14 mars 1989, à l’âge de 96 ans, Zita s’endort paisiblement dans la mort. Elle repose dans la crypte des Capucins, à Vienne, auprès des ancêtres de Charles.
LE SECRET DE ZITA
Cette femme au destin extraordinaire était attachée à l’abbaye Sainte-Cécile de Solesmes, dans la Sarthe, où elle se rendait très souvent pour des séjours qui la ressourçaient. « Toute la vie de Zita est une progression dans l’offrande d’elle-même au Père céleste », témoigne l’une des religieuses. Elle pensa même entrer au couvent, puisque ses enfants étaient grands. Mais ils s’y opposèrent en lui expliquant : « Nous avons encore besoin de notre mère ! Seule, elle possède toutes les pensées, toutes les traditions de la famille impériale. Elle est le phare qui nous guide tous, sa tâche n’est pas terminée. Elle tient près de nous non seulement sa place de mère, mais celle de papa. » Charles a été proclamé bienheureux en 2004 par le pape Jean-Paul II pour ses efforts au service de la paix ; il est fêté à la date de leur mariage, le 21 octobre.
Le procès en béatification de Zita s’est ouvert en 2009 et sa cause est soutenue par la dynamique Association pour la béatification de l’impératrice Zita (associationimperatricezita.com). Par sa joie et sa sainteté, elle nous invite tous à chercher la volonté de Dieu dans chaque événement de notre vie.
Odile Haumonté, écrivain, journaliste, auteur de Zita, l’impératrice soleil et L’impératrice Zita – Du conte de fées à l’Évangile, Téqui, 2018.
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