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Ukraine : la peur du silence

© CC0, Murphy Karen USFWS, pixnio.

Le bourdonnement des drones est tellement constant que les habitants de la zone de guerre s’inquiètent surtout lorsqu’ils ne l’entendent plus. « Le plus grand danger pour nous est le silence. Lorsqu’il y a un silence, nous ne savons pas ce qui va se passer », témoigne Mgr Pavlo Honcharuk, évêque catholique latin de Kharkiv.

Son diocèse est situé en plein dans ligne de front qui divise l’Ukraine. L’évêque y décrit une vie quotidienne marquée par la tension permanente. Chacun des membres de son diocèse est conscient que des armes de destructrices se croisent au-dessus de sa tête. « Les pires sont les drones à fibre optique. Ils ont une portée de 50 km et ils tirent sur tout ce qui bouge et qui vit », raconte-t-il. Dans ces conditions, le prélât parle de « survie » plutôt que d’une vie à proprement parler. Il doit gérer l’urgence, au jour le jour, sans pouvoir faire de projet. « Parfois, quand nous rencontrons quelqu’un, nous demandons : “Comment vas-tu ?”. Et la réponse est simplement : “Je suis encore en vie”. Et c’est déjà bien. »

Alors que des centaines de milliers de ses compatriotes sont déjà morts pendant ce conflit, le prélat se préoccupe de la santé mentale de ceux qui survivent. À ses yeux, cela n’a rien d’un luxe, il s’agit au contraire d’une priorité : « Nous avons des aumôniers militaires qui travaillent avec les soldats et qui constatent que, lorsque ceux-ci reviennent auprès de leurs familles, ils sont complètement changés et cela affecte également le reste de la famille. » Les traumatismes de ceux qui combattent sur le front, ceux qui ont tout perdu dans les bombardements ou de ceux qui ont connu la captivité, demandent tous une écoute et un suivi psychologique. À l’image des drones qui font encore plus peur quand on ne les entend plus, les personnes qui ne parlent pas de leurs blessures sont celles qui sont les plus susceptibles de vivre un traumatisme intense pour elles-mêmes et pour leurs proches.

C’est la raison pour laquelle l’évêque, ainsi que les autres prêtres et religieuses, reçoivent une formation psychologique permanente. Convaincu que les Ukrainiens ont besoin de soins pour leurs âmes, l’évêque y accorde autant d’importance qu’à la cruciale question de l’alimentation électrique. L’armée russe cible souvent les réseaux électriques, en particulier en hiver, afin de faire craquer la population, qui dépend de cette énergie pour se chauffer. Il rappelle que la guerre continue, et que lui et les siens ne pourraient pas vivre sans l’aide internationale. En particulier ses générateurs financés par des associations caritatives leur permettent de ne pas mourir de froid.

(Source : Aide à l’Église en détresse 4/11/2025)

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