Onfray mieux de se taire ! Libre réponse à Michel Onfray
Philosophe, théologien et apologète, Matthieu Lavagna est l’auteur de plusieurs livres dont NON, le Christ n’est pas un mythe - Libre réponse à… Michel Onfray publié le mois dernier aux éditions Artège. Dans cet ouvrage très documenté, il démonte une par une les affirmations mensongères de Michel Onfray.
Comment vous est venu ce désir de répondre à Michel Onfray ?
J’avais déjà lu son Traité d’athéologie sorti en 2005, et j’ai vu récemment (2023) qu’il avait publié deux livres, Anima et Théorie de Jésus, dans lesquels il réitérait les mêmes thèses qu’il y a 20 ans. Je me suis dit alors qu’on ne pouvait pas continuer à le laisser raconter de telles inepties aux Français. Mon livre de réfutation reprend l’ensemble de ses travaux sur le christianisme.
Il n’est pas le premier ni le seul à attaquer la foi… Jean-Christian Petitfils cite d’ailleurs d’autres « mythistes » dans la préface de votre livre.
Même si quelques personnes ont prétendu au XVIIIe siècle que l’existence historique était un mythe (Dupuis, Volney et d’autres), il faut savoir que c’est une thèse qui a totalement été abandonnée aujourd’hui chez les universitaires spécialistes de la question (à l’instar du géocentrisme en astronomie). Michel Onfray est quasiment le seul à défendre cette thèse aujourd’hui en France : lui faire une réponse bien sourcée est l’occasion de divulguer au grand public les avancées récentes sur la fiabilité historique du Nouveau Testament.
Quelles sont les sources qui vous ont permis de répondre à tous les points évoqués par Michel Onfray, que ce soit au niveau archéologique, historique et théologique ?
Les sources que j’utilise proviennent principalement des travaux des historiens spécialisés dans les divers sujets abordés, y compris des historiens athées comme Bart Ehrman. Contrairement à Michel Onfray, je cite mes sources et les références historiques pour que le lecteur puisse vérifier chaque affirmation : c’est le propre de l’honnêteté intellectuelle.
Vous dites qu’il faudrait un livre de 800 pages pour répondre à toutes les erreurs de Michel Onfray. Qu’est-ce qui vous gêne le plus parmi ses nombreuses affirmations mensongères ?
Ce qui m’a le plus choqué, ce sont sans doute ses nombreuses attaques à l’égard de l’Église, notamment ses calomnies sur le Vatican qui aurait soi-disant « collaboré activement » à la Shoah. Michel Onfray affirme même que Pie XII était pro-nazi et Hitler catholique, au même titre que saint Jean et saint Bernard de Clairvaux. Il soutient aussi que Jean-Paul II aurait largement incité au massacre entre les Hutus et les Tutsis lors du génocide du Rwanda, tout cela sans citer aucune source évidemment ! On est dans la désinformation historique pure et simple. Le plus dangereux, c’est l’accumulation d’erreurs dans de nombreux domaines différents et la quantité énorme de mensonges qu’il est capable d’émettre sur tous ces sujets, sans aucun fondement historique.
N’avez-vous pas peur de lui faire ainsi de la publicité ?
Non, car je le cite explicitement à de nombreuses reprises, de sorte que personne ne peut me reprocher de mal présenter ses positions. Ainsi, en lisant mon livre, les lecteurs auront en quelque sorte déjà accès au texte original d’Onfray.
En quoi serait-ce si grave qu’il n’existe qu’un « Jésus de papier » plutôt qu’un « Jésus historique », dans la mesure où les apôtres ont transmis un beau message à travers l’Évangile ?
Ce serait grave, car le message central de l’Évangile est précisément que Jésus est mort et ressuscité pour nous sauver de nos péchés. Si le Christ n’a pas existé, alors la foi chrétienne est fausse et on peut la mettre aux oubliettes ! On ne fonde pas une espérance sur un personnage inexistant. Les belles valeurs transmises par les Évangiles ne suffiront pas à nous forger l’espérance métaphysique de la vie éternelle.
Que nous apportent les preuves de l’existence de Jésus présentes dans votre livre puisque, en définitive, seule compte la rencontre avec Jésus vivant dans notre coeur ?
Les preuves de l’existence de Jésus et de la fiabilité des Évangiles ne donnent pas la foi en tant que telle, mais elles permettent d’avancer des arguments à ceux qui seraient prêts à adhérer à la foi chrétienne si elle était vraie. Autrement dit, montrer la fiabilité historique du Nouveau Testament permet de donner des raisons rationnelles de croire que ce n’est pas une fable montée de toutes pièces. Cela peut rendre la foi plus facilement accessible chez ceux qui ne l’ont pas déjà et aider les croyants en période de doute.
Michel Onfray participe à des émissions grand public à très fortes audiences. Comment peut-il lancer impunément tous ces mensonges sans être inquiété ni contredit ?
Tout simplement parce que nombreux sont ceux qui l’invitent en ignorant tout des sujets abordés. Après tout, c’est normal, ce n’est pas leur domaine de formation. Cette ignorance en matière historique chez nos contemporains permet donc à Michel Onfray d’affirmer littéralement n’importe quoi sur un plateau télé (comme chez Laurent Ruquier) sans être repris. Les journalistes l’écoutent attentivement sans se rendre compte qu’ils sont face à un affabulateur de première classe !
Pour conclure, votre livre a beaucoup d’humour. Finalement, mieux vaut-il en rire ?
Cela dépend de quelle humeur on est ! Si certains préfèrent en rire, grand bien leur fasse. Pour ma part, cela m’attriste un peu, car c’est la preuve que la désinformation se répand très facilement en France. Le simple fait que Michel Onfray puisse affirmer à la radio que les musulmans sont d’accord avec lui sur l’inexistence de Jésus, sans être repris, en dit long sur l’inculture de masse et des journalistes qui l’invitent. Toute personne ayant un minimum de culture religieuse sait très bien que l’islam enseigne que Jésus a existé en tant que prophète. Même si on peut trouver tout cela amusant, cela peut aussi être désespérant si on décide de laisser faire, ce à quoi je m’oppose.
Qu’aimeriez-vous ajouter ?
J’ai proposé un débat à Michel Onfray. Je lui ai envoyé un message cordial pour l’informer que j’avais écrit un livre en réponse à ses travaux sur le christianisme et que je serais prêt à débattre, avec un modérateur. Il m’a répondu : « Monsieur, je n’ai aucune bonne raison de vous offrir ce plaisir-là. » Je tiens donc à faire savoir au grand public qu’il a refusé ce débat. Pour quelles raisons ? Je vous laisse les imaginer…
« Le travail de Matthieu Lavagna est clair, méthodique, exhaustif, convaincant. Il lui a fallu beaucoup de patience pour récuser une à une les accusations outrancières, caricaturales, falsificatrices, parfois délirantes, de Michel Onfray. » (Préface de Jean-Christian Petitfils)
Propos recueillis par Odile Haumonté
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