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Le document final du Synode sur la synodalité, « guide pour la mission des Églises »

Assemblée plénière du synode / © DR Vatican Media

Le Synode sur la synodalité s’est achevé le samedi 26 octobre après trois ans de consultations et d’échanges à l'échelon local, continental puis romain (356 évêques et laïcs, hommes et femmes, réunis au cours de deux sessions romaines d’octobre 2023 et d’octobre 2024). Fait exceptionnel et symbole marquant : ce synode ne sera pas conclu par une exhortation apostolique du Pape. Une règle bien établie dans l’Église attribue en effet au Souverain pontife la prérogative d’écrire en quelque sorte le mode d’emploi d’un synode des évêques dans une « exhortation apostolique » qui en fixe les orientations pour tous les fidèles de l’Église catholique après avoir éventuellement ôté l’ivraie du bon grain. Mais François lui-même a annoncé dans son discours de clôture qu’il approuvait le texte final (un document d’une cinquantaine de pages), en expliquant qu’avec ce résumé synthétique, « il est possible de cheminer ensemble dans la diversité » parce qu’il « contient déjà des indications très concrètes qui peuvent servir de guide pour la mission des Églises, sur les différents continents, dans des contextes différents […], c'est pourquoi je le mets immédiatement à la disposition de tous ». Notons la formule « peuvent servir » : les orientations données par ce synode sont pastorales et non normatives.

A présent, a ajouté le Pape, il faut « que les paroles partagées soient accompagnées d'actes ». Il a invité les membres du synode à « rendre accessible » le document final à tout le Peuple de Dieu, en soulignant à leur intention que « le texte, sans le témoignage de votre expérience, perdrait beaucoup de sa valeur. » Cependant, a-t-il averti, « nous ne devons pas nous comporter comme des “dispensateurs de la Grâce” qui s'approprient le trésor en liant les mains du Dieu miséricordieux. » D’autant que sur certains points, a-t-il indiqué, il faudra du temps et de la prière « pour arriver à des choix qui impliquent toute l'Église ».

Concrètement, ce synode propose une décentralisation des décisions ecclésiales et donne plus de responsabilités aux laïcs invités à participer aux conseils paroissiaux, diocésains et économiques. Il ouvre la porte à la célébration par des laïcs de certains sacrements et rituels, tels les baptêmes ou les mariages, comme c'est déjà le cas pour les funérailles sans messe. L’homélie reste réservée aux clercs, prêtres ou diacres. Ces derniers sont toujours des hommes, la question d’ouvrir le diaconat aux femmes ayant, certes, été approuvée par les deux tiers des votants, mais rencontré la plus forte opposition (237 votes pour et 97 contre). Cette question avait d’ailleurs été retirée - en vain - de l'ordre du jour synodal par le pape François qui l’avait confiée à un groupe d’experts. En revanche, la participation de femmes à la formation dans les séminaires et au discernement des candidats au sacerdoce reste non seulement acquise mais fortement encouragée par le synode. 

Pour faire mieux comprendre l’esprit dans lequel il souhaite que soient accueillis et mis en œuvre  les travaux de ce synode, le pape François a cité l’essayiste et poétesse française Madeleine Delbrêl (1904-1964), qu’il qualifie de « mystique des périphéries » (allusion à son apostolat en banlieue « rouge » parisienne) : « Faites-nous vivre notre vie, non comme un jeu d'échecs où tout est calculé, non comme un match où tout est difficile, non comme un théorème qui nous casse la tête, mais comme une fête sans fin où votre rencontre se renouvelle, comme un bal, comme une danse, entre les bras de votre grâce, dans la musique universelle de l'amour. »

Quant à sa mission en tant que successeur de Pierre, chef de l’Église, François souligne qu’elle est « de préserver et de promouvoir - comme nous l'enseigne saint Basile - l'harmonie que l'Esprit continue de répandre dans l'Église de Dieu, dans les relations entre les Églises ». Notons que le pape François a choisi le lendemain de la clôture du synode pour exposer à l’autel de la confession de la basilique vaticane (du dimanche 27 octobre au 8 décembre prochain) l’antique chaire de Saint Pierre (« Cathedra Sancti Petri Apostoli »), symbole de sa primauté apostolique, un trône en bois qui vient d’être restauré.

(Sources : Vatican News, 26/10/2024 ; La Croix ; Le Figaro, 27/10/2024 ; Zenit, 29/10/2024)

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