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Indonésie : ce que cache la lutte contre « l’islamophobie »

Grande Mosquée Baiturrahman, Banda Aceh, Indonésie. / © Nabil Berri, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Le maire de Bengkulu, sur l’île de Sumatra a annoncé que tous les élèves devront désormais connaître certains extraits du Coran pour pouvoir accéder à l’école. Cette déclaration, intervenue le 13 mars 2025, s’inscrit dans un faisceau d’indices concordants d’une poussée islamiste dans la société indonésienne.

Elle s’explique en grande partie par l’action d’organisations musulmanes comme Renaissance des Oulémas, qui revendique ouvertement de favoriser l’islamisation de la société. Ces organisations influencent l’appareil législatif du pays, imposant des lois de plus en plus drastiques. Une réunion organisée à l’occasion de la Journée internationale de lutte contre l'islamophobie, le 15 mars, a permis de voir ce processus à l’œuvre. La rencontre s’intitulait : « L'islamophobie en Indonésie et la rédaction du projet de loi indonésien anti-islamophobie. » Elle se tenait au bâtiment du Conseil de propagation islamique (DDII), à Jakarta. Les participants n’étaient pas des élus, mais des représentants de grandes organisations comme le Mouvement national anti-islamophobie (GNAI) et le Conseil indonésien des organisations de masse islamiques (MOI).

Dans sa présentation, l’un des intervenants, le professeur Sudarnoto Abdul Hakim a dénoncé une situation indonésienne qu’il juge « préoccupante ». Selon lui, bien que la majorité (88 %) de la population indonésienne soit musulmane, l’islamophobie serait en hausse. Toutefois, tempère-t-il, « en Indonésie, elle n’est pas aussi dure et perverse qu'aux États-Unis et en Europe, qui insultent ouvertement l'islam, blessent et même tuent. »

L’orateur s’est indigné des tentatives de ceux qui « voudraient séparer la religion du politique », et de la présence, dans les manuels scolaires d’histoire, de textes qui « minimisent le rôle de l’islam dans la construction de la nation indonésienne ». Il s’est réjoui que la distribution de tels manuels ait pu être annulée, grâce à l’intervention de chefs religieux. Mais voulant prévenir de telles « atteintes à la religion », il a appelé de ses vœux le vote d’une loi contre « l’islamophobie ».

« Ce qu’ils appellent islamophobie, c’est tout ce qui entrave l’islamisation de la société », commente amèrement un chrétien Indonésien. Ces groupes islamiques, qui ne sont pas élus, pèsent de tout leur poids sur l’archipel pour pousser leur agenda. Ils s’attaquent tout particulièrement à la question de l’éducation. Pour qui connaît la société indonésienne, la question des manuels scolaires n’est pas nouvelle. C’est parce qu’il avait critiqué la partialité et la violence de l’un de ces manuels à l’encontre des minorités religieuses que le Youtubeur chrétien Muhammad Kacé a été torturé et emprisonné.

« Il est presque cocasse que ces islamistes osent se poser en victimes d’islamophobie. Si je ne connaissais pas tant de chrétiens emprisonnés, dans des conditions inhumaines, pour de simples propos jugés offensant pour l’islam, je crois que je pourrais en rire », conclut notre interlocuteur.

(Sources : Antaranews 13/03/2025, Suraislam 16/03/2025 et contacts personnels)

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