Holy Games : quand la religion gagne du terrain
Paris a accueilli les épreuves des Jeux olympiques. À cette occasion, l’Église catholique s’allie au sport pour faire vivre des Jeux saints et missionnaires, les Holy Games, dont le slogan est : « L’Évangile, c’est sport ! »
Dans la capitale, fanions et drapeaux se dressent à chaque coin de rue. Les athlètes de haut niveau remplacent petit à petit les touristes et leurs perches à selfie. Les lieux et les bâtiments historiques se dévoilent sous un angle différent : sportif et engagé. Dans le quartier de la Madeleine, une chapelle dédiée aux sportifs croyants s’est installée au sein de l’église depuis septembre dernier, dans laquelle un aumônier accueille les champions pour bénir baskets, raquettes et autres accessoires de sport.
Cette année, les Jeux olympiques apporteront une nouvelle flamme, celle de la foi, de l’espoir et de la fraternité, grâce au projet audacieux des Holy Games. Lancée par le diocèse de Paris et la Conférence des évêques de France, l’initiative veut faire briller l’Église à travers l’expérience olympique. Une idée qui trouve ses racines dans la vision du pape François, fervent défenseur des liens entre sport et spiritualité : « Le sport peut être un instrument de rencontre, de formation, de mission, de sanctification », a-t-il déclaré en juin 2018.
À VOS MARQUES, PRÊTS, FEU… PARTEZ !
Les Holy Games échauffent les sportifs sous le signe de la paix, les invitant depuis plusieurs semaines à se mobiliser pour des événements symboliques. Le 8 mai dernier, jour d’arrivée de la flamme olympique en France, le stade Pierre-de-Coubertin à Paris a accueilli par exemple une célébration oecuménique visant à bénir les Jeux. Cette journée a été marquée par des temps de louange, des témoignages de sportifs et un tournoi de futsal. En parallèle, d’autres événements ont rythmé les préparatifs de ces Jeux, comme la course « Paris Églises Tour » et le match de football de prestige opposant une équipe de prêtres et des personnalités du monde sportif.
En plus de l’accompagnement spirituel des sportifs, les Holy Games mettent l’accent sur les jeux paralympiques et la solidarité envers les personnes en situation de handicap à travers des expositions, des concerts et des visites patrimoniales dans les églises, notamment à la chapelle Notre-Dame-des-Sportifs à la Madeleine.
ANDREW RICHARD, 27 ANS, UN SPORTIF FERVENT
Chrétien, fils d’un entraîneur de boxe, Andrew suit les traces de son père dès l’âge de 5 ans. Passionné par les techniques de combat, il pratique la boxe thaï, le kick boxing, la boxe anglaise. Aujourd’hui, il est coach et boxeur.
Pratiqueriez-vous votre sport différemment si vous n’étiez pas croyant ?
Je pense qu’avec le sport, on peut trouver une certaine spiritualité : on doit être humble, se surpasser, être sage. Pour que tout fonctionne, il faut un mélange entre spiritualité et sport qui est une manière de se connecter à soi.
Voyez-vous une contradiction entre le combat et le message du Christ ?
Non, car quand des grands champions vont sur le ring, ils ne cherchent pas à se faire mal. C’est un échange. On montre nos techniques et ce que l’on peut faire. Même si l’on est blessé, on n’a pas de haine. On s’est dépensé, on s’est dépassé et c’est ce qui compte.
Priez-vous avant un combat ?
On a tous nos petits rituels avant un combat. Je me dis que, sur le ring, c’est entre moi et moi-même. Et je ne veux pas que Dieu choisisse qui doit gagner… Je me dis : « Que le meilleur gagne ! » Mais on prie toujours sans s’en rendre compte, pour sa santé ou celle de ses proches.
PASCAL GIRARD, 54 ANS, UN PRÊTRE EN COMPÉTITION
Surnommé le « Schwarzy de l’Église » , Pascal Girard, curé de la paroisse Sainte-Anne de Montjuzet depuis 2011, a remporté plusieurs fois le titre de champion de France de développé couché. Il est actuellement membre du comité de pilotage des Holy Games.
Comment avez-vous découvert la musculation ?
Je faisais du judo en compétition et, à partir de 16 ans, tous les compétiteurs faisaient deux séances de musculation par semaine pour être plus forts physiquement. C’est comme cela que j’ai découvert le développé couché où j’ai rapidement été performant. J’ai ainsi fait de la compétition de 1990 à 2018 (15 podiums nationaux dont 5 titres) et je continue à m’entraîner et à être en contact avec les athlètes via mon site international : www.benchpresschampion.com.
Quel est le lien entre le sport et la foi ?
J’ai été sensibilisé très tôt à cette question. Dans les années 1980, lorsque j’ai participé à plusieurs championnats de France de judo, il y avait des temps de prière et une messe. Plus tard, j’ai découvert les livres du père René Pichon, coureur à pied. Et après mon ordination presbytérale en 2000, j’ai animé chaque semaine une chronique sur le sport et la foi sur RCF63. J’ai souvent été questionné par d’autres athlètes sur la foi, et c’est en 2005 que j’ai créé le premier service diocésain de la pastorale du sport à Clermont, le réseau Église et Sport www.egliseetsport.fr.
Quelle est l’importance du sport dans l’évangélisation ?
La mission de tout chrétien est d’annoncer la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ. Il est donc normal que les chrétiens présents dans le monde du sport puissent être témoins de l’Évangile. Je note que de plus en plus de sportifs témoignent de leur foi et de l’importance de Dieu dans leur sport, mais aussi du désir d’être accompagnés dans leurs questionnements, de vivre des temps de rencontre et de partage.
Vous êtes en pleine préparation des JO 2024. Quels sont les projets en route ?
Nous soutenons activement les Holy Games dans leurs propositions et commençons déjà à évoquer les Jeux 2030. Nous réfléchissons aussi à organiser un congrès européen de la pastorale du sport en 2025 et nous travaillons avec l’université « la Catho » d’Angers pour essayer de mettre en place un diplôme universitaire d’aumônier du sport.
Octavie Pareeag
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