Une trêve pour Noël demandée en Indonésie

« Retirez immédiatement les forces militaires du district d’Oksop et cessez toute action qui pourrait engendrer de la peur et de l’insécurité à l’encontre des civils », enjoint Mgr Yanuarius Matopai You dans un communiqué publié le 16 décembre. L’évêque de Jayapura – nord-est de la Papouasie occidentale - espère que les autorités indonésiennes accorderont de la sorte une trêve à l’occasion de la période de Noëlà sa communauté.

Selon les informations rapportées par l’évêque, 401 Papous indonésiens du district d’Oksop ont fui leur domicile devant l’avancée de l’armée indonésienne. Parmi eux se trouvent 30 enfants et 115 femmes, certaines d’entre elles seraient enceintes. Ils craignent pour leur vie au cas où ils tenteraient de rejoindre leurs foyers pour la période de Noël. Les militaires indonésiens qui prétendent lutter contre les « séparatistes indonésiens » ont acquis dans les régions de Papouasie occidentale une terrible réputation. La population a pris l’habitude d’éviter au maximum le contact avec eux.

Le père Alexandro Rangga, directeur du Secretariat for Justice, Peace and Integrity of Creation of the Franciscans of Papua ajoute qu’outre le cas d’Oksop, de nombreux Papous risquent de passer Noël en exil. De fait, selon Human Rights Monitor, il y a plus de 83 000 déplacés internes dans toute la Papouasie occidentale, chassés de leurs terres par les expropriations. La province de Papouasie des hautes terres où ont lieu ces évènements contient d’importantes ressources naturelles, en particulier des mines d’or, des sources de gaz naturel, divers minéraux, du bois et de l’huile de palme.

Parallèlement à l’appel de Mgr You, le Groupe de prière de la Divine miséricorde de Papouasie lance un appel au jeûne et à la prière pour « soigner le pays papou ». Dévasté par l’exploitation de ses ressources naturelles par l’administration indonésienne, il est menacé par un nouveau plan gouvernemental baptisé Mega Food Estate Project. Il s’agit de défricher des terrains pour obtenir un million d’hectares de champs de riz et 600 hectares de plantations de sucre de canne, pour produire du bioéthanol. Le plan a commencé à être mis en œuvre au début de l’année 2024 sous la protection de 2 000 soldats indonésiens. Les protestations de la population locale, qui a organisé des barrages et des manifestations pacifiques, ne l’ont pas remis en cause.

(Sources : Ucanews, 16/12/2024 ; Mozaik Papua, 18/12/2024)