Les évêques du Soudan déchiré exhortent à rétablir la paix
Les évêques d’un pays déchiré par d’atroces conflits civils, ethniques et religieux, unissent leurs voix pour plaider en faveur de la paix : les membres de la Conférence épiscopale du Soudan et du Soudan du Sud étaient réunis du 12 au 19 novembre à Kit dans l'archidiocèse de Juba, au Soudan du Sud. Au centre de leurs travaux : la situation sociopolitique du Soudan divisé en deux pays, et les modalités pour trouver des solutions pacifiques aux conflits. Les évêques, « profondément préoccupés » déplorent que les deux parties de leur pays s’enfoncent dans la guerre, « sans aucune chance de paix en raison de l'absence de dialogue ». Après déjà des décennies de conflits divers au Nord et au Sud (entre 2003 et 2020, la deuxième guerre du Darfour, au Sud du Soudan, a fait 300 000 morts et 2,7 millions de déplacés), les combats en cours ont déjà fait 11 millions de déplacés et entre 20 000 et 150 000 victimes, selon les estimations, les civils étant délibérément visés. S’y ajoute le spectre de la famine : 26 millions de personnes – environ la moitié de la population - ont besoin d'aide alimentaire
Le Soudan proprement dit (musulman à 90 %) est ravagé par une guerre civile depuis près de deux ans. Les affrontements qui ont éclaté entre les forces armées du pays et les Forces de soutien rapide (FSR) en avril 2023, continuent de faire rage, notamment dans la capitale Khartoum. Un conflit sans merci oppose deux généraux : Abdel Fattah al-Burhan, le chef de l'armée régulière soudanaise, et Mohamed Hamdan Dagalo, commandant des Forces de soutien rapide (FSR), un groupe paramilitaire. Ils étaient auparavant alliés dans un gouvernement de transition, mis en place après la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019, mais ils se sont vite affrontés sur la transmission du pouvoir et sur la réintégration des unités paramilitaires dans l'armée nationale. Selon les évêques, « des milliers de Soudanais ont perdu la vie et des millions ont fui leur foyer pour se réfugier dans des États relativement pacifiques. » Mais certains d’entre eux se sont retrouvés au Soudan du Sud, lui-même plongé dans le chaos.
Le Soudan du Sud (chrétien à 60 %) a pris son indépendance en 2011. Depuis les affrontements n’y ont quasiment pas cessé. Ils opposent actuellement les partisans du président Salva Kiir et ceux du vice-président Riek Machar. Les différents accords de cessez-le-feu n’ayant pas été respectés, les élections générales qui devaient se dérouler au Soudan du Sud dans le courant de cette année 2024 ont été une fois de plus reportées (à décembre 2026... mais qui peut y croire ?) « Avec les reports récurrents des élections démocratiques au Soudan du Sud, l'espoir d'une paix durable s'estompe », préviennent les évêques. Soulignant que « les conséquences humanitaires sur les civils ont dépassé le stade de la tolérance », ils exhortent « le gouvernement et les groupes armés à respecter la vie et à protéger les civils et leurs biens », et le peuple soudanais à « apprendre à survivre ensemble, à rejeter la violence et à œuvrer pour la paix ». La guerre civile au Soudan du Sud a fait quatre millions de déplacés et près de 400 000 morts.
La population civile des deux parties du Soudan est victime de violences d’une ampleur « inacceptable » a dénoncé un émissaire des Nations Unis présent à Port-Soudan, le 25 novembre. Il a pointé en particulier une « épidémie de violences sexuelles » dont les femmes sont systématiquement victimes, des viols « généralisés ». Mais l’opinion internationale, mobilisée par la guerre en Ukraine, le conflit entre Israël et le Hamas, les tensions en Mer de Chine et la crise économique, n’est guère sensible au désastre soudanais.
(Sources : Vatican News 23/11/2024 et 25/11/2024 ; La Croix 22/08/2024)
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