Les dernières pierres vivantes de l’Église de Jérusalem

Église du Saint-Sépulcre / © CC0 Philippe-Alexandre Pierre, flickr

En Terre Sainte, Cisjordanie, Israël et bande de Gaza confondus, les chrétiens représentent moins de 2 % de la population. Palestiniens pour les uns, Israéliens pour les autres, ils partagent la même histoire commune et les mêmes difficultés. Ces minorités dépourvues de force politique ou militaire subissent les conflits qui agitent leurs territoires. Elles diminuent continuellement, confrontées à l’absence de perspectives et à la recrudescence d’actes malveillants de la part d’extrémistes juifs orthodoxes.

Le Rossing Center for Education and Dialogue basé à Jérusalem confirme cette tendance à l’aide d’une étude basée sur le nombre de cas de harcèlements. 111 cas ont été répertoriés en 2024 contre 89 en 2023, une grande partie concernaient des clercs, prêtres ou religieuses. Certains extrémistes s’en sont aussi pris à des églises, souillant des lieux sacrés ou interrompant des processions. Ces attaques poussent les chrétiens, en particulier les jeunes, à quitter le pays pour trouver un meilleur avenir ailleurs.

Mais le premier facteur d’exode pour cette population demeure le manque de perspectives professionnelles. L’exemple de la famille de Lyad illustre cette difficulté. Lyad est chef cuisinier à l’abbaye de la Dormition, à Jérusalem. Le déclin du tourisme l’a conduit à réduire son activité au point où il ne travaille plus que trois jours par semaine. En revanche, son épouse Samar, vient de retrouver un petit travail dans l’école catholique que fréquentent leurs trois enfants. Malgré leur pauvreté, ils mettent un point d’honneur à envoyer leurs enfants dans cette école privée, afin de leur assurer la meilleure éducation possible. Samar assure : « Nous sommes originaires de Terre Sainte et nous resterons ici. Nous suivons Jésus, nous sommes de bons croyants et nous voulons rester sur notre terre. Sans les chrétiens, il n’y a pas de vie ici. » Mais ses enfants, en particulier sa fille aînée, parle de partir à l’étranger, à son grand désespoir.

« Sans nous, les lieux Saints deviendraient des musées, nous sommes les pierres vivantes de l’Église de Jérusalem », aiment à souligner ces chrétiens. Ils craignent de voir le petit reste de la chrétienté de Terre sainte se déliter et espèrent le retour de touristes et de pèlerins qui se font rares depuis les attaques du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. Le retour de visiteurs étrangers n’est pas seulement une nécessité économique : il contraindrait les autorités israéliennes à assouplir les checkpoints et à faciliter les déplacements des locaux, dont beaucoup vivent dans des conditions quasi carcérales. Plus profondément, les pèlerins rappellent aux chrétiens locaux qu’ils ne sont pas isolés, mais appartiennent à une communauté fraternelle et universelle.

(Sources : Aide à l’Église en Détresse 1/4/2025 ; Ucanews 7/4/2025)

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