Les chrétiens de Syrie dans l’expectative
Dimanche 8 décembre, au terme d’une campagne éclair, une coalition de rebelles s’emparait de la capitale de la Syrie, Damas. Pour les chrétiens syriens, une nouvelle ère d’inquiétude s’est ouverte. Sous le régime de Bachar Al-Assad, les minorités religieuses vivaient très difficilement, en raison de l’état économique du pays et de la persistance du conflit, mais elles avaient le sentiment d’être protégées comme celles d’Irak sous le régime de Saddam Hussein. À présent, elles sont à la merci de groupes armés souvent inspirés par le djihadisme.
A Alep, une chrétienne orthodoxe s’inquiète de voir que les nouveaux maîtres du pays reçoivent le soutien de la Turquie et qu’ils imposent l’usage de la livre turque. Comme la majorité des chrétiens qui résident dans cette ville, elle descend de survivants du génocide arménien et assyrien. « On a été livrés exactement comme Jésus par un baiser silencieux. On ressent la même douleur...même déception et on craint avoir la même Passion... », déclare-t-elle. Elle rappelle qu’un véhicule rebelle a été filmé portant l’inscription : « Votre temps approche, servants de la Croix. »
Les hommes en armes qui imposent à présent leur loi sont les héritiers de l’association terroriste Al-Nosra, qui se montra redoutable pour les chrétiens. Mais ils semblent avoir reçu des consignes strictes. Ils ne se livrent pas aux exactions qui caractérisaient les membres de cette organisation par le passé. Peu après l’invasion d’Alep, les chrétiens ont célébré normalement leurs offices religieux, sans recevoir de menaces.
Le sort du pays demeure incertain et les chrétiens savent bien qu’ils constituent une population vulnérable. Ils s’inquiètent en particulier de l’ouverture des prisons. Elles ont permis de libérer des opposants au régime syrien, mais aussi des terroristes djihadistes et des prisonniers de droit commun. Dans le même temps, les polices locales ont été dissoutes, ce qui fait craindre un chaos généralisé.
Mgr. Jacques Mourad, archevêque syriaque catholique de Homs avertit qu’il ne faut pas prendre pour argent comptant toutes les annonces terrifiantes qui circulent sur les réseaux sociaux. Il ajoute, en faisait référence à des tirs qui ont visé son archevêché : « Il est exact que deux jeunes hommes ont tiré en direction de notre cathédrale, mais ils ont aussitôt été arrêtés. » Faisant référence au sac d’un cimetière chrétien, dont les images ont été partagées des milliers de fois, il ajoute que les croix et les statues avaient été détruites lors d’un bombardement et non par une action volontaire des militants anti-Assad.
Le pire incident répertorié à ce jour concerne le village orthodoxe d’al-Jamasliyye, dans la Vallée des chrétiens. Samaan Satme et Helena Khashouf, un couple chrétien, ont été assassinés à leur domicile. Selon la version officielle, il s’agirait d’un cambriolage qui aurait mal tourné, mais elle ne convainc pas les voisins du couple. Ils se souviennent que lors de l’invasion de Homs par les rebelles, en 2014, de tels incidents étaient monnaie courante.
(Sources : Asianews 19/12/2024)
Retour à l'accueil