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« Je suis un libre croyant »

© Didier van Cauwelaert

Dans son dernier livre, L’insolence des miracles, le spécialiste Didier van Cauwelaert décrypte une dizaine de miracles provocateurs. Les miracles se manifestent autour de nous, mais on préfère parfois regarder ailleurs par pure volonté rationaliste. Didier van Cauwelaert, écrivain à succès, les observe et les surveille à coeur ouvert. Dans son dernier livre, L’insolence des miracles, publié chez Plon, il nous ouvre les portes du monde invisible. Derrière ses mots subtils, avec une pointe d’humour, se cachent un message d’espoir et une réflexion profonde.

 

Peut-on croire aux miracles aujourd’hui ?

Didier van Cauwelaert : Rien n’oblige à croire. Mon travail relève davantage d’un travail de constat et d’examen, incitant les gens à réfléchir et à croire si tel est leur positionnement. Mais je pense qu’on ne peut pas réfuter ou passer sous silence tant de miracles et de phénomènes inexpliqués qui ont souvent un sens et des conséquences très importantes. Il s’en produit tellement que le nier ne serait ni rationnel ni raisonnable.

 

Pourquoi définissez-vous le miracle comme « insolent » ?

Didier van Cauwelaert : La définition de l’insolence est ce caractère de provocation, de défi que l’on attribue à ce qui fait exception, à ce qui s’écarte de l’ordre commun. L’insolent n’est pas poli, il bouscule, il remet en question les repères habituels et les certitudes. Que l’on soit croyant ou non, cela pose question, comme à Lourdes avec ses guérisons inexpliquées. Pourquoi untel va tout à coup avoir ce bouleversement dans son corps – que même la médecine ne comprend pas – alors qu’un autre aura la même foi, la même énergie, mais ne recevra rien ? Le cas d’Émile Zola est peut-être le comble de l’insolence. Il a consacré un livre où il dénonce cette exploitation de la souffrance humaine, effectuée par des prêtres cupides et des médecins complices. Il prend le train des pèlerins avec deux femmes mourantes de la tuberculose. Elles seront guéries sous ses yeux et deviendront les héroïnes d’un de ses romans. D’ailleurs, Zola va le reconnaître dans le registre du Bureau médical.

 

Vous recensez une dizaine de miracles dans votre livre. Comment les avez-vous sélectionnés ?

Didier van Cauwelaert : Le point commun est cette insolence du divin lorsque cela nous bouscule, comme une guérison inexpliquée ou un miracle qui s’opère. Cette insolence, c’est celle de Bruno Cornacchiola par exemple, cet extrémiste qui s’était juré d’assassiner le Pape et qui va se convertir brutalement à la suite d’une apparition de la Vierge Marie. Mon choix est vraiment guidé par ce caractère de provocation qui caractérise certains miracles. Ce livre est l’aboutissement de 30 ans de rencontres avec des scientifiques travaillant sur ces sujets, et de l’examen de nombreux cas, comme tous les dossiers médicaux de Lourdes dans lesquels je me suis plongé sur place. J’opère une veille constante et je fais ainsi des découvertes nouvelles.

 

Avez-vous vécu un miracle personnel ?

Didier van Cauwelaert : En toute modestie, j’ai peut-être contribué par ma prière à la disparition d’une maladie d’une personne proche. Je n’étais pas le seul à prier, mais il se peut que j’aie été un vecteur de l’intervention divine. Soyons modestes et heureux, réjouissons-nous du résultat. C’est ce qui compte.

 

Comment peut-on donner un sens au miracle ?

Didier van Cauwelaert : Il y a une foi, une énergie qui se greffent sur le miracle. C’est ça qui, sans doute, va être le déclencheur. « Celui qui croit en moi fera les choses que je fais, il en fera même de plus grandes » (Jn 14,12) : cette phrase de Jésus dans l’Évangile de Jean est clairement un appel à faire des miracles, du moins à croire à l’impossible, à le demander pour les autres. Ce sont ma raison et mon coeur qui me permettent d’essayer de comprendre ce phénomène.

 

Quelle réaction espérez-vous de la part de vos lecteurs à la lecture de votre ouvrage L’insolence des miracles ?

Didier van Cauwelaert : J’ai croisé des croyants comme des non-croyants. Ces derniers ne se sentaient pas battus en brèche. Je propose des explications qui sont assez proches de leur perception du rationalisme. C’est vraiment comme cela que je souhaite que le livre soit accueilli. Regarder les phénomènes en face, étudier toutes les explications possibles, sans ignorer ce qui dérange notre confort et nos certitudes.

Interview réalisée par Octavie Pareeag

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