Chili : non à la reconnaissance comme religion du « Temple de Satan »
Le 22 août, à Santiago, quatorze représentants des religions au Chili ont signé une déclaration répondant à une pétition déposée au ministère de la Justice et des Droits de l’Homme par le « Temple de Satan ». Cette organisation sataniste réclame d’être reconnue comme « religion ». L’archevêque de La Serena, Mgr René Rebolledo Salinas, président de la Conférence épiscopale du Chili, ainsi que des représentants des églises orthodoxes, anglicanes, évangéliques, pentecôtistes, et aussi des leaders juifs et musulmans, considèrent comme « inadmissible » que l’État reconnaisse comme « entité religieuse » la secte « Temple de Satan ».
L'article 19-6 de la Constitution politique chilienne garantit « la liberté de conscience, la manifestation de toutes les croyances et l'exercice libre de toute tous les cultes qui ne s’opposent pas à la morale, aux bonnes mœurs ou à l’ordre public. » La liberté a donc des limites. La déclaration rappelle que, conformément à notre nature humaine, « la foi religieuse est un élément inhérent à notre réalité anthropologique et elle tend toujours à rechercher la bonté et la vertu, que ce soit personnellement ou collectivement. » La cohabitation entre les hommes repose sur les principes fondamentaux de la recherche du « bien commun, de la charité sociale, de l'amour mutuel, de l'unité entre tous les êtres humains, […] qui font partie du fondement de notre manière de vivre en communauté organisée. » Et c’est Dieu qui en est la source et la finalité : « Dans la culture à laquelle nous appartenons, le bien, la bonté et la vertu sont en relation intime avec la bonté de Dieu, qui est le Bien suprême », rappellent les chefs religieux.
La reconnaissance comme entité religieuse d’une secte sataniste violerait donc l’article 19-6 de la Constitution. En effet, « L’histoire du satanisme est bien connue, et elle a toujours été marquée par des éléments perturbateurs des valeurs essentielles de la coexistence humaine et a souvent été la cause de tragédies pour les êtres humains. » L’expérience millénaire de l’homme a bien identifié le mode d’action de Satan : son « seul objectif est de séparer les hommes et les femmes de la relation avec Dieu et donc des biens moraux qui en découlent, instaurant la discorde et la division comme principes opératoires. » Les responsables religieux réaffirment avec force que le seul principe de la liberté de culte n’est pas suffisant pour admettre le satanisme au rang de « religion » car « le satanisme et ses diverses expressions impliquent nécessairement le culte du mal et la tentative de remplacer la Divinité. »
Un passage de la déclaration mérite d’être souligné : « L'autorité civile n'a pas la compétence pour donner une existence légale à une organisation à portée satanique, en la considérant comme une confession religieuse. » Il est rappelé qu’au-dessus des lois civiles se trouve la loi de Dieu, à laquelle tout doit être soumis et l’homme n’a pas la compétence pour définir le bien et le mal à sa guise. La justice des hommes ne peut donc accorder de « liberté religieuse » à la haine, ni au mal.
Le satanisme progresse dans les sociétés occidentales, avertit le père François-Marie Dermine (un dominicain de nationalité canadienne qui exerce son ministère en Italie comme exorciste du diocèse d’Ancône, professeur de théologie morale à la faculté de théologie d’Emilie-Romagne et président du Groupe de recherche et d’information socio-religieuse qui conseille l’épiscopat italien). Il déplore que trop de prêtres minimisent, voire nient, l’existence de Lucifer. Pourtant le diable agit de plus en plus à visage découvert. Au Texas, par exemple, une organisation sataniste qui lutte contre les lois pro-vie a fait de l’avortement un « rituel » pour ses membres. Le père Dermine encourage donc tous les catholiques à faire face à l'avancée du satanisme avec « la première arme » qui est la prière.
(Sources : Conférence épiscopale du Chili, aciprensa 22 août 2024)
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