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Saint Jean-Marie Vianney, un amoureux du Ciel

Le 31 mai 2025, nous fêterons les cent ans de la canonisation du saint Curé d’Ars (1786-1859). Comme nous l’explique Odile Haumonté, saint Jean-Marie Vianney touche encore par son amour pour la Vierge et son sens aigu du mystère de l’Eucharistie, mais aussi par ses difficultés scolaires et sa tentation du désespoir.

© CC0 flickr

Odile Haumonté, vous avez écrit récemment une biographie de saint Jean-Marie Vianney à destination des jeunes. Que retenez-vous de sa vie ?

Odile Haumonté : Né dans le contexte difficile de la Révolution française, Jean-Marie n’a pas connu de véritable vie paroissiale entre 1790 et 1802, car les Vianney ne fréquentent pas leur église tenue par un prêtre « jureur », c’est-à-dire assermenté au nouveau régime. En revanche, il apprend grâce à sa mère à aimer le Bon Dieu, Marie et les saints. Enfant déjà , il a une confiance inébranlable en la miséricorde de Dieu et aime particulièrement réciter le chapelet. Sa maman lui offre une statue de Marie qui ne le quitte pas : « La Sainte Vierge, c’est ma plus ancienne affection. Je l’ai aimée avant de la connaître. » Il joue à la messe avec les enfants du village , leur raconte des scènes de l’Évangile ou des épisodes de la vie des saints. Dans tout ce qu’il fait, ses pensées vont vers Dieu ; il aimerait que beaucoup autour de lui le connaissent et l’aiment autant que lui. C’est ainsi qu’il confie un jour à sa mère son désir d’être prêtre : « Je voudrais gagner beaucoup d’âmes au Bon Dieu. »

 

C’est alors que les difficultés commencent…

En effet ! Au séminaire, les cours sont en latin. En français, ses réponses de philosophie et de théologie sont claires et précises, mais il ne parvient pas à faire entrer les mots latins dans sa « pauvre tête ». Combien de jeunes aujourd’hui souffrent d’un enseignement qui n’est pas adapté à leurs capacités ! Renvoyé du séminaire, il parvient finalement, grâce à l’obstination affectueuse de son curé, à être ordonné prêtre en 1815. Il arrive à Ars-en-Dombes (aujourd’hui Ars-sur- Formans), un petit village de l’Ain de 230 habitants où « il n’y a pas beaucoup d’amour du Bon Dieu », comme le prévient son évêque… Et c’est vrai : à la messe, il n’y a que quelques vieilles femmes ! « Vous en mettrez », lui dit l’évêque confiant.

 

Comment fait-il pour devenir le saint Curé d’Ars que l’on connaît aujourd’hui ?

De tout son coeur, Jean-Marie se met à l’ouvrage. La nuit, il prie pour ses paroissiens ; le jour, il va leur rendre visite, il aide les pauvres, réconforte les malades, s’intéresse aux gens, à leur travail, à leur famille. Il leur montre un visage de Dieu qui les étonne et les attire : celui d’un Père plein d’attention, de patience et de miséricorde : « La miséricorde de Dieu est un torrent débordé, elle entraîne tout sur son passage », dit-il. Au début, ses sermons très (trop !) travaillés n’attirent personne. Mais quand il se met à parler avec son coeur parce qu’il n’a plus le temps de préparer des homélies compliquées, les personnes sont touchées ! Pour leur parler de l’Eucharistie et de la présence réelle du Christ dans l’hostie, il s’écrie avec émerveillement : « Il est là ! Il est là ! » Pour les attirer à la confession, il ne les menace pas, mais leur parle du bonheur d’avoir un coeur pur.

 

Une foi aussi forte et évidente que la sienne n’est-elle pas décourageante pour nous qui traversons des doutes et des épreuves ?

Personne mieux que Jean-Marie Vianney ne peut comprendre nos doutes et nos questionnements, car il a vécu ce que nous appelons aujourd’hui le « syndrome de l’imposteur » ! Au fur et à mesure que sa sainteté apparaît aux yeux de tous et que les foules (80 000 personnes en 1858 !) affluent à Ars pour le voir célébrer la messe et se confesser à lui, le pauvre curé est assailli par la « tentation du désespoir » qui l’afflige cruellement. Très souvent, il tente de s’enfuir ou supplie son évêque de lui permettre de partir loin des foules et de la notoriété. Plus il se considère comme un pauvre pécheur qui trompe son monde, plus les gens voient clairement sa sainteté et les fruits de sa vie offerte. Il dira un jour : « Mon Dieu, faites-moi la grâce de mourir en vous aimant et en sentant que je vous aime. »

 

Cent ans après sa canonisation, qu’a-t-il à nous dire ?

Jean-Marie Vianney répond de façon toute simple à nos questions existentielles. Par sa vie de prière qu’un de ses contemporains qualifiait de « tendre et affectueuse », coulant « naturellement de son coeur comme l’eau d’une source pleine », le Curé d’Ars nous dit que « le Bon Dieu nous a créés et mis au monde parce qu’il nous aime » et qu’il « veut notre bonheur ». Ce bonheur de croire en Dieu, il veut le partager, et il verse des larmes sur ceux qui ont le coeur endurci. Il imagine le Ciel comme un jour de fête sans fin : « Ô mes chers paroissiens, tâchons d’aller en Paradis ! Là, nous verrons Dieu. Que nous serons heureux ! Nous irons tous en procession et votre curé sera à votre tête ! » Vous le voyez, ses mots sont intemporels…

 

LE CURÉ D’ARS EN QUELQUES DATES :
  • 8 mai 1786 : Jean-Marie Vianney naît à Dardilly (69)
  • 13 août 1815 : il est ordonné prêtre
  • 11 février 1818 : il est nommé curé d’Ars
  • 4 août 1859 : il meurt de maladie à 73 ans
  • 31 mai 1925 : il est canonisé à Rome
  • 1929 : il est nommé « patron de tous les curés de l’Univers »
  • 4 août : fête du saint Curé d’Ars

 

POUR ALLER PLUS LOIN :

Saint Jean-Marie Vianney, curé d’Ars – Le chemin du Ciel
Odile Haumonté, coll. « Les Sentinelles », éditions Pierre Téqui, 11 €.

Neuvaine au saint Curé d’Ars
Père Frédéric Vollaud, ancien chapelain au sanctuaire d’Ars, éditions Marie de Nazareth, 5 €.
www.editions.mariedenazareth.com

L'article de notre newsletter : « Saint Jean-Marie Vianney, la gloire mondiale d'un petit curé de campagne ».

Propos recueillis par Marie-Ève Bourgois

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