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Même dans l'islam, Jésus est le plus grand

Dans le Coran, seul Jésus a bénéficié d’une naissance miraculeuse et d’une vie sans péché. Comment les musulmans

justifient-ils cette singularité surprenante ? Éléments de réponse.

Représentation de l’ascension du prophète Issa (Issa ibn Maryam, « Jésus, fils de Marie »), Zubdat al-Tawarikh, Seyyid Lokman, 1583, musée des Arts turcs et islamiques, Istanbul. © Luisa Ricciarini / Bridgeman Images.

Dans le Coran, Issa (Jésus) naquit de manière surnaturelle, par l’intervention de la Parole de Dieu dictée à la Très Sainte Vierge Marie. En effet, on peut lire : « [Marie] dit : "Comment pourrais-je avoir un fils, alors qu’aucun homme ne m’a [jamais] touchée et que je ne suis point une femme de moeurs légères ?" [Allah] dit : "Ainsi sera-t-il. Cela m’est facile, a dit ton Seigneur. Et Nous ferons de lui un signe pour les gens et une miséricorde émanant de Nous. C’est une affaire déjà décrétée" » (Sourate 19,16-21).

Le récit est de fait très similaire à celui qui nous est rapporté dans les Évangiles (Lc 1,34-35). Dans le livre saint de l’islam, Jésus est donc décrit comme étant un « signe émanant de Dieu ».

Le Coran valide également les miracles de Jésus et la présence en lui du Saint- Esprit : « Nous avons donné à Moïse l’Écriture et, après lui, nous avons envoyé d’autres messagers, et nous avons donné à Jésus, fils de Marie, de profonds miracles et l’avons soutenu avec le Saint-Esprit » (Sourate 2,87 ; mais également 5,110 ; 61,6).

On peut lire aussi que Jésus apporte la sagesse : « Et quand Jésus apporta les preuves, il dit : "Je suis venu à vous avec la sagesse et pour vous expliquer certains de vos sujets de désaccord" » (Sourate 43,63) ; et bien d’autres éléments disséminés dans les pages du Coran font de lui un grand prophète de l’islam.

 

JÉSUS EST LE SEUL HOMME PRÉSERVÉ DU PÉCHÉ

Il est par ailleurs fait mention des péchés de tous les prophètes. On nous parle d’Abraham et de son mensonge, de Moïse qui a tué un Égyptien, d’Adam qui a désobéi (Sourate 20,121) et de Jonas qui a refusé sa mission divine. Cela est mentionné dans le célèbre hadith (propos attribué à Mahomet – authentique, rapporté par al-Boukhari et Mouslim) dit de « la grande intercession » : les croyants se dirigent vers chaque grande personnalité des récits biblique et coranique, Adam, Noé, Abraham, Moïse et Jésus, mais chacune d’entre elles se défend de pouvoir intercéder pour eux en raison de ses fautes… à l’exception de Jésus ! Voyons ensemble :

Adam a dit : « Mon Seigneur s’est mis en ce jour dans une colère telle que jamais il n’en a connue de semblable et qu’il n’en connaîtra jamais plus de semblable. Il m’a autrefois interdit de manger de l’arbre et je lui ai désobéi. J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! Allez trouver quelqu’un d’autre ! Allez donc voir Noé ! »

Noé a dit : « Mon Seigneur s’est mis en ce jour dans une colère telle que jamais il n’en a connue de semblable et qu’il n’en connaîtra jamais plus de semblable. Or, j’avais invoqué la malédiction d’Allah contre ma communauté. J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! Allez trouver quelqu’un d’autre ! Allez trouver Abraham ! »

Abraham a dit : « Mon Seigneur s’est mis en ce jour dans une colère telle que jamais il n’en a connue de semblable et qu’il n’en connaîtra jamais plus de semblable. Or, dans le passé, j’ai proféré trois mensonges ! J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! Allez trouver quelqu’un d’autre ! Allez trouver Moïse ! »

Moïse a dit : « Mon Seigneur s’est mis en ce jour dans une colère telle que jamais il n’en a connue de semblable et qu’il n’en connaîtra jamais plus de semblable. J’ai tué un homme sans en avoir reçu l’ordre. J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! Allez trouver quelqu’un d’autre ! Allez trouver Jésus ! »

Jésus a dit : « Mon Seigneur s’est mis en ce jour dans une colère telle que jamais il n’en a connue de semblable et qu’il n’en connaîtra jamais plus de semblable. [Il ne fait état ici d’AUCUN péché qu’il aurait commis antérieurement.] J’ai assez à faire avec moi-même ! J’ai assez à faire avec moi-même ! Allez trouver quelqu’un d’autre ! Allez trouver Mohammed ! »

Chaque prophète cite explicitement son péché dans le Coran. Mahomet lui-même n’est pas exempt de péchés : « Sache donc qu’en vérité, il n’y a point de divinité à part Allah, et implore le pardon pour ton péché » (Sourate 58,19). Aucun péché n’est en revanche attribué à Jésus. Le Coran, censé être un « exposé détaillé de toute chose » (Sourate 12,111) ne donne jamais la raison ultime derrière la singularité écrasante du Christ. Pourquoi ? Aucun musulman ne pourra apporter la réponse à cette question… La solution est pourtant simple : Jésus est le seul être humain sur terre à n’avoir jamais péché, comme l’affirme le Nouveau Testament : « Vous le savez : ce n’est pas par des biens corruptibles, l’argent ou l’or, que vous avez été rachetés de la conduite superficielle héritée de vos pères ; mais c’est par un sang précieux, celui d’un agneau sans défaut et sans tache, le Christ » (1 P 1,18-19).

 

LA CRUCIFIXION DE JÉSUS EST UN FAIT HISTORIQUE

Si l’islam reconnaît la naissance miraculeuse de Jésus et sa vie unique sans péchés, les textes refusent encore d’admettre sa crucifixion : « Et à cause de leur parole : "Nous avons vraiment tué le Messie, Jésus, fils de Marie, le Messager d’Allah." Or, ils ne l’ont ni tué ni crucifié ; mais ce n’était qu’un faux-semblant ! Et ceux qui ont discuté sur son sujet sont vraiment dans l’incertitude : ils n’en ont aucune connaissance certaine, ils ne font que suivre des conjectures et ils ne l’ont certainement pas tué » (Sourate 4,157). Selon cette vision que personne n’a soutenue avant le VIIe siècle, Dieu aurait donc trompé sciemment les apôtres et les disciples ! Ceux-ci auraient cru, de bonne foi, qu’il s’agissait bien de Jésus sur la Croix, avant d’aller donner leur vie pour en témoigner faussement, sauf qu’en réalité, Jésus était en train de laisser quelqu’un d’autre mourir à sa place… sans jamais rien en révéler par la suite, même à ses plus proches amis ! Quelle théorie étrange et difficile à croire !

En réalité, la crucifixion deJésus est un fait historiqueattesté même par les plus grands opposants au christianisme, tel le célèbre Bart Ehrman qui affirme : « L’un des faits les plus certains de l’histoire est que Jésus a été crucifié sur ordre du préfet romain de Judée, Ponce Pilate » (The Historical Jesus, The Teaching Company, 2000, p. 162). Et la mort de Jésus sur la Croix n’est pas seulement une réalité historique, elle a également été prophétisée dans l’Ancien Testament : « Maltraité, il s’humilie, il n’ouvre pas la bouche : comme un agneau conduit à l’abattoir, comme une brebis muette devant les tondeurs, il n’ouvre pas la bouche. Arrêté, puis jugé, il a été supprimé. [...] S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira » (Is 53,6-10). Jésus crucifié est aussi ressuscité : tous les apôtres en ont témoigné au péril de leur vie (Mt 28,5-7).

 

UNE NAISSANCE MIRACULEUSEAVEC UN OBJECTIF PRÉCIS

Issa est considéré comme l’un des cinq plus grands prophètes de l’islam ; mais il n’est, selon le livre d’Allah, ni mort sur la Croix, ni ressuscité. Il n’est pas non plus Dieu fait chair et encore moins Fils de Dieu. L’islam dépouille le Christ de ce qu’il est véritablement. Deux questions se posent alors :

  1. Pourquoi naître miraculeusement d’une vierge, comme le reconnaît le Coran, alors que ce privilège n’est pas même accordé à Mahomet ?
  2. Comment Jésus a-t-il pu passer toute sa vie sans pécher, contrairement au grand prophète de l’islam ?

L’islam ne propose aucune explication ! Jésus est, comme nous le rapporte Pierre dans sa première lettre, « une pierre d’achoppement, un rocher sur lequel on trébuche ». Et de poursuivre : « Ils achoppent, ceux qui refusent d’obéir à la Parole, et c’est bien ce qui devait leur arriver » (1 P 2,8), comprenez, ils butent sur un obstacle !

Au contraire, les Évangiles rapportent que Jésus est la Parole de Dieu, le Verbe qui s’est fait chair (Jn 1,14) et qui devait être exempt de tout péché pour accomplir le plan de rédemption universelle. Dans l’Ancienne Alliance, les animaux offerts en sacrifice au Temple devaient impérativement être sans tache et sans défaut (Lv 22,20), ces sacrifices n’étant que « l’ombre des choses à venir » (Col 2,17), une préfiguration d’un sacrifice ultime et éternel : celui de Jésus, qui devait donc, lui aussi, être parfait. Adam, après sa chute, fera hériter à sa descendance du péché originel : nous sommes tous pécheurs et mortels, car nous sommes tous « fils d’Adam ». Jésus est né du Saint-Esprit, dans le sein d’une vierge immaculée (Lc 1,35), car il était nécessaire que sa venue sur terre fût exempte du péché originel.

Sa naissance est en effet intrinsèquement liée à sa Passion et à sa Résurrection. Jésus est né miraculeusement d’une vierge, comme le reconnaît bien le Coran, afin de demeurer sans péché, comme l’admet encore le Coran, pour permettre à l’humanité tout entière d’être sauvée par son sacrifice sur la Croix : « Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé » (Jn 3,16-17). Jésus est l’alpha et l’oméga, le commencement et la fin, le premier et le dernier (Ap 21,6). Fils unique du Dieu vivant, il s’est offert comme victime expiatoire par amour de l’humanité (Is 53). Toute son oeuvre nous prouve à quel point il nous aime, lui qui nous enseigne qu’« il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime » (Jn 15,13).

L’islam comprend une partie de l’histoire, mais l’essentiel lui échappe. Il nous appartient de saisir ce don du Christ sur la Croix et de le transmettre à nos frères musulmans. Car notre époque est une époque de défis : Dieu désire nous faire participer activement à son plan parfait. Il y a ceux qui, conscients de la tâche, se tiennent fermes et appliqués dans la foi, et ceux qui se laissent malheureusement gagner par l’ignorance ; ceux-là, Jésus désire que nous les rejoignions là où ils se trouvent. Notre foi est un trésor, un don né du sacrifice passionné du Christ sur la Croix. La racine même du mot « catholicisme » – du grec katholikos qui signifie « universel » – suffit à mettre en lumière notre responsabilité face à la foi, à sa défense et son exposition.

Notre Seigneur nous demande d’aller dans le monde entier et de faire des disciples : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde » (Mt 28,19-20).

Bruno Guillot

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