Une nouvelle génération d’imams arrive en Malaisie

© Shoaibaliraza, CC BY-SA 3.0, via Wikimedia Commons.

Officiellement, le gouvernement malais ne tolère aucune discussion dans le domaine public sur les « trois sujets en R », à savoir la race, la royauté et la religion. Dans les faits, les prédicateurs islamiques échappent à cette règle drastique dans un pays musulman à 60 %, où l’islam se fait progressivement plus strict et agressif à l’encontre des minorités religieuses.

Ces prédicateurs portent une large responsabilité dans l’évolution récente de la Malaisie. Des personnages comme Firdaus Wong Wai Hung suscitent l’enthousiasme des internautes avec leurs vidéos partagés par des millions de fidèles. Entre autres propos à l’encontre des minorités religieuses, il a donné à son auditoire un mode d’emploi pour convertir les enfants à l’islam. Il conseillait de cibler les non-musulmans dans les écoles. Il décrivait comment leur apprendre à prononcer la profession de foi islamique, puis conseillait de leur faire pratiquer leur nouvelle religion discrètement, à l’insu de leurs parents. Cette vidéo partagée sur Tiktok a suscité une vive controverse et des dépôts de plaintes de parents indignés. Les autorités malaises y ont répondu par un silence assourdissant.

D’autres prédicateurs ont fait l’objet de plaintes pour des propos haineux à l’égard d’autres religions. En 2022, une pétition réclamant la condamnation de quatre prédicateurs malais a été signée par les représentants de 62 organisations non-gouvernementales. Elle a été renouvelée par la suite, sans jamais recevoir de réponse.

La mode de ces prédicateurs islamiques s’explique en grande partie par le succès de l’un d’entre eux, Zakir Naik, dont les vidéos connaissent un succès international. Indien, il a été expulsé de son pays natal pour ses propos haineux à l’encontre des non-musulmans et pour avoir financé des groupes terroristes. Cette condamnation n’a pas tari ses succès d’audience. Dans l’une de ses conférences, il affirme que l’administration Bush a organisé les attentats du 11 septembre. Il ajoute d’une façon paradoxale que si ces attentats avaient effectivement été planifiés par Al-Qaïda, ils auraient été justifiés.

Prenant exemple sur leur maître, les prédicateurs multiplient les outrances et emportent des audiences étonnantes. Beaucoup d’entre eux finissent toutefois par être condamnés par la justice, non pour leurs propos mais en raison de leur comportement. Plusieurs ont été emprisonnés pour viol et autres crimes sexuels. Un autre a été condamné pour avoir divorcé de sa femme enceinte parce qu’elle refusait la polygamie. Ces faits ne dessillent pas leur auditoire, qui voudrait même voir l’influence des prédicateurs grandir, si l’on en croit une étude menée par le Pew Research Centre.

60 % des Malais sondés souhaitent que leurs prédicateurs parlent de politique et 50 % voudraient voir leur prédicateur-vedette s’engager en politique.

(Source : Ucanews 4/7/2024)